Le Patriarche (association)

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Dianova International
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(Le Patriarche)
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Le Patriarche est une association destinée à « rééduquer », sans médecins ou psychiatres, les personnes toxicomanes dans des lieux de vie communautaire, fondée le , par Lucien Engelmajer. Elle a désormais son siège à Genève.

L'association est signalée comme secte dans la Commission d'enquête parlementaire sur les sectes en France de 1995, à la suite de quoi elle change de nom pour Dianova International.

Historique[modifier | modifier le code]

L'association Le Patriarche est fondée le par Lucien Engelmajer (Joseph de son vrai prénom) afin de mettre en place un lieu de rééducation pour toxicomanes[1]. Elle démarre avec pour membres une douzaine de jeunes « résidents » au lieu-dit La Boëre à Saint-Paul-sur-Save[2]. Le nom de l'association est une référence au surnom de Joseph Engelmajer, qui lui vient d'un groupe de poésie qu'il avait fondé précédemment avec Gilbert Baqué.

En France, à l'instar de Narconon, le Patriarche a bénéficié du manque de structures publiques de prise en charge des toxicomanes pour se développer. En dehors du centre médical Marmottan dirigé par le professeur Claude Olievenstein et de quelques associations médico-éducatives relativement marginales, les toxicomanes sont relégués hors des structures de soins. Olievenstein apporte un temps son soutien à l'association et participe activement à sa création en soutenant la politique d'objectif prioritaire visant l'abstinence, y compris au moyen des sevrages « à sec », c'est-à-dire sans soutien médicamenteux. L'association connaît alors un important développement d'abord en France, puis dans le monde. Près de trois cents centres furent ouverts dans dix-sept pays[3],[4] (en 2012, l'association déclarait n'être plus présente que dans dix pays[5]).

Cette philosophie et ses dérives seront grandement dépassées quand, notamment à cause du SIDA, la politique reposant sur la réduction de risques, entre autres avec les traitements de substitution, sera privilégiée. En Suisse, le modèle dit des quatre piliers (prévention, traitement, réduction des risques et répression) a été adopté par la Confédération dès le début des années 1990.

Dérives sectaires[modifier | modifier le code]

L'association est signalée comme secte dans la commission d'enquête parlementaire sur les sectes en France de 1995[6]. Le Patriarche bénéficie de financements institutionnels. Cependant, l'association est présentée comme étant sectaire par plusieurs rapports parlementaires ainsi que par des associations anti-sectes, plusieurs scandales relatifs à des violences exercées sur des résidents sortent dans la presse[7].

Les soutiens aux communautés du Patriarche se raréfient progressivement. Engelmajer, le fondateur de l'association est accusé de malversations et violences sur des résidents[8]. En 1998, il est contraint à la démission par le conseil d'administration[9]. L'association abandonne alors toute référence à son créateur et prend le nom de Dianova, sous lequel elle normalisera ses activités, allant jusqu'à obtenir le statut consultatif auprès de l'Organisation des Nations unies[9],[5].

Fin 2006, le tribunal correctionnel de Toulouse juge Engelmajer par défaut alors qu'il est en fuite au Belize. Reconnu coupable d'abus de biens sociaux et d'emploi de travailleurs clandestins, il est condamné à cinq ans de prison. Engelmajer meurt d'une pneumonie en 2007 au Belize[10].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Peter Quiet, In the House of Le Patriarche. CreateSpace Independent Publishing Platform, 2015. (ISBN 978-1511408493);
    Histoire sur l’expérience d’un portugais dans les centres de l’association en France et Irlande.
  • Anne Berest, Les Patriarches, Paris, Éditions Grasset et Fasquelle, 2012, 288 p. (ISBN 978-2-246-80084-2). Roman, finaliste du prix Renaudot et du prix de Flore.
  • Jean-Sylvestre Thépenier (ancien responsable de l'association le Patriarche et créateur du site « La psychiatrie nous ment », [2]) a écrit sous le nom d'Henry Vergne, Moi, psychopathe schizophrène toxico suicidaire ?, [3], éditions Axone, 2008;
    Récit autobiographique d'une errance qu'une rencontre avec Le Patriarche arrêtera.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Christian Colombani, « Plusieurs témoignages font état de violences au centre de postcure de la Boère Le patriarche foudroyé ? », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. Temps présent (émission de télévision) : Les drogués du Patriarche ; 21.10.1985 [1].
  3. Gilbert Laval. Insaisissable Patriarche. « Copie archivée » (version du sur Internet Archive) Libération, 8 novembre 2006.
  4. (es) Jaime Millas, « Cáritas suspende la subvención al Centro de Recuperación de Toxicómanos de Beniganim, en Valencia », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Comité chargé des organisations non gouvernementales, Rapports quadriennaux pour la période 2007-2010 présentés par les organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social, par l’intermédiaire du Secrétaire général et en application de la résolution 1996/31 (Session ordinaire de 2012 30 janvier-8 février et 17 février 2012), New York, ONU, (lire en ligne), p. 10.
  6. Commission d'enquête sur les sectes, Assemblée nationale, « Rapport d'enquête N° 2468 (10è législature), enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 22 décembre 1995 », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  7. (en) Stuart A. Wright et Susan J. Palmer, Storming Zion: Government Raids on Religious Communities, Oxford University Press, (ISBN 0195398890).
  8. Éric Favereau, « Mais où est passé le patriarche? Le fondateur contesté de l'association de lutte contre la toxicomanie a été démis de ses fonctions. », Libération,‎ (lire en ligne).
  9. a et b (en-US) Dianova International, « Who we are - History », sur Dianova (consulté le ).
  10. (pt) « Morreu fundador da Le Patriarche - Portugal - Correio da Manhã », sur web.archive.org, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]