Nan Goldin

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Nan Goldin
Nan Goldin en 2009.
Biographie
Naissance
Nationalité
Domiciles
Formation
Ecole du Musée des Beaux-Arts de Tufts (en)
Université TuftsVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Tin Pan Alley (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
« Cinq de Boston » (Five of Boston)
Représentée par
Marian Goodman Gallery (d), Matthew Marks Gallery (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Influencée par
Cookie Mueller, Greer Lankton (en), Jack SmithVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Œuvres principales

Nancy Goldin dite « Nan Goldin », née le [1] à Washington, D.C. (États-Unis), est une photographe américaine.

L'œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur en 1963, elle évolue tout au long de son existence dans divers milieux qui nourrissent sa créativité. Ses photos prises sur le vif documentent une époque : drogue, prostitution, mouvement gay et lesbien, violence conjugale, crise du sida dans laquelle nombre de ses amis disparaissent.

Depuis sa jeunesse, elle considère la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire.

Nan Goldin mène une campagne contre la famille Sackler, propriétaire de l'entreprise Purdue Pharma qui commercialise l'OxyContin, impliquée dans la crise des opioïdes aux États-Unis. Ses actions aboutissent à ce que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille, et qu'ils effacent leur nom des hommages rendus à leurs mécènes.

Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Nan Goldin naît à Washington DC et grandit dans le Massachusetts, dans une famille juive de la classe moyenne[2]. Lorsqu'elle a 11 ans, sa sœur aînée Barbara se suicide après plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques[3]. À quinze ans, elle s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs de la Satya Community School de Lincoln (Massachusetts).

En 1972, elle entre à l’école de musique à Boston où elle rencontre le photographe David Armstrong. Ce dernier devient drag queen, ce qui permet à Nan Goldin de côtoyer ce milieu très marginalisé qu'elle photographiera tout au long de sa vie. À cette époque, Nan Goldin utilise surtout les couleurs primaires. Après avoir déménagé à New York, en 1978, elle commence à réaliser des photos aux couleurs saturées, plongées dans une lumière artificielle. Elle tombe enceinte d'un père anonyme.

Durant ces années commence à naître l’œuvre qui la rendra célèbre et qui met plus de 16 ans à être élaborée, The Ballad of Sexual Dependency, constituée de plus de 800 diapositives projetées en boucle et accompagnées de chansons issues d’univers et d’inspirations très divers, tels que James Brown, Maria Callas ou The Velvet Underground.

Les principaux thèmes évoqués sont la fête, la drogue, la violence, le sexe, l’angoisse de la mort. Pourtant, Goldin a avant tout le désir de photographier la vie telle qu'elle est, sans censure. Or, selon elle, ce qui est intéressant, c'est le comportement physique des individus. Elle traite de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté de survivre.

Nan Goldin n’a pas de tabou, allant même jusqu'à se photographier peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque, ce qui avait manqué de lui faire perdre un œil. Ce fameux cliché fait partie de la série intitulée All By Myself qui évoque et qui atteste son propre délabrement, physique et mental. C’est en étalant publiquement sa vie et son histoire qu’elle réussit à mieux se comprendre et à s’accepter, tout en s’identifiant dans la société.

Nan Goldin est confrontée au début des années 1980 à l’apparition du sida, qui décime ses amis proches et ses modèles, qu’elle considère comme sa propre famille, et qu’elle photographie de leur vie quotidienne à leur cercueil. C'est le cas par exemple de Cookie Mueller, morte à 40 ans le , à qui Goldin consacre une exposition en 1991. À cette occasion est publiée La Dernière Lettre (A Last Letter) de son amie, qui décrit le drame de la génération du début du baby-boom fauchée par l'épidémie.

En 1996, dans une interview à The Advocate, elle déclare être activement bisexuelle depuis le début de sa vie sexuelle[4]. Elle indique par ailleurs avoir été largement inspirée et influencée par la communauté LGBT, qui l'a entourée depuis son adolescence[4].

Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris. Son travail évolue vers des ambiances moins destructrices et plus tendres que ne l'étaient ses travaux des années 1980.

En 2014, comme elle souffre d’une tendinite au poignet gauche, un médecin berlinois lui prescrit de l’OxyContin. Ce puissant anti-douleur crée chez elle une addiction, si bien qu'en , elle doit suivre une cure de désintoxication. Nan Goldin décide alors de mener une campagne contre la famille Sackler, en possession de Purdue Pharma, l'entreprise qui vend l'OxyContin aux États-Unis. Elle souhaite notamment que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille[5],[6]. Le film de Laura Poitras Toute la beauté et le sang versé (2022) documente cette lutte et la vie de l'artiste.

En novembre 2023, Nancy Goldin participe avec des militants juifs américains progressistes à l'occupation dans le calme de la statue de la Liberté à New York pour exiger d’Israël un cessez-le-feu dans la bande de Gaza dans le conflit qui oppose le Hamas et Israël[7].

Décoration[modifier | modifier le code]

Œuvre[modifier | modifier le code]

Nan Goldin et ses photographies forment un ensemble singulier où le spectateur se sent « aspiré » par leur monde. Archétypes communs, mémoire collective, histoires dans lesquelles il s'identifie et/ou s'interroge, la photographie de Nan Goldin renvoie le spectateur à ses propres questionnements.

Son travail est considéré comme un miroir tendu à sa génération ou comme un répertoire désenchanté d'évènements récents de notre expérience collective. Il soulève notamment les problèmes de la relation entre vérité et simulation, entre prose et poésie.

Diaporamas[modifier | modifier le code]

Principales expositions[modifier | modifier le code]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice d'autorité personne du catalogue général de la BNF.
  2. (en-GB) Sean O'Hagan, « Nan Goldin: 'I wanted to get high from a really early age' », The Observer,‎ (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le ).
  3. « Arles, 40 ans et Nan Goldin », sur Télérama, .
  4. a et b (en) The Advocate, 15 oct. 1996, p. 68.
  5. Maud Darbois, « Addiction aux opioïdes : la photographe Nan Goldin s’attaque à l'industrie pharmaceutique américaine », sur Les Inrocks, Les Inrocks, (consulté le ).
  6. « Nan Goldin en campagne contre le médicament OxyContin et la famille Sackler », sur L'Œil de la Photographie Magazine, (consulté le ).
  7. « Guerre Israël - Gaza: Netanyahu refuse un cessez-le-feu et revendique le contrôle de la sécurité à Gaza après la guerre », sur rtbf.be avec AFP, (consulté le ).
  8. Insignes remis par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, le 27 juin 2006.
  9. Discours prononcé par le ministre, sur culture.gouv.fr, 27 juin 2006
  10. Du 11 octobre au 31 décembre.
  11. Du 16 septembre au 1er novembre.
  12. Du 2 octobre 2010 au 2 janvier 2011.
  13. Du 20 novembre 2010 au 28 mars 2011.
  14. (en) « Nan Goldin », sur IMMA (consulté le )
  15. Du 2 juin au 11 novembre 2018.
  16. Philippe Régnier, « Le FILAF lance sa troisième édition à Perpignan », Le Quotidien de l'art, no 407, 26 juin 2013.
  17. Art Media Agency, 21 juin 2013.
  18. « The Royal Photographic Society Awards 2018 - RPS », sur web.archive.org, (consulté le )
  19. Michel Guerrin, « L'album de famille cru et intime de Nan Goldin », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie Bottin, « La critique en dépendance. La réception de l’œuvre de Nan Goldin en France (1987-2003) », Études photographiques, no 17,‎ , p. 67-85 (lire en ligne Accès libre).
  • Guido Costa (trad. de l'anglais), Nan Goldin, Paris, Phaidon, coll. « 55 », , 125 p. (ISBN 0-7148-9148-7).
  • (en) Christoph Heinrich (sous la dir. de) (trad. de l'allemand), Émotions & relations : Nan Goldin, David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson, Philip-Lorca diCorcia, Köln - New York, Taschen, , 200 p. (ISBN 3-8228-7507-4).
  • Frédéric Martel, « Nan Goldin ou la politique de l'intimité », La Nouvelle Revue française, no 559,‎ , p. 274–289.

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Contacts, Jean-Pierre Krief, France, 2000, 14 min, Arte
  • Toute la beauté et le sang versé (All the Beauty and the Bloodshed), documentaire américain réalisé par Laura Poitras, sorti en 2022. Nan Goldin y montre son combat qui finit par aboutir au retrait du nom de la famille Sackler (propriétaire de Purdue Pharma) associé à des salles ou des ailes entières de grands musées. La philanthropie de la famille Sackler est qualifiée de blanchiment de réputation à partir des bénéfices tirés de la vente d'opiacés.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]