Jean Lionel-Pèlerin

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Jean Lionel-Pèlerin
Illustration.
Fonctions
sénateur

(4 ans)
Gouvernement IVe République
Groupe politique Républicains sociaux
Successeur Raymond Pinchard
Biographie
Nom de naissance Lionel, Jean-Marie, Casimir Pélerin, dit Jean Lionel-Pèlerin
Date de naissance
Lieu de naissance Nancy
Date de décès (à 53 ans)
Lieu de décès Nancy
Père Casimir Pèlerin
Conjoint Jeanne Zeller, épousée le 6 avril 1926
Enfants Marie-Josée Lionel-Pélerin.
Diplômé de Faculté de médecine de Nancy
Profession chirurgien-dentiste
Distinctions Officier de la Légion d'honneur (1951), Médaille de la Résistance française (1947)
Résidence Meurthe-et-Moselle

Jean Lionel-Pèlerin, né le et mort le , est un homme politique français de la IVe République, maire de Nancy (1947-1953) et sénateur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un employé puis conservateur de la bibliothèque municipale de Nancy décédé en 1928, il fait ses études au lycée Henri-Poincaré puis à la faculté de médecine de cette ville[1]. Il préside la section dentaire[2] puis la section de médecine de l'Association générale des étudiants[3] et l'Amicale des dentistes des armées de terre et de mer[4], à Nancy. Jean Lionel-Pèlerin est chirurgien-dentiste et un temps chef de travaux de prothèse dentaire à la faculté de médecine de Nancy. Il soutient sa thèse de doctorat en 1932[5].

Il est élu conseiller municipal en 1935, sur la liste du maire sortant radical Camille Schmitt (centre-gauche)[6] - la liste d'union municipale républicaine - et devient adjoint au maire. Camille Schmitt avait eu l'habileté de prendre sur sa liste des modérés comme Lionel-Pèlerin[7], afin de battre la liste d'union des droites[8], soutenue par L'Éclair de l'Est (quotidien nancéien de la Fédération républicaine), le député Désiré Ferry[9] et le sénateur Gaston Rogé, ce qui provoque des tensions et des critiques des périodiques de droite. Lionel-Pèlerin a été un éphémère responsable de la section nancéienne de la Solidarité française et chef départemental[10] de cette ligue d'extrême droite, jusqu'en , mais il aurait été obligé de démissionner car il a accepté de figurer sur la liste du docteur Schmitt[11].

À partir d', il contribue à la fondation d'une section locale de l'Alliance démocratique. Elle prend le nom de Fédération lorraine de l'Alliance démocratique en décembre. Lionel-Pèlerin est vice-président du comité[12]. L'activité du parti est par la suite quasi inexistante cependant.

Mobilisé en 1939 comme médecin de réserve dans la marine, il sert comme lieutenant-colonel dans la 2e division légère de croiseurs, puis à l'Hôpital maritime Sainte-Anne à Toulon, où il entre en contact avec la résistance gaulliste[13],[14].

Alors qu'il se trouve en zone libre, il est désigné conseiller municipal de Nancy par le régime de Vichy en , au grand dam du journal allemand qui remplace L'Est républicain, L'Echo de Nancy[15].

À la Libération, il est chargé de mission au cabinet de Louis Jacquinot, ministre de la marine du Gouvernement provisoire de la République française, puis médecin en chef à l'État-Major du Conseil supérieur de la marine du 20 septembre 1944 à sa démobilisation, le 20 janvier 1946. Jean Lionel-Pèlerin est nommé chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire, pour « services exceptionnels rendus à la Résistance ». Il est promu officier le . Il reçoit en outre la médaille de la Résistance (1947) ainsi que la Croix de guerre avec citation à l'ordre de la marine[16],[17].

Il se présente sans succès en 1945 aux élections municipales sur une liste opposée à celle de Camille Schmitt, demeuré maire sous l'Occupation. La liste sur laquelle il figure, menée par les anciens résistants Henri Teitgen et Adrien Sadoul, se retire après le premier tour[18].

Il fait partie en Meurthe-et-Moselle des premiers membres du parti du général de Gaulle fondé en 1947, le Rassemblement du peuple français (RPF), aux côtés de William Jacson, également médecin et résistant, délégué provisoire du mouvement, avec lequel il ne s'entend pas et qui est bientôt écarté[19],[20]. Il devient le premier délégué départemental du RPF en 1947[21],[22] mais il n'est pas un délégué actif et est hostile à la mise en place d'une permanence fixe[23]. Il mène une liste gaulliste aux municipales de 1947 et est élu maire de Nancy le [14], dans le contexte de la vague gaulliste qui voit la victoire de listes RPF dans de nombreuses villes[24].

Il demeure en même temps membre de l'Alliance démocratique : il appartient au comité du Rassemblement des gauches républicaines de Meurthe-et-Moselle, formé en juin 1947, en tant que membre de l'Alliance démocratique, et au Comité directeur de ce parti de droite[25],[26], et il continue à prendre part à des réunions parisiennes de ce parti présidé par Pierre-Étienne Flandin[27].

Il est élu au Conseil de la République le , sur une liste gaulliste[28]. Il est alors en conflit avec le comité départemental du RPF et avec William Jacson, qui est pourtant adjoint au maire, et constitue un comité parallèle ; le RPF de Meurthe-et-Moselle se déchire à coup d'exclusions mutuelles[29],[30]. Il siège au groupe des Républicains sociaux jusqu'au  ; il n'est pas réélu à cette date, à l'instar de son colistier, Max Mathieu. Le conflit au sein du RPF de Meurthe-et-Moselle est alors toujours actif et le président en titre du comité départemental, Robert Parisot, conseiller municipal, s'est opposé à la réélection de Lionel-Pèlerin mais il est exclu du RPF[31].

Il a été vice-président de la commission de la défense nationale au Conseil de la République, vice-président de l'Association des maires de France et président de l'Association des sénateurs-maires de France[32],[33].

Comme maire, il tente de répondre à la pénurie de logements[34]. Quelques ensembles HLM sont construits[35].

Réélu conseiller municipal en 1953, il n'est pas réélu maire en mai au profit de son rival, Raymond Pinchard, adjoint au maire sortant et élu conseiller de la République l'année précédente, élu maire au troisième tour de scrutin et au bénéfice de l'âge[32],[36]. Durant la campagne, Pinchard porte plainte en diffamation contre Lionel-Pèlerin, son épouse et sa fille, qui avaient été surprises en train d'apposer des papillons hors des panneaux électoraux[37].

Il meurt d'une crise cardiaque en 1954[38]. Une place porte aujourd'hui son nom à Nancy.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. https://kiosque.limedia.fr/ark:/31124/drrndb77c3mcr23t/p2.item.r=P%C3%88LER%C3%8EM L'Est républicain, 30 novembre 1928, p. 2, "Le maire de Nancy fait l'éloge de M. Casimir Pèlerin"], Ibid., 27 octobre 1947
  2. L'Est républicain, 12 février 1927, Ibid., 27 juin 1927, Ibid., 9 février 1928
  3. L'Est républicain, 7 décembre 1930, Ibid., 9 janvier 1930, Ibid., 4 décembre 1929, Ibid., 26 avril 1929
  4. L'Est républicain, 5 juillet 1930
  5. L'Est républicain, 4 juin 1932, Ibid., 28 mai 1932
  6. L'Est républicain, 5 mai 1935. Camille Schmitt était président d'honneur de la Fédération radicale-socialiste de Meurthe-et-Moselle, mais radical modéré : les droites ne présenteront aucun candidat contre lui lors des cantonales de 1937, en raison de son hostilité au communisme.
  7. Parmi lesquels, outre Lionel-Pèlerin, Camille Mosser, Gaston Croisier-Greff, le professeur de médecine Spillmann, Paul Breton, et Delagoutte. La plupart ont rejoint ensuite le Parti social français.
  8. La « liste républicaine des intérêts de Nancy » menée par Eugène Adrien-Didion puis Paul Daum au second tour, où voisinent des modérés sans étiquette, des adhérents de l'Alliance démocratique comme André Gutton, adjoint sortant, et Robert Husson, des membres du Parti démocrate populaire, de la Fédération républicaine, des Jeunesses patriotes et des indépendants comme Pierre André
  9. En 1936, avant le second tour des législatives, Lionel-Pèlerin figure cependant au vin d'honneur donné pour Ferry: L'Est républicain, 26 mai 1936
  10. L'Ami du peuple, 21 mars 1935
  11. Selon Le Chardon d'avril 1935, l'organe local des Jeunesses patriotes, dans Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, Thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, p. 100. Cette section a connu plusieurs chefs successifs, au moins quatre, entre 1934 et 1935.
  12. Le comité est présidé par l'archéologue et industriel Saint-Just Péquart. Y figurent deux conseillers généraux - Edouard Fenal, conseiller « républicain de gauche » de Badonviller et Charles Douzain, conseiller URD de Toul-Nord, deux autres conseillers municipaux de Nancy, Delagoutte et Camille Mosser, élu aussi en 1935 et futur conseiller municipal après la guerre (Né le 5 février 1895 à Sarreguemines, diplômé de l'École supérieure de commerce et d'industrie de Nancy, il s'engage dans l'armée en juillet 1913. Il est sergent en 1914 et termine la guerre avec le grade de lieutenant. Il est affecté à la Légion d'Orient, libéré des obligations militaires en août 1919 et nommé administrateur-adjoint de l'arrondissement de Forbach. Rappelé en 1920, il quitte l'armée en 1921. Il est membre de l'association des officiers de réserve de Nancy, vice-président du groupe de Nancy de la Fédération des engagés volontaires alsaciens et lorrains et vice-président des anciens zouaves de Nancy (la Chéchia). Il reprend le commerce familial nancéien de miroiterie et d'objets d'art. Il est Croix-de-Feu puis adhère au Parti social français dont il devient un militant actif. Mobilisé en 1940, il est fait prisonnier, est libéré, est nommé adjoint au maire de Nancy en 1941 et entre dans la résistance. Il est dénoncé comme collaborateur à la Libération mais il est innocenté). Y figurent aussi des notables sans étiquette politique : Pouteau, président du Comité de commerce et d'industrie, Paul Lévy, vice-président de ce comité, Spillmann, doyen de la faculté de médecine, Henri Lalouel, professeur à la Faculté de droit (qui militera pour la collaboration sous l'Occupation), Heurteau, directeur local de la Standard Oil, Charles Grungras, publicitaire. : Jean-François Colas, op. cit., p. 66-67
  13. Notice biographique sur le site du Sénat
  14. a et b L'Est républicain, 27 octobre 1947
  15. L'Echo de Nancy, 13/14 septembre 1941, Ibid., 16 septembre 1941
  16. Cf. sa biographie sur le site du Sénat
  17. Journal officiel de la République française, 27 mars 1947
  18. L'Est républicain, 27 avril 1945, Ibid., 30 avril 1945
  19. Notice biographique de William Jacson sur le site de l'Assemblée nationale
  20. François Audigier, Frédéric Schwindt, Gaullisme et gaullistes dans la France de l'Est sous la IVe République, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 105
  21. Collectif, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998, p. 205
  22. L'Est républicain, 17 juillet 1947, "Rassemblement du peuple français", Ibid., 11 septembre 1947
  23. François Audigier, Frédéric Schwindt, op. cit., p. 113
  24. Collectif, Nancy, 1 000 ans d'histoire: du bourg cadastral à la communauté urbaine : les événements, les lieux, les hommes, Place Stanislas, 2008, p. 238
  25. Le Monde, « " la véritable garantie pour le travail et le capital est dans la stabilité monétaire " déclare m. p.-e. flandin », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  26. L'Est républicain, 27 octobre 1947, Ibid., 26 juin 1947, "Formation du Rassemblement des gauches républicaines"
  27. Le Monde, 14 janvier 1949, "Nouvelles du jour", Ibid., 3 mai 1952
  28. L'Est républicain, 8 novembre 1948
  29. François Audigier, Frédéric Schwindt, op. cit., p. 114-119
  30. Les Dernières Dépêches, 6 novembre 1948
  31. Paris-presse, L’Intransigeant, 18 mai 1952, L'Homme libre, 10 janvier 1952, « Les élections sénatoriales ont fait renaître les dissensions du R.P.F. en Meurthe-et-Moselle », Le Monde, 19 mai 1952, L'Est républicain, 19 mai 1952
  32. a et b Biographie de Lionel-Pèlerin sur le site du Sénat
  33. Dossier de la Légion d'honneur de Paul Moench dans la base Léonore, p. 9 : lettre de Lionel-Pèlerin : Lire en ligne
  34. La Croix, 29 avril 1952
  35. Le Pays lorrain, 1987, no 3, Rose-Marie Dion, "L'évolution urbaine de Nancy depuis la Seconde Guerre mondiale et les perspectives d'avenir"
  36. Michel Parisse (dir.), Histoire de Nancy, Privat, 1978, p. 456
  37. Le Monde, 27 avril 1953, "Les derniers échos de la campagne"
  38. La Croix, 12 septembre 1954

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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