Jean et Jacquelin de Montluçon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Jean et Jacquelin de Montluçon dit aussi de Molisson, sont les chefs d'un atelier de peinture actif à Bourges de 1461 à 1505. On conserve des manuscrits enluminés par l'atelier ainsi que des panneaux sur bois.

Biographies des deux peintres[modifier | modifier le code]

Le repos près du feu, Heures de Chappes, Jean de Montluçon. BnF.

Jean de Montluçon[modifier | modifier le code]

Jean Raoul est sans doute né vers 1417 à Montluçon, ville natale qui lui a donné son surnom. Il est déjà installé à Bourges en 1461 alors qu'il est employé aux décorations réalisées pour les funérailles du roi Charles VII et dirigées par Jacob de Lichtemont, peintre officiel du roi. Installé dans la ville, il semble mener une vie confortable, apparaissant dans les archives locales à de nombreuses reprises pour de nombreuses peintures héraldiques réalisées à l'occasion de cérémonies ou pour des polychromies de statues[1]. Jean est marié à Louise Debrielle, la fille d'un notaire de la ville, il possède trois maisons et un vignoble[2]. Il est installé non loin d'un autre peintre enlumineur résident à Bourges, Jean Colombe, qui termine Les Très Riches Heures du duc de Berry dans la ville vers 1484-1485. L'activité d'enlumineur de Jean n'est attestée que pour le manuscrit des Heures de Chappes sur lesquelles apparaissent, fait exceptionnel, sa signature. Il meurt en 1494[1].

Jacquelin de Montluçon[modifier | modifier le code]

Jacquelin, son fils, est né à Bourges en 1463 et y est mort en 1505. Il est signalé à Tours en 1483 mais retourne réaliser les Heures de Monypenny en 1485-1490 dans sa ville natale. Il prend la suite de son père à la tête de son atelier à sa mort en 1494. Il réalise les mêmes types de tâches que son père, mais aussi d'autres plus originales comme le patron des jetons de comptabilité de la municipalité de Bourges. Il séjourne aussi sans doute en Savoie vers 1496 et 1498, période pendant laquelle il peint le retable des Antonites de Chambéry dont il signe l'un des panneaux[1].

Style[modifier | modifier le code]

Jean et Jacquelin se distinguent de Jean Fouquet et Jean Colombe par un style plus brutal. Il se caractérise par de nombreux personnages entassés dans des décors architecturaux fantastiques un peu lourds. Jean a tendance à représenter ses personnages à mi-corps, en gros plan. Son fils reprend ces caractéristiques avec une plus grande intensité dans la luminosité et dans l'expression des personnages[2].

Manuscrits attribués et père et au fils[modifier | modifier le code]

Panneaux attribués[modifier | modifier le code]

L'Adoration de l'enfant, retable des Antonites de Chambéry
  • Vie de la Vierge, 7 panneaux représentant Joachim rencontrant sainte Anne, la Nativité de la Vierge, l'Annonciation, la sybille annonçant la venue de la Vierge, la Présentation de Jésus au temple, Assomption, le Donateur et saint Michel attribué à Jean, église Notre-Dame de Montluçon[11]
  • Retable des Antonites de Chambéry, attribué à Jacquelin, vers 1496/1497,

Deux panneaux au musée des beaux-arts de Lyon (un double face : L'Annonciation et La Résurrection de Lazare, ce dernier panneau comporte sa signature[12] et L'Adoration des bergers avec autrefois au revers un Repas chez Simon le Pharisien, Nicosie, fondation Leventis),

Un panneau double face au musée des beaux-arts de Chambéry (Le Christ aux limbes et au revers Le martyre de Sainte Catherine)[13],

Un panneau double face au Victoria and Albert Museum (Résurrection du Christ et Martyre de sainte Barbe)[14],[15]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • D. Moulinet, « Les Heures de Jean de Montluçon à la Bibliothèque de l’Arsenal », Études bourbonnaises, n.s. 11, 234 (1985)
  • François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439 p. (ISBN 978-2080121769), p. 338-341.
  • Jean-Yves Ribault, « Le Retable des Antonites de Chambéry et l'atelier de Jean et Jacquelin de Montluçon, peintres de Bourges », dans 116e Congrès national des Sociétés savantes, Chambéry, 1991, CTHS, , p. 285-301
  • Frédéric Elsig, « Jacquelin de Montluçon : enlumineur, peintre et verrier », Peindre à Bourges aux XVe-XVIe siècles, 2019, p. 144-153

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Avril et Reynaud 1993, p. 338.
  2. a et b Notice Grove
  3. Notice de la vente Artcurial
  4. (en), Albert Van De Put, « The Monypenny Breviary », the Proceedings of the Society of Antiquaries of Scotland, vol. VI, 1922, p. 72-114 [lire en ligne]
  5. Avril et Reynaud 1993, p. 340.
  6. (en) Notice sur le site de la bibliothèque de l'université de Leeds
  7. Notice complète sur le site de la Beinecke
  8. Reproduction du ms. sur le site de la Beinecke
  9. Claude SCHAEFER, « Remarques sur un livre d'heures de la Bibliothèque municipale de Grenoble, ms. 1011 », Cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry. En Berry, du Moyen-Âge à la Renaissance. Pages d'histoire et d'histoire de l'art. Mélanges offerts à Jean-Yves Ribault, éd. P. GOLDMAN et C.-E. ROTH, n° h. s. (novembre), 1996
  10. Reproduction du ms. sur le site de la BM
  11. Notice no PM03000256, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  12. Notice du MBA de Lyon
  13. Description du tableau du musée de Chambéry sur le site artsdanslacite.fr
  14. Frédéric Elsig, « UN PANNEAU DE JACQUELIN DE MONTLUÇON RETROUVÉ », Bibliothèque D'Humanisme Et Renaissance, vol. 78, no 1,‎ , p. 23-29 (JSTOR 44514100).
  15. Notice du V&AM