Raymond de Banyuls

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Raymond de Banyuls
marquis de Montferré
Surnom Raymond VIII
Naissance
Nyer
Décès (à 81 ans)
Perpignan
Origine Drapeau du royaume de France Royaume de France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Badge de l'Armée des princes Armée des princes
Royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Cavalerie
Grade Lieutenant-colonel
Années de service 17671816
Conflits Bataille de Ponte-Novo
Guerres révolutionnaires
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Autres fonctions Député de la noblesse du Roussillon aux États généraux de 1789
Famille Maison de Banyuls de Montferré
Signature de Raymond de Banyulsmarquis de Montferré

Raymond-Antoine de Banyuls, 5e marquis de Montferré, né le au château de Nyer (Roussillon) et mort le à Perpignan (Pyrénées-Orientales), est un aristocrate et militaire français.

Après une carrière militaire au cours de laquelle il atteint le grade de capitaine de cavalerie au Régiment d'Anjou, il est député aux États généraux de 1789 où il siège parmi les conservateurs. Il émigre en 1791 et combat au sein des armées contre-révolutionnaires. Il se retrouve lieutenant dans l'armée de Condé puis passe au service de l'Espagne où il termine lieutenant-colonel avant son retour en France en 1807.

Nom et titres[modifier | modifier le code]

Don Ramon-Anton-Joan-Baptista-Joseph-Francesch de Pau-Camo de Banyuls y de Bellissen, 5e marquis de Montferré (1801), baron de Nyer, seigneur de Réal, Odeilló, Léca
Raymond VIII de Montferré
le chevalier de Montferrer

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Régiment d'Aquitaine

Raymond de Banyuls est reçu en 1767 comme cadet gentilhomme au Régiment d'Aquitaine. Il y devient sous-lieutenant le .
En 1769, il participe à la campagne de l’île de Corse et notamment à la bataille de Ponte-Novo. Il reçoit une pension de 800 livres le à l'issue de cette campagne victorieuse.
Il devient successivement sous-aide-major le , lieutenant le . Il passe capitaine au Régiment d'Anjou le .

Régiment d'Anjou


Louis XVI

Le , il est présenté au Roi.

Carrière de contre-révolutionnaire[modifier | modifier le code]

Il est élu député de l’Ordre de la Noblesse des comtés de Roussillon, Conflent et Cerdagne aux États généraux de 1789 avec son ami Michel de Coma-Serra. Ils y siègent tous deux à droite, résolument réfractaires aux idées progressistes[1].

Allégorie contre-révolutionnaire. 1799-1800. musée de la Révolution française.

Ils protestent contre la réunion des trois ordres par la lettre suivante[2] :
« Nous, députés de la noblesse des vigueries du Roussillon, Conflent et Cerdagne, soussignés, croyons qu'il est de notre devoir de dire que d'après la lettre de notre mandat qui nous assujettit à voter par ordre et nous ordonné cependant de rester unis à notre ordre en protestant, déclarons que nous nous priverons de toute voix délibérative en tout ce qui sera contraire à notre mandat jusqu'à ce que nos commettants, à qui nous avons déjà donné connaissance de l'état actuel des choses, auront pris en considération la déclaration du roi. En conséquence, en attendant des instructions ultérieures, nous protestons contre toute délibération qui pourrait être prise dans cette Assemblée et en demandons acte.

« Fait à Versailles, dans la Chambre de l'ordre de la noblesse, la mardi, . Signé: Comaserra, Banyuls de Montferré. »

Nota. - « Cette protestation n'est que provisoire ; il se présentera bientôt l'occasion d'en faire une autre plus étendue. »

Ils votent contre le vote par tête et contre l'abolition des privilèges avant finalement de se rallier, bien qu'à contre cœur, à l'Assemblée Nationale Constituante.

Ils créent tous deux à Perpignan «Les Amis de la paix », association de contre-révolutionnaires, s’opposant par ses idées à l’association révolutionnaire « Les Amis de la Constitution ». En 1790, une émeute impliquant les deux associations éclate à propos de la Constitution civile du clergé. Raymond-Antoine de Banyuls de Montferré et Michel de Coma Serra étant compromis dans les troubles, les « patriotes » viennent les chercher à leur domicile et les conduisent au « département ». Ils sont par respect pour leur inviolabilité, laissés en liberté et « accompagnés avec calme chez eux par six administrateurs ». Le , Muguet rend compte de cette affaire à la Constituante.

Raymond-Antoine de Banyuls de Montferré émigre ensuite en Espagne le , puis passe à l'armée de Condé où il sert dans la compagnie du Régiment de Médoc et fait les campagnes de 1792 et 1793 en Allemagne. En tant que fils aîné du marquis de Montferré, il porte à cette époque le titre de comte de Montferré.

Régiment du Médoc

Après l'exécution de Louis XVI le , Manuel Godoy, l'homme fort du gouvernement espagnol, signe avec la Grande-Bretagne son adhésion à la Première Coalition contre la République Française, afin de récupérer la partie de la Catalogne (Roussillon, Conflent et Cerdagne), devenue française depuis le traité des Pyrénées en 1659. Raymond-Antoine de Banyuls de Montferré, aîné d'une famille incontournable dans tout le Roussillon depuis le Moyen Âge et surtout, député du Roussillon, l’apprenant, quitte alors l'armée de Condé en Allemagne afin de rejoindre en Espagne la Légion du comte de Panetier, que son ami Louis-Marie de Panetier, comme lui député de la noblesse aux États Généraux très opposé aux révolutionnaires et émigré en 1791 a créé en 1793. Malheureusement, Louis-Marie de Panetier décède en ; Raymond-Antoine de Montferré intègre néanmoins son unité alors que celle-ci est désormais commandée par le général Santa-Clara lors de ses quartiers d’hiver à Port-Vendres[3].

Pendant son absence[4], le et le est voté par la Convention la Confiscation et la distribution des biens des émigrés. Nyer, Porcynians, les Graüs, Montferrer, Réal, Odeilló, Léca, les forges de Thuès et Fornóls sont découpés en lots et vendus en tant que biens nationaux.

En , il défend Port-Vendres avec la Légion Panetier avant d’être évacué par mer avec ses compagnons afin d’éviter qu’ils ne soient fait prisonniers et guillotinés. Avec les rescapés complétés des compagnies du Royal-Provence survivantes du siège de Toulon et du Royal-Roussillon, il est incorporé dans la Légion de la Reine[5], où il est premier lieutenant avec rang de capitaine par brevet du .

Régiment de Bourbon

Il se bat à Zamora le , puis est intégré avec son unité dans le régiment de Bourbon[6]. Il est en garnison à Ciudad Rodrigo en 1797, puis à Majorque en 1798.

En 1801, il devient le cinquième 'marquis de Montferré à la mort de son père.

Il rentre en France en 1807 et réclame la restitution des biens de la Maison de Banyuls de Montferré non vendus. Il rentre en possession des bois de Nyer le .

Son collègue député Michel de Coma-Serra meurt en 1813, lui léguant la jouissance de l'ancienne maison Serra, sise rue Font-Froide à Perpignan et déclarant en outre avoir en lui la plus complète confiance pour l'exécution de pieuses libéralités[7].

Il est nommé chevalier de l’Ordre de Saint-Louis le . Louis XVIII lui confère le grade de lieutenant-colonel le . Il est mis à la retraite.

Fin de carrière, Restauration[modifier | modifier le code]

Il emploie alors tout son temps en une suite de procédures judiciaires pour tenter de remettre la main sur les fiefs de sa famille confisqués et revendus en tant que biens nationaux.
Il obtient la restitution des droits d’usage sur les forêts de Thuès et de Réal le .
Il est contraint de vendre après procès les montagnes de Nyer en 1819.
Il décède à Perpignan le , à l'âge de 81 ans, rue Font Froide[8], dans la maison de son ami Michel de Coma Serra.
C'est la fin de dix siècles d'implantation de la famille de Banyuls en Roussillon.

Ordres et décoration[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Armes de la famille de Banyuls de Montferré

Origines[modifier | modifier le code]

Il est le fils aîné de Joseph de Banyuls de Montferré, marquis de Montferrer (1723-1801) et de Jacquette de Bellissen (1728-1789).
Aîné de 16 frères et sœurs (dont 10 atteignent l'âge adulte).
Il est notamment le parrain de son frère Joseph de Banyuls.
Il est marquis de Montferré (5e) à la mort de son père en 1801.

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Il se marie en premières noces le à la cathédrale Saint-Jean de Perpignan avec Jeanne de Ros (Dona Joana-Theresa-Josepha de Ros y de Banyuls) (1753-1798) - contrat du 15, Fr Serra, notaire à Perpignan.
  • Jeanne de Ros est née à Perpignan le et a été baptisée à la cathédrale Saint-Jean le , c’est la fille de Jean-Baptiste de Ros (Don Joan Baptista de Ros y de Margarit), 4e comte de Sant-Feliu, et de Marie de Banyuls de Montferré (Dona Maria de Banyuls y Forcades). Elle décède à Perpignan le , 22 prairial an VI. Leurs quatre enfants mourront tous en bas âge :
  1. Rosalie (1777-1780)
  2. Abdon-Melchior (1779-1780)
  3. Jacques (1781-1786)
  4. Raymond (1784-1786 )
  • Raymond apprend le décès de sa femme Jeanne survenu le à Perpignan alors qu'il est lui-même royaliste émigré à Majorque.
  • Il se marie en secondes noces à Perpignan le avec Marie-Thérèse Gand’Oward (Gandouard) de Magny.
  • Marie-Thérèse Gand’Oward de Magny est née à Perpignan le et baptisée à la cathédrale Saint-Jean le 25. Elle est la fille d’Edme-Basile Gand’Oward de Magny, ancien capitaine au régiment d’Artois-Infanterie, chevalier de Saint-Louis, et de Marie-Thérèse de Gilles y Cremadells.
  • Ils auront un fils: Raymond de Banyuls, marquis de Montferrer (6e) (1811-1876), marié en 1856 à Antoinette Dufay (1804-1861) puis en 1862 à Blanche de Thonel d'Orgeix (1828-1881) et dont la mort sans postérité en 1876 à Saint-Félix-de-Tournegat (Ariège) fera passer le titre de marquis à son neveu Henri de Banyuls de Montferré, petit-fils de Joseph de Banyuls de Montferré, de la branche cadette établie en Mayenne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Jean Capeille, Histoire de la maison des Chevaliers de Banyuls, Barons de Nyer, Marquis de Montferré, Seigneurs de La Rocha, Porcinyans, Fornols, Puig, Réal, Odeillo, Leca, Millepetit 1132-1922.
  • Histoire de la Révolution française dans le département des Pyrénées-Orientales: d'après les documents inédits des archives départementales, communales et particulières (1789-1800), volume 1, par Pierre Vidal, 1888
  • Bulletin de la Société agricole, scientifique & littéraire des Pyrénées-Orientales, volume 32, 1891
  • Biographie nouvelle des contemporains ou dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution Française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, volume 1, par Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy et J. de Norvins, 1820
  • Catalogue des gentilshommes de Roussillon, Foix, Comminges et Couseran qui ont pris part ou envoyé leur procuration aux assemblées de la noblesse pour l'élection des députés aux États-Généraux de 1789, par Louis de La Roque et Edouard de Barthélemy, 1863
  • Histoire de la Révolution de France, volume 2, par le vicomte Félix Jean Louis Eléonor Conny de la Fay, 1834
  • Histoire de l'Assemblée Constituante, volume 1, par Philippe Joseph Benjamin Buchez, Jules Bastide, André Olivier Ernest Sain de Boislecomte et Auguste Ott, 1845
  • La France législative, ministerielle, judiciaire et administrative sous les quatre dynasties, tome troisième, par Nicolas Viton de Saint-Allais, 1813
  • Histoire parlementaire de la révolution française ou journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, tome douzième, par P.-J.-B. Buchez et P.-C. Roux, 1834
  • Les Constituants.Liste des députés et des suppléants élus à l'Assemblée
  • Motifs et résultats des assembleés nationales: tenues depuis Pharamond jusqu'à Louis XIII; avec un précis des Harangues prononcées dans les États Généraux & les Assemblées des Notables, par ordre de date, 1787
  • Collection de documents inédits sur l'histoire de France, Volume 2 de Recueil de documents relatifs à la convocation des États Généraux de 1789, par Armand Brette, 1896
  • Le Plus fort des pamphlets: L'ordre des paysans aux États-Généraux
  • Le point du jour ou Résultat de ce qui s'est passé la veille à l'Assemblée nationale, du au , par Bertrand Barère de Vieuzac
  • Recueil de documents relatifs aux séances des États généraux: Les séances de la noblesse, -. 6-, Volumes 1-2, par Olga Ilovaïsky, 1974
  • Recueil de documents relatifs aux seances des États generaux, mai - , Volume 1, Partie 2, par Georges Lefebvre et Anne Terroine, 1953
  • Résumé général et exact des cahiers et pouvoirs, volume 2, par Louis Marie Prudhomme, François-Silvain Laurent de Mézières et Jean Rousseau
  • Revue des questions historiques, Volume 16, par Gaston Louis Emmanuel Du Fresne de Beaucourt, Paul Allard, Jean Guiraud, 1874
  • Table des matières des noms des personnes, des lieux et des matières contenus dans les Procès-verbaux des séances de l'Assemblée constituante, depuis le jusqu'au inclusivement, volume 4
  • Becoming a Counterrevolutionary: A Conservative Noble in the National Assembly, 1789-1791, par Timothy Tackett, 2003
  • Archives parlementaires de 1787 à 1860: recueil complet des débats législatifs et politiques des chambres françaises, Volume 33, 1889
  • Archives parlementaires de 1787 à 1860, Volume 35, par France. Sénat, France. Chambre des députés, France. Assemblée nationale (1871-1942)
  • Histoire de l'armée de Condé Condé, Volume 1, par Théodore César Muret
  • Journal du palais: recueil le plus ancien et le plus complet, volume 63
  • Journal du Palais: répertoire général, volume 11, par Alexandre Auguste Ledru-Rollin, L.A.M. d'Auvilliers
  • Recueil critique de jurisprudence et de législation, par France. Cour de cassation, France. Conseil d'État, France. Tribunal des conflits
  • Principes de compétence et de juridiction administratives, volume 2, par Adolphe Chauveau

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notes et documents historiques sur le Département des Pyrénées Orientales Par B.-J. Alart
  2. cité dans les archives de l'Assemblée Nationale: [1] ainsi que dans ROBERT, BOURLOTON et COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires - Abbé TORREILLES, Histoire du clergé dans le département des Pyrénées-Orientales pendant la Révolution française et Les Élections de 1789: [2].
  3. Histoire de la guerre entre la France et l'Espagne: pendant les années de la révolution française 1793, 1794 et partie de 1795, Louis de Marcillac, Magimel, 1808, p. 190.
  4. Les émigrés, nobles ou roturiers, sont privés par la Révolution de leurs droits civils et de leurs terres, qui sont vendues comme biens nationaux. Ils sont rendus hors-la-loi par des décrets prévoyant leur condamnation à mort s'ils rentrent en France et leurs familles sont souvent persécutées.
  5. Cette unité qui porte ce nom en l'honneur de la reine d'Espagne opère au sein de l’armée espagnole
  6. Le régiment de Bourbon opère au sein de l’armée espagnole, où il porte le nom exact de Regimiento de Infantería Borbón et a le no 47 en 1796, puis en 1802 le no 37
  7. Cité dans Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires - Abbé Torreilles, Histoire du clergé dans le département des Pyrénées-Orientales pendant la Révolution française et Les Élections de 1789: [3]
  8. rue Font Freda à Perpinyà