Voïvodat de Serbie et du banat de Tamiš

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Carte du voïvodat de Serbie et du banat de Tamiš

Le voïvodat de Serbie et du banat de Tamiš (en serbe : Војводство Србија и Тамишки Банат et Vojvodstvo Srbija i Tamiški Banat) était une province autonome au sein de l'empire d'Autriche. Elle a été formée en accord avec les privilèges accordés aux Serbes en 1690 par l'archiduc Léopold Ier. Elle a existé entre 1849 et 1860, avec comme siège l'actuelle ville roumaine de Timișoara. Cette ancienne province est aujourd'hui répartie entre la Serbie, la Roumanie, la Hongrie et la Croatie. L'actuelle province de Voïvodine, en Serbie, lui doit son nom.

Nom[modifier | modifier le code]

En allemand, le voïvodat est connu sous le nom de Die serbische Wojwodschaft und das temeser Banat ou de Woiwodschaft Serbien und Temescher Banat, en serbe sous le nom de Српска Војводовина и Тамишки Банат et, en alphabet latin, Srpska Vojvodovina i Tamiški Banat ou encore Војводство Србија и Тамишки Банат et Vojvodstvo Srbija i Tamiški Banat, en hongrois sous le nom de Szerb Vajdaság és Temesi Bánság et en roumain sous celui de Voivodina Sârbeascǎ și Banatul Timișoarei.

Histoire[modifier | modifier le code]

De 1683 à 1699, la grande guerre de Vienne opposa l'archiduché d'Autriche à l'Empire ottoman. En 1688, l'armée des Habsbourg s'empara de Belgrade et pénétra dans l'actuel territoire de la Serbie centrale alors contrôlée par les Turcs. Louis-Guillaume Ier de Bade fit appel au patriarche de l'Église orthodoxe serbe Arsenije III Čarnojević pour obtenir son soutien ; le patriarche accepta d'apporter son soutien aux Autrichiens[1]. En revanche, face aux succès ottomans, il organisa ce qui fut plus tard appelé la grande migration des Serbes : avec environ 60 000 réfugiés serbes, il se réfugia sur les terres des Habsbourg, notamment dans l'actuelle province de Voïvodine[1]. Dès le , Leopold Ier fit paraître son premier Chapitre sur les privilèges, dans lequel il reconnaissait les Serbes comme formant un corpus separtum, une « entité séparée » au sein de l'empire des Habsbourg. Ces privilèges accordés aux Serbes servirent de base légale à la création de la voïvodine de Serbie au XIXe siècle[réf. nécessaire].

En 1848 et 1849, l'empire d'Autriche fut secoué par des mouvements révolutionnaires. La Hongrie fut elle aussi touchée par ces mouvements ; la rupture de la Hongrie avec Vienne amena le nouvel empereur, François-Joseph, à chercher l'appui des Serbes. Par décision spéciale de l'empereur[2], le voïvodat de Serbie et du banat de Tamiš fut créé en . Il comprenait les régions du Banat, de la Bačka et, dans le nord de la Syrmie, les municipalités d'Ilok et de Ruma. Le siège de la province fut établi à Temeschwar, l'actuelle ville roumaine de Timișoara ; il avait à sa tête un gouverneur Josif Rajačić qui portait le titre de voïvode et la région était placée sous l'autorité directe de l'empereur, qui portait le titre de Großwoiwode der Woiwodschaft Serbien. Même après l'abolition du voïvodat, l'empereur d'Autriche-Hongrie conserva ce titre jusqu'à la fin de la monarchie des Habsbourg en 1918[réf. nécessaire].

En 1860, après qu'une alliance eut été conclue entre Vienne et Budapest[2], le voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš fut aboli. La majeure partie de son territoire, le Banat et la Bačka, fut intégrée au royaume de Hongrie. La Syrmie fut intégrée au royaume de Slavonie, qui, après sa réunion avec le royaume de Croatie, devint le royaume de Croatie-Slavonie. En 1868, ce nouveau royaume conclut un pacte avec le royaume de Hongrie, devenant une province autonome du royaume de Hongrie au sein de l'empire d'Autriche-Hongrie.

Langues[modifier | modifier le code]

Les deux langues officielles du voïvodat étaient l'allemand et l'illyrien, une langue qui en fait serait, plus tard, appelée le serbo-croate.

Peuplement[modifier | modifier le code]

Religions[modifier | modifier le code]

Divisions administratives[modifier | modifier le code]

Au moment de sa création, le voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš était divisé en deux districts :

  1. Bačka-Torontál
  2. Timișoara-Caraș

Il fut par la suite divisé en cinq districts[3] :

  1. Lugoj (en 1850, le district comptait 229 363 habitants, dont 197 363 Roumains, 21 179 Allemands, 8 305 Bulgares, 1 505 Hongrois, 612 Serbes, etc.)
  2. Timișoara (en 1850, le district comptait 316 565 habitants, dont 159 292 Roumains, 101 339 Allemands, 34 263 Serbes, 12 412 Hongrois, 3 664 Bulgares, 2 307 Šokci (Croates), 1 650 Slovaques, etc.)
  3. Torontál (en 1850, le district comptait 388 704 habitants, dont 126 730 Allemands, 124 111 Serbes, 60 781 Hongrois, 58 292 Roumains, 11 045 Bulgares, 3 752 Croates, 2 562 Slovaques, 1 421 Juifs, etc.)
  4. Novi Sad (en 1850, le district comptait 236 943 habitants, dont 100 382 Serbes, 45 936 Allemands, 30 450 Hongrois, 20 683 Slovaques, 13 665 Šokci, 2 098 Juifs, etc.)
  5. Sombor

Voïvodes et gouverneurs[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dušan T. Bataković (trad. du serbe), Histoire du Peuple serbe, Lausanne/Paris, L'Âge d'Homme, , 3 p. (ISBN 978-2-8251-1958-7 et 2-8251-1958-X, lire en ligne)
  2. a et b Dušan T. Bataković (trad. du serbe), Histoire du Peuple serbe, Lausanne/Paris, L'Âge d'Homme, , 6 p. (ISBN 978-2-8251-1958-7 et 2-8251-1958-X, lire en ligne)
  3. Drago Njegovan, Prisajedinjenje Vojvodine Srbiji, Novi Sad, 2004
  4. (en + de) Grand Title of Franz Joseph I of Austria-Hungary

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  1. Dr Dušan J. Popović, Srbi u Vojvodini, knjiga 3, Novi Sad, 1990.
  2. Sima Ćirković, Srbi među evropskim narodima, Beograd, 2004.
  3. Lazo M. Kostić, Srpska Vojvodina i njene manjine, Novi Sad, 1999.
  4. Drago Njegovan, Prisajedinjenje Vojvodine Srbiji, Novi Sad, 2004.
  5. Dejan Mikavica, Srpska Vojvodina u Habsburškoj Monarhiji 1690-1920, Novi Sad, 2005.
  6. Vasilije Krestić, Iz prošlosti Srema, Bačke i Banata, Beograd, 2003.
  7. Milan Tutorov, Banatska rapsodija, Novi Sad, 2001.