Nicolas Remy

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Nicolas Rémy
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Nicolas Remy, né en 1530 et décédé en , est un avocat, procureur général, historien, diplomate et auteur lorrain de la fin du XVIe siècle. Il est l'auteur de la Démonolâtrie (1592).

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Charmes, fils de Gérard Remy, prévot de Charmes et de Claudon Thommassin, issue d'une famille au service de la prévoté de Charmes.

Selon certains biographes, après avoir étudié à Paris et Toulouse, il devient professeur de littérature et de jurisprudence, puis lieutenant général au bailliage des Vosges le à la place d'un de ses oncles maternels, François Mittat. En vérité les lettres patentes de sont la seule source biographique sur Nicolas Remy. On y trouve la mention « m[aistr]e Nicolas Remi, licencié ès loiz des universitez de France, où il auroit versé l’espace de vingt ung ans, faisant profession, la pluspart d’iceulx, d’enseigner tant les lettres humaines que les droictz... » L’Archiviste de Nancy, Henri Lepage, et M. Leclerc, auteur en 1869 d'une notice présentée à l'Académie Stanislas, ont tenu un prudent raisonnement : « Les Universités de France que Nicolas Remy a suivies […] étaient probablement [...] les plus célèbres d’alors ». Ce qui a donné chez d'autres une certitude alors que le nom de Nicolas Remy n'a pas été trouvé dans les matricules universitaires.

En 1573, il reçoit une commission extraordinaire pour mettre fin aux désordres à Plombières (aujourd'hui Plombières-les-Bains) et punir une évasion du château-prison de la prévôté d'Arches. Le procès qu'il fait à Blaison Barisel, lieutenant du prévôt, et à plusieurs autres fauteurs de troubles, est l'occasion de manifester ses capacités judiciaires et son sens politique, car d'une affaire particulière il fait un procès de la fonction publique et en , il condamne Barisel au « déquartèlement », peine spécifique pour haute trahison envers le Duc.

Secrétaire ordinaire le , échevin de Nancy en 1576. Anobli par lettre du duc Charles III de Lorraine le , vérifiées le . Membre du conseil privé le et procureur général le . En 1599, Nicolas Remy obtient de pouvoir transmettre sa charge à son fils Claude, formé en droit à Paris et déjà avocat en Parlement, autorisé par le Duc à « continuer et poursuivre ses estudes et se façonner à la practique en ladicte court de parlement à Paris », ce qui laisse donc le père exercer la charge « aussi longuement qu’il le voudroit » tout en ayant déjà assuré la transmission de l’office. La retraite de Nicolas Remy correspond au premier versement des gages à Claude Nicolas Remy en 1606. La confusion est entretenue par la signature « C. Nicolas Remy » au bas des actes judiciaires où parfois manque le C.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Remy est connu pour son ouvrage sur les démons, sorciers et sorcières, dans lequel il a consigné plus de neuf cents procès et séances de torture sur une période de quinze ans : Dæmonolatreiæ libri tres publié a Lyon en 1595 et traduit en français en 1998[1]. Le titre fait écho au célèbre ouvrage de Jean Bodin, De la Démonomanie des sorciers (1580), qui a connu de nombreuses réimpressions.

Entre 1577 et 1592, Rémy condamne plusieurs centaines de personnes au bûcher pour satanisme. La méthode du magistrat aboutissait inévitablement à la condamnation : « Ayant un jour à juger une femme accusé d'aller nuitamment au sabbat, il reçut le témoignage sous serment de son mari qui jura que sa femme n'avait pas quitté le lit conjugal la nuit. Nicolas Remy l'envoya pourtant au bûcher sous prétexte que le diable s'était emparé de son âme et que même en rêve elle avait pactisé avec le Malin[2]. » Rendant compte de cet ouvrage, un collectionneur du XVIIIe siècle le résume ainsi : « Contient les procédures de 900 sorciers exécutés à Nancy en quinze ans. Elles fournissent à cet Inquisiteur le sujet d'un poème latin. Impression que la lecture de ce livre a faite sur l'éditeur : on y prend une trop mauvaise idée du genre humain[3] »

Références[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christian Pfister, Histoire de Nancy, t. t. II, Paris-Nancy, Berger-Levrault, , p. 555-593.
  • Christian Pfister, « Nicolas Remy et la sorcellerie en Lorraine à la fin du XVIe siècle », Revue historique, vol. 93-94,‎ , p. 225-239 et 28-44.
  • Jean Boës, La Démonolâtrie, texte établi et annoté à partir de l’édition de 1595, Nancy, PU, 1998, 338 p.
  • Antoine Follain, Blaison Barisel, le pire officier du duc de Lorraine, Paris, L'Harmattan, 2014, 288 p.
  • Marie-Nelly Fouligny, Les sources antiques dans la Démonolâtrie de Nicolas Rémy, thèse de doctorat d’études latines, université de Nancy II,1998, 1059 p. sous la direction du professeur Jean Boës.
  • M. Leclerc, « Notice sur Nicolas Remy », Mémoires de l’Académie de Stanislas 1868, éd. 1869, p. 49-158.
  • Bruno Meniel, Écrivains juristes et juristes écrivains du Moyen Âge au siècle des Lumières, Paris, Classiques Garnier, , p. 1081-1084.
  • Louise-Marie Libert, Les plus terribles affaires de sorcellerie : Essai historique, La Boîte à Pandore, (lire en ligne)
  • Jonathan Pezzetta, « Edifier une justice souveraine au sein d'une petite principauté : le tribunal des échevins de Nancy (XVIe-début XVIIe siècle) », Le Pays lorrain, no 2,‎ , p. 173-176.
  • Laurent Martino, Histoire chronologique de la Lorraine : Des premiers Celtes à nos jours, Nancy, Éditions Place Stanislas, , 221 p. (ISBN 978-2-35578-038-7), p. 108
  • Maryse Simon et Rita Voltmer, « Judge and Demonologist : Revisiting the impact of Nicolas Remy on the Lorraine Witch Trials », dans Julian Goodare, Rita Voltmer et Liv Helene Willumnsen (dir.), Demonology and Witch-Hunting in Early Modern Europe, Londres, Rutledge, .
  • Jonathan Pezzetta, « Nicolas Remy », dans Isabelle Guyot-Bachy et Jean-Christophe Blanchard (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante, Metz : Éditions des Paraiges, 2022, p. 265-266.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • En 2022, le téléfilm Meurtres à Nancy évoque le nom de Nicolas Rémy et s'inspire de ses agissements pour bâtir et dérouler son intrigue.

Liens externes[modifier | modifier le code]