Robin des Bois et ses joyeux compagnons

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Robin des Bois et ses joyeux compagnons

Titre original The Story of Robin Hood and His Merrie Men
Réalisation Ken Annakin
Joan Rice
Peter Finch
Scénario Lawrence Edward Watkin
Acteurs principaux
Sociétés de production Walt Disney Productions
RKO Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Aventure
Durée 83 minutes
Sortie 1952

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Robin des Bois et ses joyeux compagnons (The Story of Robin Hood and His Merrie Men) est un film américain réalisé par Ken Annakin, adapté de la légende du voleur-justicier anglais Robin des Bois, sorti en 1952.

C'est la première adaptation en long métrage réalisée par le studio Disney avant la version en animation Robin des Bois (1973).

Synopsis[modifier | modifier le code]

Richard Cœur de Lion a laissé son royaume à son frère le prince Jean, pour partir en croisade. Le prince mandate un nouveau shérif, celui de Nottingham, d'appliquer les lois qu'il a promues. Le royaume subit la dictature du prince et croule sous les taxes. À la suite d'un tournoi de tir à l'arc, les hommes du shérif assassinent le père du jeune Robin des Bois. Il s'enfuit dans la forêt et, rejoint par d'autres personnes s'apposant au prince Jean, il crée la bande des Joyeux Compagnons. Parmi eux se trouve Petit Jean et le Frère Tuck, tous loyaux envers Richard Cœur de Lion.

Mais le roi est retenu en otage en Autriche et le shérif et ses hommes déguisés en Robin et ses compagnons tentent de voler la rançon de 100 000 marks payée par la reine. La jeune Marianne, femme de chambre de la reine, a connaissance du projet mais le shérif l'emprisonne dans son château. Robin part à la rescousse de Marianne, et après un duel à mort avec le shérif, parvient à la sauver. De retour dans leur cachette, Robin découvre un chevalier qui s'avère être le roi. Pour remercier Robin des Bois, il le fait Comte de Locksley.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Sauf mention contraire, les informations proviennent des sources concordantes suivantes : Leonard Maltin[1], John West[2] et IMDb[3]

Distribution[modifier | modifier le code]

Sauf mention contraire, les informations proviennent des sources suivantes : Dave Smith[5], Leonard Maltin[1], John West[2] et IMDb[3]

Sorties cinéma[modifier | modifier le code]

Sauf mention contraire, les informations suivantes sont issues de l'Internet Movie Database[6].

Origine et production[modifier | modifier le code]

À la suite de la création d'un studio au Royaume-Uni à la fin des années 1940[1],[7], en association avec RKO Pictures, et au succès du film L'Île au trésor (1950), Disney lance un nouveau projet qu'il confie à nouveau à Perce Pearce[1],[8],[9]. C'est un besoin pragmatique car des fonds du studio sont bloqués au Royaume-Uni à cause de la Seconde Guerre mondiale[10]. Ils décident de poursuivre dans le genre du film d'action et d'aventure et prennent l'histoire de Robin des Bois[11]. Robin des Bois est donc le second film produit avec des fonds bloqués en Angleterre aux Denham Studios[5]. Ce choix est motivé selon John West par une ressemblance avec L'Île au trésor[12]. Toutefois le sujet du film est déjà récurrent à Hollywood depuis le célèbre Les Aventures de Robin des Bois de 1938 avec Errol Flynn et pas moins de quatre adaptations entre 1945 et 1952 mais le succès commercial ou critique d'une précédente production n'a jamais découragé le studio ou Walt Disney de tenter une aventure[8].

Développement du scénario[modifier | modifier le code]

Un premier projet pour le film tente de reproduire à l'identique L'Île au trésor dans la forêt de Sherwood avec un jeune garçon qui rejoint les joyeux compagnons de Robin des Bois, similarité allant jusqu'à reprendre Robert Newton (Long John Silver) dans le rôle de Frère Tuck[5],[8],[12]. Le jeune garçon devait être Bobby Driscoll mais en raison des problèmes rencontrés lors de L'Île au trésor et le faible succès du film, le projet a été changé[13].

Le droit du travail pour les enfants et les activités de Robert Newton avec RKO ont stoppé ce projet au profit d'une comédie romantique entre Richard Todd et Joan Rice[8],[12]. Le scénario est modifié pour ajouter la vision américaine, le combat contre la monarchie corrompu disparaît au profit de valeurs comme l'individualisme du héros, le combat contre des oppresseurs et la justice indépendante du gouvernement[10]. Selon Ken Annakin, Lawrence Edward Watkin ancien professeur d'anglais a essayé de faire revenir le film aux sources et d'être proche de la légende[12].

La pré-production débute avec des éléments produits par Disney et Pearce, aidés par le cameraman Guy Green et la directrice artistique Carmen Dillon[11]. En pré-production, selon l'usage du studio Disney, l'équipe a utilisé les storyboards, une nouveauté pour le réalisateur Ken Annakin[14]. Afin de rendre le film plus authentique, le studio a fait appel à Charles Beard, un éminent historien[15],[NB 1]. Le dossier de presse du film évoque ainsi des emprunts aux ballades du XIIe siècle, à la chanson de geste A Gest of Robyn Hode publiée par l'imprimeur Wynken De Worde vers 1489 ou Pierre le laboureur de William Langland (1355-1365)[15].

L'équipe de Disney reprend les grands éléments de l'histoire traditionnelle tels que l'affrontement de Petit Jean et Robin sur un pont en bois au-dessus d'un torrent, le tournoi de tir à l'arc, le duel final[16]... Mais elle ajoute quelques détails comme la communication par flèches sifflantes, la rencontre de Marianne et Robin dans leur adolescence comme deux amoureux[16]. Le plus important est l'ajout d'une scène dans laquelle Robin et ses compagnons se jouent du Prince Jean en lui prenant un coffre, versant son contenu dans le tas d'or récolté par la population pour soutenir la croisade[16]. Robin demande au peuple de remercier le shérif, malgré son mécontentement[16]. Annakin a décidé afin de se démarquer de la précédente version avec Errol Flynn que le combat devait se dérouler dans tout le château et non seulement dans les marches[14].

Tournage[modifier | modifier le code]

Techniquement, le film utilise des caméras en Technicolor, alors peu fréquentes et consistant selon les souvenirs d'Annakin en « de lourdes et immobiles caméras avec un système élaboré sur trois bandes nécessitant pas moins de 11 minutes pour être rechargées et vérifiée après chaque prise[16]. » Le studio engage une équipe dont le jeune réalisateur Ken Annakin et des acteurs tous britanniques[11]. Le tournage se répartit comme pour L'Île au trésor sur trois équipes en extérieur et deux en intérieur aux Denham Film Studios[11] dans le Buckinghamshire près de Londres. C'est toutefois le dernier film tourné au sein de ce studio actif depuis 1935[17]. Pour la forêt, Annakin souhaitait utiliser la véritable forêt de Nottingham mais elle avait trop changé pour être utilisable[12].

Leonard Maltin indique que Walt Disney passe une partie de l'été 1950 en Angleterre pour superviser les productions[11]. Il convie à ce voyage le producteur et publicitaire Bill Walsh[18]. À propos de la présence de Walt Disney, Michael Barrier ajoute la période de juin à [19].

Sortie et accueil[modifier | modifier le code]

Le film Robin des Bois et ses joyeux compagnons sort d'abord à Londres en avant d'être diffusé aux États-Unis à partir de juin. Richard Todd, incarnant Robin des Bois, participe avec ce film à la première des trois productions Disney qu'il fera entre 1952 et 1954 ; suivront La Rose et l'Épée (1953) et Échec au roi (1953)[16]. Le film reçoit un bon accueil après du public au Royaume-Uni[20]. Bernard Drew du The Herald Statesman de Yonkers évoque Robin des Bois et ses joyeux compagnons lors se revue de Robin des Bois (1973)[21]. L'avantage du film par rapport à la version avec Errol Flynn, Les Aventures de Robin des Bois (1938), et le tournage dans la forêt de Sherwood même[21]. En parallèle au film, le producteur Bill Walsh invité par Walt Disney sur le tournage propose de faire un documentaire sur les coulisses du film en y voyant les possibilités promotionnelles en plus du principe d'intégration horizontale[18]. Un film promotionnel de 15 min montrant les équipes de production du film a été réalisé en 1952 : The Riddle of Robin Hood[22], dirigé par Bill Wlash[18].

Le film a été sérialisé dans l'émission Disneyland[15],[23] sur ABC et diffusé en deux épisodes le 2 novembre et le [24]. Le film a été diffusé en vidéo en 1987 et 1992[5].

Analyse[modifier | modifier le code]

Selon Leonard Maltin, ce film en prise de vue réelle est bien mieux que la version en animation réalisée par le studio en 1973, Robin des Bois, car il est moins basé sur la comédie ; toutefois cette seconde version a éclipsé cette première production avec des acteurs[14]. Pöur John West, le film est bon mais pas fantastique et malgré un scénario excellent de L. E. Watkin, il ne parvient pas à faire de l'ombre aux versions des années 1930 de Robin des Bois[12]. West ajoute que le scénario initial de Watkin était bien meilleur que le film et rejette la faute sur les acteurs, Joan Rice ayant, par exemple, été choisi avant que le réalisateur Ken Annakin ne soit nommé[12].

Pour Eric Smoodin et Richard Schickel, le film se classe parmi les productions réalistes du studio Disney au début des années 1950 au côté de la série de documentaires animaliers True-Life Adventures[25],[26]. Pour Steven Watts, Robin des Bois est représentatif des productions du studio dans les années 1950, souvent des émissions digne de la télévision et mettant en avant les valeurs américaines[10]. Selon Annakin, Walt considérait cette production comme un film Disney et, de par son approche et ses points de vue, elle diffère des précédentes adaptations de Robin des Bois[16]. Un élément confirmant ce point est la présence d'un livre au début du film comme Blanche-Neige ou Cendrillon mais qui sert ici en plus de support narratif apparaissant à plusieurs moments du film pour faire progresser l'histoire[16],[27]. Kevin J. Harty évoque aussi cet usage du livre comme un standard des films Disney[15].

Kevin J. Harty juge Richard Todd comme un acteur compétent mais n'égalant pas Errol Flynn[8] et que Joan Rice ressemble à une Olivia de Havilland jeune mais sans être elle[15]. John West écrit aussi que ni Todd n'est Flynn, ni Rice n'est de Havilland, ni Peter Finch n'est Basil Rathbone et ajoute que les peintures de matte de Peter Ellenshaw démontrent par leur qualité que le budget était limité[12]. Cette version Disney infléchit le standard cinématographique de la légende de Robin des Bois dans deux voies contradictoires, la première avec une place plus importante de la femme et la seconde avec une emphase sur les méchants de l'intérieur souvent costumés de rouge qui reflète les accusations de communisme courantes dans les années 1950 (Voir Maccarthysme)[4].

L'actrice Louise Hampton (1881-1954) joue la nurse âgée de Maid Marian et confirme les stéréotypes de classe et de genre pour ce rôle[4]. Mais sa prestation est brouillée[4], principalement en raison de son âge avancée, près de 70 ans. À l'opposé Martita Hunt joue avec force le personnage de la reine Aliénor et participe à plusieurs reprises à l'action récoltant par exemple les 100 000 marcs nécessaire à la libération de Richard[4]. Maid Marian jouit dans cette version d'une certaine indépendance[4]. Ce sont autant de point démontrant une place accrue de la femme dans la légende de Robin des Bois[4].

Pour Kevin J. Harty, le film acquiesce constamment en direction du Maccarthysme et de l'obsession de l'ennemi intérieur[8]. Même si le film ne comporte pas de politique, le traitement des méchants reflète selon Harty les pensées politiques personnelles de Walt Disney[28]. Harty cite Alan Lupack qui mentionne deux films de la même époque avant des ennemis intérieurs vêtus de rouge à l'instar de Gil et De Lacey, les agents du shérif[28] et Kim Newman qui compare le Prince Jean au Sénateur MacCarthy dans son analyse de La Revanche des gueux (1950)[29]. Par la suite dans de nombreuses productions Disney les méchants portent du rouge[28].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Charles Austin Beard étant mort en 1948, il semble peu probable qu'il ait participé à ce projet.
Références
  1. a b c et d (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 104.
  2. a et b (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 181.
  3. a et b « Robin des Bois et ses joyeux compagnons » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database
  4. a b c d e f et g (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 136.
  5. a b c et d (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 526
  6. « The Story of Robin Hood and His Merrie Men - Dates de sortie » (dates de sortie), sur l'Internet Movie Database
  7. (en) Richard Holliss, Brian Sibley, The Disney Studio Story, p. 60.
  8. a b c d e et f (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 134.
  9. (en) Neal Gabler, The Triumph of American Imagination, p. 487
  10. a b et c (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 291
  11. a b c d et e (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition, p. 105.
  12. a b c d e f g et h (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 182.
  13. (en) John G. West, The Disney Live-Action Productions, p. 213.
  14. a b et c (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition, p. 107.
  15. a b c d et e (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 135.
  16. a b c d e f g et h (en) Leonard Maltin, The Disney Films: 3rd Edition, p. 106.
  17. Denham Studios
  18. a b et c (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 377
  19. (en) Michael Barrier, Hollywood Cartoons, p. 552.
  20. « Robert Beatty in boxing picture. », sur The Mail (1912–1954), Adelaide, SA, National Library of Australia, (consulté le ), p. 3 Supplement: SUNDAY MAGAZINE
  21. a et b (en) Bernard Drew, « Disney's 'Robin Hood' is a charming feature », The Herald Statesman,‎ , p. 27 (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 470
  23. (en) J. P. Telotte, Disney TV, p. 13
  24. (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 357.
  25. (en) Eric Loren Smoodin, Disney discourse, p. 59.
  26. (en) Richard Schickel, The Disney Version, p. 90.
  27. (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 140.
  28. a b et c (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 137.
  29. (en) Tison Pugh, Susan Aronstein, The Disney Middle Ages, p. 150.

Liens externes[modifier | modifier le code]