Piergiorgio Welby

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Piergiorgio Welby
Piergiorgio Welby en 2006
Biographie
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Décès
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RomeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Mina Welby (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Parti politique

Piergiorgio Welby, né le à Rome et mort le dans la même ville, est un artiste-peintre, poète et militant politique italien dont le combat pendant trois mois afin d’affirmer son « droit à mourir » a conduit à un débat sur l’euthanasie dans son pays.

Il déclare publiquement en 2006 qu’il refuse de suivre le traitement médical qui le maintient en vie. Son cas suscite une importante polémique, voyant, en particulier, s'affronter des politiciens libéraux et l'Église catholique. Trois mois plus tard, un anesthésiste accepte de débrancher les appareils qui le maintenaient en vie. Les funérailles religieuses sont refusées à Welby par l’Église[1],[2], tandis que les poursuites sont abandonnées contre celui qui a mis fin à ses jours.

Biographie[modifier | modifier le code]

La maladie[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 1960, Welby souffre d'une dystrophie musculaire, maladie qui évolue au point où, en , il ne lui est plus possible de respirer sans le soutien d'un respirateur artificiel, de manger sans une sonde d'alimentation ni de parler sans un appareil de synthèse vocale.

Les années de combat[modifier | modifier le code]

Il va consacrer les dernières années de sa vie à son combat, en adhérant d'abord au Parti radical puis à l'Association Luca Coscioni, un groupe militant favorable à l'euthanasie proche du Parti radical, qui le nomme vice-président en 2006.

Utilisant Internet pour communiquer, Welby avait ouvert un blog en 2003.

Mais, en , l'aggravation de son état l'empêche d'utiliser le doigt dont il se sert pour la souris de son ordinateur. Il décide alors de rendre publique sa demande de mourir, espérant provoquer un débat national sur l'euthanasie.

Le , Welby envoie un courrier-vidéo au président italien Giorgio Napolitano : « Cher Président, permettez-moi de mourir »[3]. L'appel est diffusé à la télévision nationale et disponible en téléchargement sur Internet. Napolitano répond qu'il se sent profondément touché par sa situation, et invite les politiciens italiens à ouvrir un débat parlementaire sur diverses questions éthiques[4]. Les membres du Parti radical manifestent leur soutien par des grèves de la faim et son fondateur, Marco Pannella, déclare qu'il est prêt à lui-même débrancher Welby pour exprimer un acte de désobéissance civile[5]. La plupart des politiciens catholiques adhèrent à la position de l'Église catholique, s'opposant à l'euthanasie autant qu'à des traitements médicaux trop agressifs. La ministre de la Santé, Livia Turco, intervient pour demander que soient plutôt améliorés les soins palliatifs[6].

Après trois mois de polémiques, Mario Riccio, un anesthésiste, contacte le Parti radical pour l'informer qu'il est prêt à débrancher les appareils permettant à Welby de rester en vie, ne voyant aucun obstacle légal à cet acte. Riccio se rend à Rome, et après avoir vérifié la volonté de Welby, accède à sa demande. La procédure commence à 11 heures le matin du et se termine à 11 heures 40, heure à laquelle Welby est déclaré officiellement mort.

Après le décès[modifier | modifier le code]

Sa femme, Mina Welby, 2011.

Les politiciens italiens sont très divisés. Les membres du Parti radical expriment à la fois leur chagrin et leur soulagement que ses souffrances soient enfin terminées. Les politiciens conservateurs critiquent le médecin et l'instrumentalisation à des fins politiques du cas de Welby. Certains demandent l'arrestation des « meurtriers de Welby ».

Malgré la pression de l'opinion publique, le comité d'éthique médical et la justice déclarent que l'acte du docteur Riccio est légitime[7],[8]. L'Église catholique refuse les funérailles religieuses, déclarant officiellement que « Welby avait publiquement et de manière répétée exprimé son désir de mettre fin à sa vie, ce qui est contraire à la doctrine catholique »[9]. Des funérailles civiles sont alors célébrées sur une place publique de Rome[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (it) « Piergiorgio Welby: la biografia », Associazione Luca Coscioni (consulté le )
  2. José Davin et Michel Salamolard, A quand, ce concile ? : Manifeste pour un renouveau de l'Eglise, Fidélité, (présentation en ligne), p. 97
  3. (it) « Caro Presidente, lasciatemi morire », Corriere della Sera,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « Risposta del Presidente della Repubblica, Giorgio Napolitano, alla lettera aperta di Piergiorgio Welby. », Associazione Luca Coscioni (consulté le )
  5. (it) « Eutanasia, la provocazione di Pannella: "Pronto a staccare la spina a Welby" », La Repubblica,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. (it) « Bertinotti: Giusto l'invito di Napolitano », Corriere della Sera,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. A.C, « Italie : « Un médecin ayant pratiqué une euthanasie relaxé » », sur lci.tf1.fr (consulté le )
  8. (it) « Welby, prosciolto il medico Riccio Aveva il dovere di assecondare il malato », La Repubblica,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Church denies funeral for Italian », BBC News, (consulté le )
  10. (en) « Hundreds attend Italian's funeral », BBC News, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lasciatemi morire, Piergiorgio Welby, Rizzoli, 2006
  • Fisher Ian (). A Poet Crusades for the Right to Die His Way. New York Times
  • Staff report (). Italian man sparks euthanasia row. BBC News
  • Fisher Ian (). Euthanasia Advocate in Italy Dies. New York Times

Liens externes[modifier | modifier le code]