Orgyia antiqua

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Orgyia antiqua, l’Étoilée, est une espèce de lépidoptères (papillons) européens appartenant à la famille des Erebidae et à la sous-famille des Lymantriinae. L'Étoilée mâle est doté de larges antennes pectinées qui lui permettent de capter les phéromones émises par la femelle (brachyptère). Bien que protégée de nombreux prédateurs par ses soies et bien qu'autrefois commune et inhabituellement ubiquiste (la chenille peut vivre dans des environnements variés, mais aussi se nourrir de plantes très différentes), pour des raisons encore mal comprises, l'Étoilée est devenue rare.

Description[modifier | modifier le code]

Papillon[modifier | modifier le code]

Cette espèce est caractérisée par un fort dimorphisme sexuel.

  • le mâle a les ailes brun-rouge à brun-orangé (25 à 30 mm d'envergure), avec deux dessins évoquant des yeux. Sa tête porte deux grosses antennes plumeuses. Comme chez d'autres espèces où le mâle doit détecter la femelle de loin et à sa seule odeur, il vole en faisant des zigzags, souvent en hauteur, à la recherche de femelles, de jour et de nuit.
  • la femelle de couleur gris-blanchâtre est brachyptère et caractérisée par un abdomen inhabituellement gros et arrondi. Une fois sortie de son cocon, incapable de voler, elle se déplace peu, se contentant d'émettre des phéromones attirant les mâles.

Chenille[modifier | modifier le code]

La chenille d’Orgyia antiqua compte parmi les plus originales de toutes les chenilles européennes. Son corps est gris foncé avec des verrues rougeâtres garnies de longues touffes de soies groupées d'un blanc grisâtre ou jaunâtre (parfois brunes). Sa longueur maximum est d'environ 35 mm (jusqu'à 40 mm ?). Au Royaume-Uni, les chenilles peuvent être observées de mai à début septembre[1]. Sa couleur évolue selon sa taille[2].
Une brosse dorsale constituée de poils brun jaune ou ocre clair est placée sur chacun des quatre premiers segments abdominaux.
Le prothorax est pourvu d'une paire de longs pinceaux noirs qui sont dirigés vers l'avant; un pinceau semblable sur le huitième segment abdominal est dirigé vers l'arrière. Deux petits pinceaux latéraux, noirs, se trouvent sur le deuxième segment abdominal.
Ligne longitudinale blanche discontinue au niveau des stigmates sur les flancs.
La tête est d'un noir luisant.

Les soies de cette chenille sont urticantes ou du moins très irritantes. D'après Wagner (2005), la chenille dispose de cellules productrices de toxines, qui servent à enduire l'extrémité de certaines soies que la chenille peut alors présenter à ses adversaires.

Espèces proches ou morphologiquement proches[modifier | modifier le code]

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Répartition[modifier | modifier le code]

Autrefois présente partout en France et dans presque toute l'Europe, l'Étoilée est en forte régression bien que ses chenilles puissent être observées en nombre important là on les voit encore.

Peut-être en raison de leur toxicité pour les oiseaux et/ou du caractère urticant de leurs soies, les chenilles se cachent moins que celles d'autres espèces.

On peut donc facilement les observer sur les murs, les trottoirs, les chemins ou les routes quand elles sont encore présentes.

Habitat[modifier | modifier le code]

C'est une espèce qui se contente d'habitats variés, mais qui semble apprécier la présence d'une strate buissonnante : haies, bois, parcs et jardins, marais, tourbières, landes, voire exceptionnellement au pied d'arbres isolés en environnement urbain (Waring et al., 2003).

Comportement[modifier | modifier le code]

Alimentation[modifier | modifier le code]

Les adultes ne mangent pas. Les chenilles se nourrissent de nombreuses plantes, dont des feuilles d'arbres et arbustes à feuillage caduc, comme les bouleaux (Betula), de Rosaceae telles qu'aubépines (Crataegus), Prunus, Rubus... mais aussi de chênes (Quercus), saules (Salix), tamaris (Tamarix) aussi bien que d'aiguilles de pins ou d'agrumes (Citrus), ainsi que de plantes de la strate herbacée dont par exemple des airelles (Vaccinium), renouée poivre d'eau, chardons... Elle était autrefois réputée préférer le rosier. Peut-être sa régression est-elle pour partie due au développement de l'usage de pesticides (insecticides) dans les jardins et en particulier sur les rosiers[3].

Cycle biologique[modifier | modifier le code]

En Europe septentrionale : la ponte a lieu en juillet-août. Il n'y a qu'une seule génération par an. L'éclosion n'a lieu qu'au printemps de l'année suivante, le développement larvaire n'étant achevé qu'en juillet. L'adulte (imago) émerge de sa chrysalide en juillet-août. Au Royaume-Uni on considère que son cycle annuel est retardé d'un mois dans le nord (Waring et al. 2003)
On peut trouver les cocons sur les branches, dans les anfractuosités de l'écorce.
Les imagos femelles sont aptères. Elles sécrètent de puissantes phéromones qui attirent les mâles qui peuvent les capter grâce à de larges antennes pectinées.

Les adultes ne se nourrissent pas. Leur vie est courte et uniquement consacrée à la reproduction de l'espèce.

Systématique[modifier | modifier le code]

L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758.

Synonymie[modifier | modifier le code]

  • Phalaena antiqua Linnaeus, 1758 [4] Protonyme
  • Phalaena gonostigma Scopoli, 1763
  • Phalaena paradoxa Retzius, 1783[5]
  • Orgyia nova Fitch, 1863
  • Orgyia badia Edwards, 1874
  • Orgyia zimmermanni Graeser, 1888
  • Orgyia confinis Grum-Grshimailo, 1891
  • Orgyia antiqua var. modesta Heyne, 1899
  • Orgyia antiqua var. bukovina Strand, 1910
  • Orgyia antiqua f. manchurica Matsumura, 1933
  • Orgyia antiqua septentrionalis Rangnow, 1935
  • Orgyia antiqua lindrothi Bryk, 1943

L'Étoilée et l'Homme[modifier | modifier le code]

L'espèce qui serait originaire de l'Europe a gagné l'Amérique du Nord et tout le paléarctique où elle est localement considérée comme gênante (source de démangeaisons).

Statut, menaces[modifier | modifier le code]

Ces mêmes mâles sont occasionnellement attirés par certaines lumières (phénomène dit de pollution lumineuse) et sont actifs pendant la journée ou la nuit. Males occasionally come to light (Waring et al., 2003).

Au Nouveau Brunswick (Canada), on a noté que les mâles adultes de cette espèce sont attirés par les pièges à phéromones posés dans les forêts commerciales pour attirer un autre papillon du même genre (Orgyia leucostigma ou « White-marked Tussock Moth ») [6]

La chenille est considérée comme une "plaie mineure" (« minor forest pest ») en Amérique du Nord (Carter, 2004), et peut poser problème dans certaines villes du Royaume-Uni (Porter, 1997).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Waring et al., 2003
  2. Sandre S.-L., Tammaru T. & Mand T. (2007) "Size-dependent colouration in larvae of Orgyia antiqua (Lepidoptera: Lymantriidae): A trade-off between warning effect and detectability?", European Journal of Entomology, jrg. 104, nr. 4, p. 745-752. (Résumé de l'article)
  3. « Mémoires de la Société des sciences de l'agriculture et des arts de Lille », 1851, voir page 471
  4. Linnaeus, 1758; Syst. Nat. (Edn 10) 1 : 503
  5. Retzius, 1783; Gen. Spec. Ins. : 36
  6. Carter, 2004

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Michael Fibiger et al., Noctuidae Europaeae, vol. 13 : Lymantriinae and Arctiinae, including phylogeny and check list of the quadrifid Noctuoidea of Europe, Sorø, Thomas J. Witt & László Ronkay, , 448 p. (ISBN 978-87-89430-18-8).
  • D.J. Carter, B. Hargreaves, Guide des chenilles d'Europe, Paris 1988, 311 p. (ISBN 2-603-01444-7), Delachaux & Niestlé, p. 225.
  • Michael Chinery, Insectes de France et d'Europe occidentale, Paris, Flammarion, , 320 p. (ISBN 978-2-08-128823-2), p. 150-151
  • V.J. Stanek, Encyclopédie illustrée des Insectes, édit: Gründ 1977.
  • (en) Carter, Nelson E. 2004. Status of forest pests in New Brunswick in 2003. Department of Natural Resources, Fredericton, New Brunswick, p. 7–8. (Voir)
  • (en) Liste rouge IUCN 2007 (vu le ).
  • (en) Porter, Jim. 1997. The Colour Identification Guide to Caterpillars of the British Isles. Viking, London, p. 80.
  • (en) Wagner, D.M. 2005. Caterpillars of eastern North America. Princeton University Press.
  • (en) Waring, Paul, Martin Townsend and Richard Lewington. 2003. Field Guide to the Moths of Great Britain and Ireland. British Wildlife Publishing, Hook, UK, p. 208.