Les Ambitieux (film, 1964)

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Les Ambitieux
Affiche du film en version originale
Affiche du film en version originale
Titre original The Carpetbaggers
Réalisation Edward Dmytryk
Scénario John Michael Hayes d'après le roman The Carpetbaggers d'Harold Robbins
Musique Elmer Bernstein
Acteurs principaux
Sociétés de production Embassy Pictures Corporation
Paramount Pictures
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film dramatique
Durée 150 minutes
Sortie 1964

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Carroll Baker sur le tournage

Les Ambitieux (titre original : The Carpetbaggers[1]) est un film américain réalisé par Edward Dmytryk et sorti en 1964. Le film est tiré du roman à succès (et à scandale[2]) d'Harold Robbins, publié en 1961 : Les Ambitieux (en)[3]

Synopsis[modifier | modifier le code]

Dans les années 1920, le séduisant Jonas Cord Junior est considéré comme "un fils indigne" par son père Jonas Cord Senior, entrepreneur local. À la mort soudaine de ce dernier, Jonas Junior prend le contrôle de l'entreprise familiale Cord Chemical Factory. Aussitôt, il rachète les parts de sa belle-mère, la veuve Rina Marlowe Cord (son ex-fiancée qui a épousé Jonas Senior pour sa fortune). Son seul ami, Nevada Smith, un vacher qui a été comme un père pour lui dans son enfance, quitte la maison de Cord pour entamer une carrière de cow-boy dans le cinéma muet. Pour Jonas Junior, c'est le début d'une vertigineuse ascension économique. S'entourant des meilleurs conseillers et avocats, il construit un empire financier en investissant dans les industries novatrices du plastique et de l'aéronautique civile. Par intérêt, il épouse l'héritière Monica Winthrop qu'il néglige ensuite, après avoir écarté son père. Lasse d'être humiliée, Monica divorce, et donne naissance à une fille, loin de son ex-mari. Avec l'avènement du cinéma parlant, Jonas se fait producteur et réalisateur et relance la carrière de Nevada Smith, en perte de vitesse. Il fait aussi tourner Rina, qu'il propulse star de cinéma, mais sans lui offrir l'amour qu'elle attendait. Rina, devenue alcoolique, se tue en voiture et Jonas, pour rentabiliser ses studios après la disparition de sa vedette, la remplace par une copie conforme, Jennie Denton, évitant ainsi l'écroulement financier des actions boursières de son studio. Jonas veut épouser Jennie qui refuse, comprenant qu'elle n'est qu'un objet de plaisir à ses yeux. Les collaborateurs de Jonas, écœurés par sa dureté et ses méthodes, se détournent de lui. Nevada Smith se bat avec Jonas qui reconnait enfin que la peur d'être touché par la folie héréditaire dont son frère est mort a guidé toute sa vie. Libéré, Jonas renonce enfin à sa façon d'être et revient auprès de Monica et de leur petite fille.

Thèmes et contexte[modifier | modifier le code]

Le personnage de Jonas Cord Junior a été inspiré par le milliardaire américain Howard Hughes, aviateur, industriel, producteur de cinéma et amateur de belles actrices dont Jean Harlow qui est évoquée par l'héroïne Rina Marlowe Cord.

Deux ans après ce film, en 1966, Henry Hathaway tournera un western, Nevada Smith, préquelle des Ambitieux qui raconte la jeunesse de l'autre personnage principal de ce dernier, incarné cette fois par Steve Mc Queen.

Dès sa sortie en 1961, le roman dont ces films sont issus avait fait scandale dans les États-Unis des années 1960 encore largement puritains, juste avant la vague de libération sexuelle des années 1970. Il a aussi, de ce fait, rencontré un succès fulgurant, et acquis conjointement une sulfureuse réputation, en raison de la violence de certains passages et de la crudité de certaines scènes sexuelles.

Les éditeurs du roman The Carpetbaggers ne furent jamais assignés au tribunal, mais ils exploitèrent vigoureusement (et avec profit) le territoire que Grove Press avait ouvert. Par exemple, à la deuxième page du roman, alors que l’aviateur Jonas Cord Junior s’approche de la piste d’atterrissage de l’usine d’explosifs de son père, Robbins écrit:

« Le toit noir de l’usine gisait sur le sable blanc comme une fille sur les draps blancs d’un lit, dont la sombre tache pubienne chuchoterait son invitation au creux de la nuit obscure[4]. »

En 1961 aux États-Unis une telle image demeurait encore explosive, malgré le terrain défriché peu avant (dès 1959 et 1960) —  sur ce sujet de la censure pour obscénité de certains passages sexuellement explicites — par Grove Press, l'éditeur de la littérature d'avant-garde, de la Beat Generation, des révolutionnaires (Che Guevara, Malcolm X), mais aussi des œuvres "sulfureuses" de D. H. Lawrence (L'Amant de lady Chatterley[5]), Henry Miller (Tropique du Cancer[6]), William S. Burroughs (Le Festin nu[7]), ou encore Vladimir Nabokov (Lolita, mais pas chez Grove Press cette fois[8]). Or, en 1961, cette maison d'édition venait juste de commencer à obtenir gain de cause contre la censure devant les tribunaux.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Acteurs non crédités :

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

À noter[modifier | modifier le code]

  • Dernier film d'Alan Ladd (décédé le ).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le vocable de carpetbagger, qui signifie au sens premier « tapissier », (littéralement « enveloppeur de tapis » ou « enrouleur de tapis », avec parfois la même nuance péjorative qu'en français le « marchand de tapis »), revêt un sens particulier idiomatique aux États-Unis : il désigne « les Nordistes qui se sont rendus dans le Sud après la Guerre de Sécession et se sont engagés dans la politique républicaine [soit celle du récent Parti républicain de l'époque], surtout pour profiter des conditions sociales et politiques instables (ainsi que des subsides) de la région pendant la reconstruction » (notre traduction de "Carpetbagger" sur le site Dictionary.com). Quoique le titre du roman et du film éponyme ait été traduit par « les Ambitieux », l'équivalent en français de carpetbaggers serait plutôt « les opportunistes » ou « les profiteurs », voire « les parachutés ».
  2. Voir section suivante : Thèmes et contexte.
  3. Première édition en français : Harold Robbins, Les Profiteurs : à l'écran "les ambitieux", Presses de la Cité, (présentation en ligne). Et en collection de poche, en deux tomes : Les ambitieux : tome 1, J'ai lu, (ISBN 978-2277119173 et 2277119172, présentation en ligne), et Les ambitieux : tome 2 (ISBN 978-2277119180 et 2277119180, présentation en ligne).
  4. Le texte original de cet extrait (traduit par nos soins) est le suivant : « The black roof of the plant lay on the white sand like a girl on the white sheets of a bed, the dark pubic patch of her whispering its invitation into the dimness of the night. » Extrait de : (en) Harold Robbins, The Carpetbaggers [« Les Ambitieux »], Hodder Paperbacks, 2008 (rééd.), 720 p. (ISBN 978-0340952849 et 0340952849, présentation en ligne, lire en ligne), page 14, où l'on constate que les deux mots pubic patch (« toison pubienne ») qui posaient problème en 1961 par leur "érotisme torride" sont toujours censurés dans l'édition anglaise de 2008…
  5. Lady Chatterley's Lover (« L'Amant de lady Chatterley ») : première publication en 1928 en Italie, 1929 en France, mais 1959 seulement en version expurgée par Grove Press aux États-Unis, et 1960 au Royaume-Uni.
  6. Tropic of Cancer (« Tropique du Cancer »)  : première publication en 1934 à Paris, mais 1961 seulement aux États-Unis par Grove Press.
  7. Naked Lunch (« Le Festin nu ») : première publication en 1959 à Paris, mais 1962 seulement aux États-Unis en version différente (antérieure et expurgée) par Grove Press, et seulement 2001 en version "restaurée".
  8. Lolita : première publication en 1955 à Paris, mais 1967 seulement aux États-Unis par Phaedra Publishers.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]