Léopoldine Hugo

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Leopoldine Hugo)
Léopoldine Hugo
Léopoldine Hugo, peinte par Auguste de Châtillon en 1836, le jour de sa première communion.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 19 ans)
VillequierVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Léopoldine Cécile Marie Pierre Catherine HugoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Vue de la sépulture.

Léopoldine Hugo, née le à Paris, et morte noyée le à Villequier (Seine-Inférieure), à l'âge de 19 ans, est la fille aînée du romancier, poète et dramaturge Victor Hugo et d'Adèle Foucher.

Biographie[modifier | modifier le code]

Léopoldine Hugo à l'âge de quatre ans, toile de Louis Boulanger, 1827, Guernesey, Hauteville House.
Léopoldine lisant, dessin d'Adèle Foucher, 1837, 19,2 × 27 cm, maison de Victor Hugo, Paris.

Née le au 90 rue de Vaugirard à Paris[1], Léopoldine Hugo est le deuxième enfant de Victor Hugo et Adèle Foucher. L'aîné, Léopold, n'a vécu que quelques mois. Son père surnomme sa fille Didine ou Didi.

Léopoldine rencontre Charles Vacquerie (1817-1843), fils d'un armateur du Havre, lors d'une visite de courtoisie que les Hugo font aux Vacquerie dans leur maison de Villequier en 1838.

Léopoldine, qui a 14 ans, et Charles, qui en a 21, s'éprennent l'un de l'autre, mais Victor Hugo, très attaché à sa fille, la trouve trop jeune pour envisager un mariage dès l'année suivante. De plus, plusieurs deuils dans la famille Vacquerie retardent ce désir.

Léopoldine et son époux Charles Vacquerie, dessin d'Adèle Foucher, 1843, Paris, maison de Victor Hugo.

Après avoir patienté cinq ans, Léopoldine épouse Charles Vacquerie le en l'église Saint-Paul à Paris, dans la plus stricte intimité. À cette occasion Victor Hugo compose et dit le poème 15 février 1843, repris dans le chapitre Pauca meæ des Contemplations.

Le suivant le couple arrive à Villequier. Le lundi matin, , vers dix heures, Charles Vacquerie embarque sur la Seine en compagnie de son oncle, Pierre Vacquerie (1781-1843), ancien marin, et du fils de celui-ci, Arthur (1832-1843), âgé de onze ans. Ils comptent se rendre chez Me Bazire, le notaire de Caudebec, à une demi-lieue de Villequier, où ils avaient affaire. Ils montent dans un canot de course que l’oncle venait de faire construire.

Au moment de partir, Charles demande à sa jeune épouse si elle souhaite les accompagner. Celle-ci refuse parce qu'elle n'est pas encore habillée. Les trois voyageurs se mettent en route après avoir promis d'être de retour pour le déjeuner.

Quelques instants plus tard, Charles revient prendre deux lourdes pierres en bas de la maison parce que le canot n’a pas assez de lest. Alors qu'il les met dans le bateau, sa jeune femme s'écrie : « Puisque vous voilà revenus, je vais aller avec vous ; attendez-moi cinq minutes. »

On l'attend, elle monte dans le canot. Madame Vacquerie mère recommande de rentrer pour le déjeuner, regarde le canot s'en aller et pense : « Il fait trop calme, ils ne pourront pas aller à la voile, nous déjeunerons trop tard. » Effectivement, pas une feuille ne tremble sur les arbres. De temps en temps un léger souffle vient un peu gonfler la voile et le bateau avance très lentement. Ils arrivent à Caudebec, où ils rencontrent Me Bazire au sujet de la succession du père de Charles, récemment décédé.

À Caudebec, le notaire veut les persuader de ne pas s'en retourner par la rivière parce qu'il ne fait pas de vent et qu'ils feraient la route trop lentement. Il leur propose donc sa voiture pour les reconduire à Villequier. Les voyageurs refusent et reprennent leur canot.

L'oncle Vacquerie tient la barre du gouvernail lorsque tout à coup, entre deux collines, s'élève un tourbillon de vent[2] qui, sans que rien n'ait pu le faire pressentir, s’abat sur la voile et fait brusquement chavirer le canot[3]. Des paysans, sur la rive opposée, voient Charles reparaître sur l'eau et crier, puis plonger et disparaître, ainsi à plusieurs reprises. Les paysans croient à un jeu. En réalité, Charles tâche d'arracher sa femme qui, sous l'eau, se cramponne désespérément au canot renversé. Charles est excellent nageur[4],[5], mais Léopoldine, qui ne sait pas nager, s'accroche au canot avec l'énergie du désespoir. Les efforts désespérés de Charles restent sans succès. Il se noie aux côtés de Léopoldine.

Pendant ce temps, Madame Vacquerie attend dans le jardin. Elle a pris une longue-vue et regarde dans la direction de Caudebec. Ses yeux se troublent, elle appelle un pilote et lui dit : « Regardez vite, je ne vois plus clair, il semble que le bateau est de côté. » Le pilote regarde et ment : « Non, madame, ce n'est pas leur bateau », mais, ayant vu le canot chavirer, il court en toute hâte avec ses camarades. Il est trop tard. Lorsque l'on apporte quatre cadavres à Madame Vacquerie, sur ce même escalier d'où ils étaient partis trois heures auparavant, elle ne veut pas les croire morts, mais tous les soins sont inutiles. Léopoldine n'avait que dix-neuf ans et son mari en avait vingt-six, l'oncle Pierre soixante-deux et le cousin Arthur à peine onze.

Léopoldine Hugo repose au cimetière de Villequier (Seine-Maritime), dans le même caveau que Charles Vacquerie.

Léopoldine dans l’œuvre de son père[modifier | modifier le code]

La mort prématurée et tragique de sa fille et de son gendre aura une très grande influence sur l’œuvre et la personnalité de Victor Hugo[6]. Il devient adepte du spiritisme et des tables tournantes. Il cesse toute publication littéraire durant presque dix ans, mais pas toute production ; Quand nous habitions tous ensemble est composé en 1844. Il faudra cependant le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte pour que Victor Hugo reprenne la plume et fasse publier Napoléon le Petit (1852) puis Les Châtiments (1853).

L'écrivain, sur le chemin de retour après un voyage en Espagne avec sa maîtresse Juliette Drouet, n'apprendra la mort de sa fille que quatre jours plus tard en lisant un exemplaire du journal Le Siècle[7], le . Il est alors à Rochefort, attablé avec Juliette au « Café de l’Europe » (actuel « Café de la Paix »), place Colbert. Arrivé deux jours plus tard à Paris, il ne pourra aller sur la tombe de sa fille qu'en et consacrera à sa mémoire de nombreux poèmes, notamment Demain, dès l'aube… et À Villequier dans Pauca meae, le quatrième livre des Contemplations, ainsi que : « Elle avait pris ce pli… ». Il rencontra bientôt Léonie d'Aunet qui l'aidera à supporter son deuil.

La mort de Léopoldine impressionnera beaucoup sa jeune sœur Adèle, âgée de 13 ans, au point d'ébranler la santé psychique de l'adolescente. Celle-ci mourra sept décennies plus tard en hôpital psychiatrique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (Actuellement : 88, rue de Vaugirard).
  2. C'est à tort que l'on prétend qu'un mascaret a fait chavirer l'embarcation.
  3. Johan Faerber, « 4 Septembre 1843. Léopoldine, fille de Victor Hugo, meurt noyée » (consulté le )
  4. Florence Colombani, Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Léopoldine Hugo et son père, Grasset, 2010.
  5. Jacques-Henry Bornecque, « Les leçons de Villequier », Le Monde,‎ , p. 9.
  6. « 4 septembre 1843 - Drame familial à Villequier - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  7. « Nouvelles diverses », Le Siècle, no 244,‎ , p. 2 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]