Johann Georg Hamann

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Johann Georg Hamann
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 57 ans)
MünsterVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Überwasserfriedhof (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
A influencé
Enfant
Johann Michael Hamann (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Johann Georg Hamann ( à Königsberg, à Münster) est un philosophe et écrivain prussien.

Son attrait pour l’irrationnel et le langage mystique ou prophétique lui vaut le surnom de « Mage du Nord » (der Magus aus Norden), nom qu’il prenait volontiers lui-même.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hamann commence des études de théologie en 1746 à l’université de Königsberg, avant de se tourner vers les études de droit. Ses principaux centres d’intérêt restent néanmoins les langues, la littérature, la philosophie ainsi que les sciences naturelles. Il quitte l’université en 1752 sans avoir obtenu son diplôme. Il s’installe en 1757 à Londres où il demeure jusqu’au début de l’été 1758. Il connaît alors une crise profonde, lors de laquelle il étudie intensément la Bible et qui le conduit à une « expérience de l’éveil ».

Hamann fonde le projet d’épouser Katharina Berens, fille du négociant Christoph Berens, mais il ne put y parvenir. Il revient à Königsberg au début de l’an 1759 en raison d’une grave maladie de son père. En dépit de son excellente connaissance des langues, il ne peut enseigner en raison d’un défaut de prononciation, et il doit donc se contenter de professions accessoires tout en exerçant par ailleurs une importante activité d’écriture. Il se lie d’amitié en 1762 avec Johann Gottfried Herder, sur lequel il exerce une grande influence.

Hamann obtient, en 1767 et par l’intermédiaire de Kant, un poste de traducteur auprès de l’administration prussienne des douanes. Il contracte alors un « mariage de conscience » (qui n'a jamais été officialisé) avec Anna Regina Schumacher, dont il a quatre enfants. Son activité professionnelle lui laisse un temps considérable pour l’étude et l’écriture. À partir de 1787, il voyage à Düsseldorf pour y rencontrer Friedrich Heinrich Jacobi, ainsi qu’à Münster où il meurt le .

Hamann est également un joueur de luth, formé par le virtuose ukrainien Timofiy Bilohradsky (en).

Idées principales et influence[modifier | modifier le code]

Johann Georg Hamann, dit « le Mage du Nord ».

Surnommé le « Mage du Nord[1] ». Penseur mystique et « critique des Lumières » au XVIIIe siècle, Johann Georg Hamann est, d'après Isaiah Berlin, « l'ennemi le plus cohérent, le plus extrême et le plus implacable des Lumières et, en particulier, de toutes les formes de rationalisme de son temps »[1]. Il est considéré comme le prophète du mouvement du Sturm und Drang[réf. souhaitée].

En opposition aux philosophes des Lumières (et notamment à son ami Emmanuel Kant), il s'inscrit dans la tradition de Giordano Bruno, Leibniz, Spinoza et du néoplatonisme. Il développe ainsi un intérêt pour les thèmes de la Création ou de l’Incarnation divine, ainsi que pour l’unité de la raison et de la sensibilité, de l’universel et du particulier, du concept et de la perception. Il exerce une influence importante sur la pensée de Herder et de Jacobi, mais également de Goethe, Hegel, Schelling et surtout de Kierkegaard. Au XXe siècle on peut encore trouver une influence de Hamann autant chez Ernst Jünger qui l'évoque, d'abord en exergue du Cœur aventureux (1929), puis assez souvent dans ses journaux de l'âge mûr, que chez Walter Benjamin, au moins pour son essai intitulé "Sur le langage en général et sur le langage humain" (1916).

Convaincu du fait que nos mouvements psychiques s’accomplissent dans quelque chose d’obscur voire d’inconscient, il se crée pour lui-même un nouveau langage, difficilement compréhensible. Il présente la célèbre devise de Socrate « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » comme un aveu d’irrationalisme, et il exige de même du penseur et du poète une telle « chaleur de la volonté ». Ses écrits, qui sont généralement brefs, sont ponctués de nombreuses citations et allusions, et sont rédigés dans un style énigmatique qui présente un contraste avec le style simple et limpide de sa correspondance. On a voulu en conclure que l’ambition de Hamann, dans ses écrits, était de « contraindre » son lecteur à un travail actif d’élaboration de la pensée. Auteur et lecteur sont chez lui complémentaires, forment deux moitiés d’un même tout, qui doivent s’adapter l’une à l’autre pour pouvoir rejoindre un but commun.

Cette approche peut à son tour être réinscrite dans son concept central de coincidentia oppositorum (union des contraires), union qu’il cherchait à mettre en évidence, au sein de la vie humaine tout autant que dans les mystères christiques, avec le cas de l’union énigmatique du corps et de l’esprit, de la sensibilité et de la raison, du destin et de la responsabilité. Une telle fascination pour la contradiction l'a conduit à adopter une forte attirance pour l’ironie, dont ses écrits sont constamment empreints et qui a notamment joué un rôle dans l’influence qu’il a exercée sur Kierkegaard.

Les ouvrages les plus importants de Hamann sont Sokratische Denkwürdigkeiten (1759), Golgatha und Scheblimini (1784) ainsi que sa Metakritik über den Purismus der reinen Vernunft (1784).

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Gedanken über meinen Lebenslauf, 1758/59
  • Les Méditations Bibliques, Éditions Ismael, 2017.
  • Sokratische Denkwürdigkeiten (de), 1759
  • Kreuzzüge des Philologen, 1762
    • Lequel contient Aesthetica In Nuce dans la traduction de Henry Corbin (1939).
  • Golgatha und Scheblimini, 1784
  • Aesthetica In Nuce : Métacritique du purisme de la raison pure et autres textes, Paris, Vrin, 2002.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Isaiah Berlin, Le Mage du Nord, critique des Lumières. J.G. Hamann 1730-1788. (1993), PUF, 1997, p. 23.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]