Thiou

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Thiou
Illustration
Le Thiou dans la vieille-ville d'Annecy.
Caractéristiques
Longueur 3,5 km [1]
Bassin 299 km2
Bassin collecteur Rhône
Débit moyen m3/s (4-40)
Régime Pluvial
Cours
Source principale Le Port
· Localisation Lac d'Annecy
· Altitude 446,8 m
· Coordonnées 45° 53′ 54″ N, 6° 07′ 53″ E
Source secondaire Canal du Vassé
· Localisation Lac d'Annecy
· Altitude 446,8 m
· Coordonnées 45° 54′ 01″ N, 6° 07′ 54″ E
Confluence Fier
· Localisation Cran-Gevrier
· Altitude 425 m
· Coordonnées 45° 54′ 34″ N, 6° 05′ 53″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche L'Isernon
· Rive droite Aucun
Pays traversés Drapeau de la France France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Annecy, Cran-Gevrier
Principales localités Annecy

Sources : SANDRE:« V1230500 », Géoportail

Le Thiou est une petite rivière française de 3,5 km de long située en Haute-Savoie. Elle est le déversoir naturel du lac d'Annecy dans le Fier.

Le long du Thiou[modifier | modifier le code]

La rivière est l'axe principal de la ville d'Annecy. Elle récupère les eaux du lac par deux bras principaux :

  • Le « Port », cours naturel et espace lacustre entre les Jardins de l'Europe et les Marquisats, ses flots filent droit dans la vieille ville, lui donnant son cachet typique. Par le « Port » la navigation entre au cœur de la ville. Aujourd'hui y sont amarrés des bateaux proposant aux touristes des balades tout autour du lac, mais autrefois il accueillait les barques à voile triangulaire qui permettaient de ravitailler la ville et de transporter les gens le long des rives.
  • Le « canal du Vassé » qui serpente, avec ses nombreuses circonvolutions, en partie en souterrain et en partie à ciel ouvert dans la vieille ville, avant de rejoindre le bras principal du Thiou après le quai de l'Évêché. Historiquement le canal du Vassé a été creusé pour alimenter en eau les fossés des remparts, miraculeusement conservés car ils alimentaient en eau et en énergie les nombreux ateliers disséminés dans la ville. À l'entrée du canal a été édifié le célèbre pont des Amours.

Autrefois, sur le quai sud du petit port s'étendait la vaste place aux grains, sur laquelle se tenait un grand marché et la chocolaterie. Cette place accueille aujourd'hui un petit jardin, un grand parking ombragé, l'immeuble du commissariat de Police, une pelouse courant le long du quai, un deuxième grand parking et la piscine des Marquisats. Entre le petit port et le canal de Vassé, à l'emplacement de l'actuel Jardin de l'Europe, s'étendait autrefois un vaste jardin maraîcher qui appartient aux religieuses.

Juste après le « port », on peut admirer le palais de l'Isle appelé aussi « vieilles prisons ». Ce monument emblématique d'Annecy, en calcaire et molasse, est originellement une maison forte du XIIe siècle. Grâce au Thiou, Annecy est surnommée « la Venise des Alpes ».

Une promenade agréable, fleurie et ombragée, est aménagée le long du Thiou qui permet d'aller du lac jusqu'au-delà du centre de Cran-Gevrier. Une fois ses deux bras réunis, au niveau de l'évêché, le Thiou traverse le reste de la ville, suit sur quelques centaines de mètres une petite vallée boisée avant de rejoindre et de traverser la commune de Cran-Gevrier à la sortie de laquelle il se jette dans le Fier, à 1,5 km de la sortie d'Annecy, lui apportant un volume d'eau de 8 m3/s en moyenne (4 m3/s en étiage et jusqu'à 40 m3/s en crue). Malheureusement, les forges ne permettent pas jusqu'à récemment d'aller jusqu'au confluent. Depuis 2010, une nouvelle passerelle (16 m x 2,5 m), située près du boulodrome de Cran-Gevrier, rejoint les deux rives et permet le passage des piétons et des cyclistes.

Étymologie et histoire[modifier | modifier le code]

Le toponyme Thiou semble mystérieux et certains voient en lui une origine germanique, en effet Thiou est un nom propre d'homme qui correspond au nom latin Theodulphus[2]. Cependant, l'émissaire du lac était déjà utilisé par les bateliers gallo-romains. Ainsi est-il fort probable que ce nom est issu du terme bas latin tiola (lui-même dérivé du latin classique tegula, « tuile »), puisque, à l'orée de la forêt de Chevesne, en bordure du Thiou, le lieu-dit Thiolière (futur pâquier médiéval) indique l'endroit où l'on extrayait l'argile et où l'on fabriquait les tuiles des maisons du vicus de Boutae, lequel s'est développé dans la plaine des Fins dès le Ier siècle apr. J.-C.[3].

En dépit de sa petite taille, le Thiou joue un rôle historique majeur dans l'histoire ancienne et moderne de la ville d'Annecy : l'ancienne « Boutae » romaine se développe déjà autour des nombreux ateliers des artisans allobroges qui sont déjà installés le long du Thiou.

Au Moyen Âge :

  • des moulins produisent de la farine et des battoirs broient les écorces de chêne pour en extraire le tanin qui est livré aux ateliers pour travailler le cuir ;
  • des dizaines d'ateliers artisanaux sont équipés de roues à aubes qui fournissent la force motrice à leurs nombreux forgerons, fabricants d'épées, de couteaux et de limes.

Dès la Révolution française de 1789, il attire de nombreuses industries qui contribuent au développement de la ville :

Toutes ces entreprises trouvent dans le Thiou, depuis plus de deux mille ans, une eau de bonne qualité, peu calcaire, un débit régulier avec un courant assez fort pour faire tourner quantité de roues à aubes qui fournissent une énergie bon marché pendant longtemps. Une grande partie de l'activité économique de la ville est organisée autour de cette petite rivière depuis la renaissance d'Annecy au XIe siècle.

Par ailleurs, jusqu'au milieu du XIXe siècle, il n'existe pas de quai et les maisons sont construites au ras de l'eau. De nos jours, on peut encore en voir certaines avec leurs portes qui s'ouvrent directement sur l'eau, leur petit quai privé et les anneaux qui servaient à amarrer les barques.

Les vannes du Thiou [modifier | modifier le code]

Les vannes du Thiou, près de l'« Auberge du Lyonnais ».

À partir de 1874, le fameux système de régulation du cours, communément appelé « les vannes du Thiou », est construit. Elles sont un joyau technique et architectural conçu par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Sadi Carnot, petit-fils de Lazare Carnot, qui devient président de la République française avant d'être assassiné le à Lyon par un anarchiste italien.

Trois d'entre elles sont réellement importantes et assurent l'essentiel de la régulation : celle du pont Perrière, celle du pont Albert-Lebrun et celle dite de Saint-Dominique près du quai de Vicenza. D'autres vannes existent dans la vieille ville, mais leur rôle est plutôt esthétique, comme celle très photographiée à côté du restaurant de l'« Auberge du Lyonnais ».

Gérées depuis 1876 par la ville d'Annecy pour le compte de l'État, ces vannes ont permis de remonter le niveau du lac (2 759 hectares) de 20 cm afin d'assurer aux usines un débit constant toute l'année ; à eux seuls ces 20 cm permettent d'assurer seize jours de débit à l'étiage (4 m3/s). En cas de danger de crue, elles permettent de sortir un débit de 45 m3[4] maximum par seconde. Elles sont aussi utilisées lors des chasses du Rhône pour remonter le niveau du lac de 10 cm avant de relâcher cette masse d'eau propre vers le Fier.

La cote du lac est mesurée sous le pont de la Halle près de la mairie. Normalement, elle se situe entre 70 et 75 cm, mais elle varie en fonction de l'importance des précipitations et lors de la fonte des neiges. De fait, elle peut varier entre 59 et 110 cm, sans inquiéter le service de gestion des vannes. Depuis 1998, une sonde électronique permet une alerte si le niveau varie d'au moins 6 cm en une heure.

En , le niveau culmine à 112 cm. Il était encore à 90 cm mi-juin, avant qu'une longue période sèche ne le fasse chuter à 13 cm, son niveau le plus bas après les 11 cm de 1947[5].

Divers[modifier | modifier le code]

Le Thiou à Cran-Gevrier.

Le Thiou, exutoire du lac d'Annecy et affluent du Fier[6] :

  • longueur : 3,5 km[1]
  • largeur du lit : 6 à 20 m
  • bassin versant : 3 011 km2
  • débit moyen : 8,5 m3/s
  • débit d'étiage : 0,6 m3/s
  • crue décennale : 45 m3/s

Le Thiou a lui-même un affluent appelé l'Isernon qui se jette dans le Thiou à environ un kilomètre en aval du lac d'Annecy, après avoir traversé la zone industrielle de Vovray, ce qui en fait une rivière polluée (acide nitrique, hydrocarbures, nitrates, métaux lourds)[7]. Cet affluent est connu du Sandre sous le nom de ruisseau des « Trois Fontaines » et fait 7,7 kilomètres de long[8].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Sandre, « Fiche cours d'eau - le Thiou (V1230500) » (consulté le ).
  2. Philibert Auteur du texte Monet, Invantaire des deus langues, françoise et latine : assorti des plus utiles curiositez de l'un et l'autre idiome ([Reprod. en fac-sim.]) / Philibert Monet, (lire en ligne), Page 185
  3. « Annecy au temps des Romains (Etymologie des toponymes locaux) » (consulté le )
  4. « Le niveau du lac d’Annecy a dépassé sa cote d’alerte », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Adrien Sénécat, « Non, le niveau du lac d’Annecy n’a pas été « volontairement » abaissé », sur lemonde.fr, (consulté le )
  6. Académie de l'eau - Water Academy - Annecy
  7. L'Essor savoyard du 8 avril 2010, page 3.
  8. Sandre, « Fiche cours d'eau - ruisseau des trois fontaines (V1230780) » (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :