Louis Napoléon Le Roux

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Louis Napoléon Le Roux
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 54 ans)
LondresVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Gwenole Molène, Ludovic Héda, Eostik Traou-GeodiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Bretonne. Irlandaise.
Activités
Conjoint
Marion Murphy (1936)
Autres informations
Membre de

Gorsedd de Bretagne Parti Nationaliste Breton (1911)

Sinn Fein

Louis Napoléon Le Roux (né en 1890 à Pleudaniel, décédé en 1944 à Londres) (en breton Loeiz-Napoleon Ar Rouz) est un fils de meunier (d'une famille de huit enfants) et nationaliste breton.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 1909 il est employé comme comptable chez François Jaffrennou, dit Taldir, il assure le secrétariat de rédaction de la revue Ar Bobl mais il sera vite en confrontation avec Jaffrennou au nom de l’expression de ses propres idées bretonnes qui se veulent autrement radicales, en revendiquant la volonté de séparer la Bretagne de la France pour en faire un État souverain.

Il cosigne le Manifeste pour le séparatisme ainsi qu’une brochure : Pour le séparatisme, puis en 1912 le journal Breiz Dishual (en breton : Bretagne Libre) qui perdurera péniblement jusqu’à 1914. Il écrira aussi un article Le renouveau de la Bretagne qui sera publié dans le journal de l'IRA An Phoblacht le 11 octobre 1930. À 21 ans, il est un des fondateurs en octobre 1911 du Parti nationaliste breton (le premier PNB) avec Camille Le Mercier d'Erm et son frère, plus radical encore, Pierre-André Le Roux. Il devient alors ouvertement indépendantiste (on dit alors séparatiste).

Il signe toujours Louis N. Le Roux pour ne pas mettre en avant le nom de « Napoléon ». Cette information est aujourd'hui remise en cause.

Il fait partie des manifestants qui protestent bruyamment le à Rennes lors de l'inauguration du monument de Jean Boucher représentant Anne de Bretagne agenouillée devant le roi de France[1], monument qualifié de « honte nationale », jugé dégradant par le mouvement breton (ou Emsav) et qui sera détruit dans l'attentat du 07 août 1932 à l'explosif par l'organisation clandestine bretonne Gwenn ha du (blanc et noir en breton) avec lequel Le Roux est en contact (Il a pu être impliqué dans le dynamitage), notamment avec sa porte-parole Meavenn qu’il rencontre en Irlande et à qui il présente des membres de l’IRA comme Franck Ryan.

Il participe au bulletin Brug (Bruyères) en y écrivant plusieurs articles en langue bretonne que fait paraître Émile Masson depuis Pontivy, en 1913-1914, pour le trégorrois, qui fait répandre les thèses socialistes et libertaires dans la paysannerie de Basse-Bretagne. Il traduit avec Émile Masson en breton À mon frère le paysan en 1912, une brochure de l’anarchiste français Élisée Reclus. En 1913, il apprend l'anglais.

Pour ne pas participer à la guerre de 1914-1918, car il ne veut pas mourir pour la France et les militaristes, il se rend en Suisse pour éviter la conscription française. De là, il visite l'Irlande, puis s'installe en Angleterre où il séjourne durant une grande partie du conflit. Il s’explique quelques années plus tard en disant « qu’il ne souhaitait prendre les armes et mourir que pour son pays et pas pour les « militaristes », ces pauvres êtres qui n’ont rien tenté pour éviter la catastrophe, mais qui, au contraire, ont tout fait pour la rendre inévitable »[2]. C'est durant son séjour en Angleterre, qu'il est devenu membre de la Ligue celtique et de la Ligue gaélique. Il obtient de la Grande-Bretagne le statut de réfugié politique en 1916, alors que la France avait demandé son extradition.

Avec cet exil commence une période de la vie de Le Roux dont nous n’avons pas encore réussi à retrouver toutes les informations. S’il a échappé aux combats sur le sol français, il s’est néanmoins retrouvé sous les drapeaux britanniques, en Irlande entre juin 1916 et septembre 1917 juste après l’Easter Week, l’insurrection irlandaise de Pâques 1916 avant d’être démobilisé pour raison de santé. Mais Le Roux connaissait déjà l’Irlande, il y avait voyagé durant l’année 1914 sans que l’on ne sache exactement pour quelles raisons. C’est peut-être à ce moment qu’il commence tisser des liens avec les mouvements républicains irlandais. Durant les années 1930, il raconte dans War Zao, un journal nationaliste breton du Trégor proche du communisme, avoir été un agent du Sinn Fein[3], le parti républicain irlandais. Il explique même avoir été arrêté par la police britannique et être passé près du peloton d’exécution. La thèse selon laquelle il renseignait les militants irlandais quand il était sous uniforme britannique n’est donc pas à exclure.

En 1919, alors que l’agitation séparatiste irlandaise se fait grandissante, Le Roux est invité à Dublin pour intervenir dans un meeting de la Irish Literary Society. Cela marque le début d’une période bien connue de sa vie, celle d’intellectuel militant dans l’Irlande en plein conflit indépendantiste, puis dans le nouveau pays qui voit le jour à partir de 1921. Il écrit dans la revue La Bretagne libertaire en 1921. En Irlande il est hébergé dans la famille de Tom Clarke et devient un proche des leaders nationalistes et milite dans les rangs du Sinn Fein. Grâce à des contacts républicains, il a obtenu un emploi dans les Irish Sweeps, où il semble qu'il ait été impliqué dans la distribution clandestine de billets Sweeps aux États-Unis via un réseau IRB. C’est Le Roux qui va écrire la première biographie de Patrick Pearse en 1932, de Tom Clark, publier un livre sur la Ligue gaélique, avec en toile de fond de précieux travaux sur l’histoire de l’indépendance irlandaise auquel il a assisté de près. L'ensemble de ses archives ont été rachetées par l’État irlandais en 2008, vu leur intérêt pour l’histoire du pays. Pour le remercier de ces travaux, le nouvel Etat Libre accorde d’ailleurs à Le Roux la nationalité irlandaise en 1932. Ses liens avec ce pays se font même jusque dans l’intime, en 1936 c’est à une irlandaise, Marion Murphy de Clonmel, fille d’un militant républicain (rédacteur en chef du journal « nationaliste » de Clonmel), qu’il passe la bague au doigt.

En 1922, il est le traducteur français des ouvrages de J. Ramsay MacDonald, notamment Le Socialisme et la Société (1922) puis après divers développements devient le secrétaire particulier du futur Premier Ministre britannique Harold MacMillan. Il fait quelques voyages discrets en Bretagne, notamment en 1939 lors du débarquement d'armes à Locquirec destinés aux indépendantistes bretons[1].

Dans les années 1930, il fréquente les breizh atao mais s'en écarte vite pour éviter d'éponger les dettes du journal sans contrepartie politique. Le Roux crée alors une Association nationale bretonne, avec un nouveau journal intitulé Breiz Dishual. Dans son testament politique, il ne croit pas à la lutte armée en Bretagne. Pour Le Roux, il suffit d'obtenir l'enseignement du breton obligatoire dans toute la basse Bretagne et l'enseignement de l'histoire de Bretagne dans toute la Bretagne pour lancer la Bretagne d'une façon irréversible vers son émancipation.

Il est tué dans les bombardements de Londres durant la Seconde guerre mondiale par un V2 allemand le 5 août 1944 tombé sur l'hôpital de Middlesex où il est soigné à cause d'une mauvaise grippe.

Publications[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Thierry Jigourel, Grands rebelles et révoltés de Bretagne, éditions Ouest-France, 2013, (ISBN 978-2-7373-6004-6) et http://www.revolte-papier-timbre.com/histoire/galerie-de-la-revolte-des-bonnets-rouges.html
  2. Texte de Louis Napoléon Le Roux dans La Bretagne Libertaire de Camille Le Mercier d’Erm de 1921.
  3. Louis Napoléon Le Roux, « Ar gwir enep d’ar gaou » [Le vrai contre le faux], War Zao, décembre 1931-janvier 1932.

Liens externes[modifier | modifier le code]