Niphargus

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Niphargus est un genre de crustacés amphipodes.

Ses espèces sont très diversifiées dans les milieux cavernicoles et interstitiels. Ce sont des animaux typiques des grottes d'Europe, qu'on peut parfois trouver dans certains puits, fontaines ou résurgences après les grosses pluies.

Description[modifier | modifier le code]

C'est un genre d'invertébrés (il ne possède pas de colonne vertébrale). Il mesure de 4 à 50[1] millimètres environ et pèse environ 12 mg. C'est un carnivore[2] quand des proies sont disponibles, mais il peut se nourrir de débris organiques, s'il n'a pas d'autre choix. Il peut survivre 200 jours sans manger et 6 mois hors de l'eau, mais dans une zone humide. Il ne supporte pas la lumière (20 000 lux) qui peut le tuer en quelques jours.

Biologie[modifier | modifier le code]

Les niphargus sont anophtalmiques, c'est-à-dire qu'ils ont perdu leurs yeux – comme beaucoup d'autres espèces cavernicoles strictes, au cours de l'évolution. Seules subsistent quelques reliques de cellules optiques, sous la cuticule, connectées au cerveau. Ils réagissent pourtant non seulement à la lumière, mais aux couleurs, semble-t-il grâce aux cellules de la cuticule qui perçoivent les couleurs.

En laboratoire, ils fuient la lumière blanche, et les lumières bleues et vertes. Quand cette possibilité leur est offerte, les niphargus gagnent les zones non éclairées, ou les zones éclairées en jaune orange ou rouge[3].

Leur odorat, ou des capteurs de vibrations, leur permet de détecter proies et autres nourritures[3]. Kürek a montré en 1967 que cette espèce parfois trouvée dans la dérive des invertébrés peut quitter une source, s'alimenter dans un ruisseau, puis remonter le courant (au moins sur 8 m de distance dans le cas de cette expérience) et retourner dans le milieu souterrain[4].

La femelle peut pondre toute l'année, mais préférentiellement vers mai-juin et décembre[3].

À la différence de ses cousins gammares de la surface (qui sont le moins actif vers midi et le plus actif vers minuit), le niphargus ne semble pas avoir de rythme circadien. Il se montre beaucoup plus résistant à l'anoxie que les gammares, mais à la différence de ces derniers, il ne semble pas capable d'augmenter son rythme respiratoire quand la température de l'eau augmente[3].

Vivant dans des eaux souterraines de température moyenne de l'ordre de 11 °C, Niphargus supporte mal les élévations thermiques et ne survit pas au-delà de 15 °C[5]. À l'inverse, bien qu'il ne gèle habituellement pas, ou peu fréquemment, dans les cavernes souterraines où il est le plus présent, il survit quand il est pris dans la glace, et reprend son activité dès qu'il peut en dégager ses appendices[3]. Ceci lui a probablement permis de mieux survivre aux dernières glaciations.

Certaines espèces supportent des eaux très dures et survivent quand on augmente progressivement la salinité de l'eau. Certaines espèces vivent aussi dans l'eau souterraine des massifs granitiques[3], ou dans des eaux davantage acides.

Espèces[modifier | modifier le code]

On distingue de nombreuses espèces. Cette diversité biologique est probablement le fruit d'une faible capacité de dispersion et de la spéciation dans les réseaux hydrologiques[6].

Chaque espèce endémique a évolué dans des groupes séparés. La plupart ont donc un statut de conservation classé « vulnérable ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bernard Hamon, « L'amphipode Niphargus dans les mines de fer de Maxéville (54) », Scories Spécial Biospéologie, Besançon, Commission de protection des eaux, du patrimoine, de l'environnement, du sous-sol et des chiroptères (CPEPESC) nationale, no 428,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  2. Christophe Prévot, « Niphargus vs. Cæcosphæroma », Le P'tit Usania, Nancy, Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, no 304,‎ , p. 5 (ISSN 1292-5950, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e et f « Vidéo pédagogique intitulée Niphargus, animal cavernicole (03/01/1973) 19 min, réalisée par Philippe Bouvet sous la direction scientifique de Marie-Josée Turquin, par SFRS / Université Claude Bernard (Lyon I) », sur Canal-U
  4. (en) D.A. Hugues, « Some Factors Affecting Drift and Upstream Movements of Gammarus Pulex », Ecology, vol. 51, no 2,‎ , p. 301-305 (DOI 10.2307/1933668, lire en ligne)
  5. Roger Husson, « Considérations sur la biologie des Crustacés cavernicoles aquatiques (Niphargus, Caecosphaeroma, Asellus) », 1er Congrès international de spéléologie, Paris, C.N.R.S., t. III,‎ , p. 65-70 (lire en ligne)
  6. Tristan Lefébure, C. J. Douady, M. Gouy, P. Trontelj, J. Briolay et J. Gibert, « Phylogeography of a subterranean amphipod reveals cryptic diversity and dynamic evolution in extreme environments », Molecular Ecology, vol. 15, no 7,‎ , p. 1797–1806 (DOI 10.1111/j.1365-294X.2006.02888.x, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ginet, R. :
  • Hamon, B. :
    • voir Scories Spécial Biospéologie
    • (2013) - « Niphargus virei (Chevreux, 1896) et lignées cryptiques », Le P'tit Usania no 175 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 4-6
    • (2013) - « Niphargus fontanus (Bate, 1859) : situation de l'espèce dans le département de Moselle », Le P'tit Usania no 176 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 1-3
    • (2013) - « Le genre Niphargus en France et en Lorraine », Le P'tit Usania no 184 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 4-6
    • (2014) - « La station de Niphargus virei (Chevreux, 1896) de Villers-lès-Nancy », Le P'tit Usania no 188 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 1-3
    • (2014) - « L'amphipode Niphargus aquilex, Schiödte (1855), en Lorraine : le point sur les connaissances acquises », Spéléo L no 23 (ISSN 0758-3974), Lispel, Tomblaine, p. 5-12
    • (2015) - « L'amphipode Niphargus fontanus, Bate (1859), en Lorraine : le point sur les connaissances acquises en 2014 », Spéléo L no 24 (ISSN 0758-3974), Lispel, Tomblaine, p. 5-18
    • (2015) - « La station de Niphargus virei (Chevreux, 1896) de Villers-lès-Nancy (54) », Le P'tit Usania no 205 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 1-2
    • (2015) - « Niphargus fontanus (Bate, 1859) en Lorraine (1908-2015) », Le P'tit Usania no 206 (ISSN 1292-5950), Union spéléologique de l'agglomération nancéienne, Nancy, p. 3-4
  • Jeannel, R. (1926) - Faune cavernicole de la France, Ed. Lechevallier, Paris
  • Sarrazin, J. (2012) - « Découverte fortuite en exploration souterraine... », Bulletin de l'Association pour le Développement de l'Archéologie sur Niort et les Environs no 24, extrait [1]

Vidéographie[modifier | modifier le code]

  • « Niphargus, animal cavernicole », sur Canal-U (consulté le ), film documentaire de 19 min réalisé par Philippe Bouvet en 1973, sous la direction scientifique de Marie-Josée Turquin, par SFRS / Université Claude Bernard (Lyon I), 03/01/1973. 1er prix au Festival international de spéléologie de La-Chapelle-en-Vercors en 1977
  • « Vie souterraine dans le karst », sur Canal-U (consulté le ), film documentaire de 31 min réalisé par Jean Glénat en 1972, sous la direction scientifique de C. Delamare-Deboutteville et C. Juberthie, par SFRS / Université Claude Bernard (Lyon I), 01/01/1972.