Jean Bourhis

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Jean Bourhis
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Jean Bourhis, né le à Bannalec dans le Finistère et mort le , est un pionnier de l'aviation et du parachutisme français, héros de la Première Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origine et formation[modifier | modifier le code]

Jean Marie Marc Bourhis est né le à Bannalec dans le sud du Finistère du mariage de Jean Marie Bourhis, cultivateur, et de Marie Anne Furic, ménagère[1].

En 1908, il effectue son service militaire au régiment de spahis de Médéa en Algérie. À son retour, sa famille le pousse à intégrer l'école de notariat à Paris[2]. Il commence une carrière professionnelle comme clerc de notaire[3]. Jean Bourhis qui ne peut « se résoudre à être un bureaucrate » préfère l'aviation[4]. Les études l'ennuient ; en , il écrit à ses parents : « Le droit me dégoûte toujours autant »3. « Quand je serai grand, je volerai comme un oiseau » disait-il déjà enfant[5].

Expérimentation du parachute[modifier | modifier le code]

Il apprend alors à piloter dans le plus grand secret au Buc et obtient le avec brio le brevet no 1297 en pilotant un aéroplane Blériot[6]. Le il participe à un meeting aérien à Quimperlé et survole Bannalec, sa ville natale. Au meeting d'aviation programmé à Quimperlé le , Jean Bourhis fait sensation. Son « élégant Blériot s'enleva avec une aisance remarquable au milieu des vivats et des applaudissements de la foule enthousiasmée. À trois reprises, Bourhis fit admirer des décollages et des atterrissages d'une science et d'une habileté consommée, de même que des virages d'une virtuosité parfaite »[5].

Lors d'une démonstration à Juvisy Port Aviation, le , il essaye un dispositif de sauvetage récemment conçu par Frédéric Bonnet : le parachute. Certes il s'agit d'une invention déjà ancienne, mais dont les différentes versions n'ont pas encore fait la preuve de leur efficacité[7],[4]. Bourhis va ainsi monter dans l'aéroplane de l'aviateur Lemoine et se jeter dans le vide alors qu'il se trouve à 700–800 mètres de hauteur, pour finalement rejoindre le sol sans problème. Un test du parachute Bonnet qui fait suite à celui de Pégoud en 1913[8].

Le premier saut tenté par Jean Bourhis, à environ 500 mètres d'altitude, à partir d'un appareil piloté par Alfred Lemoine, confirme la justesse de la formule définie par Frédéric Bonnet, même si la descente très douce se termine dans la Seine. Jean Bourhis réalise encore plusieurs autres expériences similaires dont la réussite ne tarde pas à susciter l'intérêt du gouvernement français et des puissances étrangères. Le au cours d'une démonstration organisée en Autriche, dans le cadre du meeting d'Aspern, non loin de Vienne, la rupture de la moitié des suspentes entraîne sa chute. Jean Bourhis s'écrase au sol et échappe à la mort, se relevant avec seulement une côte fracturée[4].

De retour en France, Jean Bourhis reprend son travail de pilote d'essai chez Louis Blériot et continue à participer à des meetings jusqu'au début de la guerre[3].

Pilote militaire[modifier | modifier le code]

Mobilisé le , Jean Bourhis est affecté à Dijon au deuxième régiment d'aviation. Il rejoint ensuite Toul et décroche le brevet de pilote militaire no 621. Adjudant pilote, il passe sous-lieutenant le , puis intègre la chasse après avoir effectué des missions de reconnaissance et le bombardement[4].

Grièvement blessé d'une balle au bassin près de Verdun le lors d'une confrontation avec plusieurs avions allemands, il réussit néanmoins à regagner sa base et atterrit impeccablement. Il meurt quelques jours plus tard, le [9] à l'ambulance 235, unité médicale installée à Chaumont-sur-Aire dans la Meuse[4]. Son corps est ramené à Bannalec, sa commune natale, et inhumé le [3].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Adjudant-pilote à la 4e section d'avions canons (3e groupe de bombardement), Jean Bourhis est cité à l'ordre de l'armée le , après s'être engagé contre trois avions ennemis qui font alors demi-tour. Il est nommé sous-lieutenant le . Deux jours plus tard, il abat un avion allemand près de Pont-à-Mousson, dans la forêt de Puvenelle[3].

Le , en raison de ses états de service, pour avoir notamment engagé le combat avec trois appareils allemands qu'il a mis en fuite le , pour avoir remporté plusieurs victoires donc une le , il se voit nommé par Joffre chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur et reçoit la croix de guerre 1914-1918 avec palme[9],[4].

Jean Bourhis fait l'objet de plusieurs citations[10]:

  • citation no 278 à l'ordre de la 1re armée en date du
    « Très bon pilote militaire qui, dans les différentes escadrilles où il a servi depuis le début de la guerre, s'est signalé par son sang-froid et son allant; pilotant un avion canon, a exécuté journellement de longs vols au-dessus de l'ennemi, donnant la chasse aux avions, attaquant et faisant descendre les Drachen du front ennemi, malgré une canonnade très intense qui a atteint son avion à plusieurs reprises. Pilote d'une audace et d'une habileté exceptionnelles. Officier d'élite qui a au plus haut degré l'esprit de devoir et de sacrifice. A effectué de nombreuses reconnaissances à longue portée et ne cesse, étant seul à bord d'un avion spécial, de donner la chasse aux avions ennemis. Le 8 , a engagé successivement le combat avec trois avions ennemis, tiré sur eux à courte distance 188 cartouches de mitrailleuse et les a obligés à faire demi-tour. Le , a attaqué un autre avion allemand monté par un officier et un sous-officier et l'a abattu après une courte lutte (avion tombé dans nos lignes.) » ;
  • citation à l'ordre de l'armée du sous-lieutenant Jean Bourhis, pilote à l'escadrille N 31, en date du
    « Pilote d'une audace et d'une habileté exceptionnelles. Officier d'élite qui a, au plus haut degré, l'esprit de devoir et de sacrifice. A effectué de nombreuses reconnaissances à longue portée et ne cesse, étant seul à bord d'un avion spécial, de donner la chasse aux avions ennemis. Le 8 septembre 1915, en particulier, a engagé successivement le combat avec trois avions ennemis, tiré sur eux à courte distance et les a obligés à faire demi-tour. Le 22 septembre, a attaqué un autre avion allemand monté par un officier et un sous-officier et l'a abattu après une courte lutte. » ;
  • citation à l'ordre de l'armée, à titre posthume, du sous-lieutenant Jean Bourhis, pilote à l'escadrille N 31, en date du
    « A attaqué avec une courageuse opiniatreté, tous les avions qu'il a pu rejoindre au cours des missions de combat confiées à son escadrille. A été grièvement blessé, le 14 mars, dans un combat contre un Fokker. ».

Hommages[modifier | modifier le code]

François Bazin, Monument à Jean Bourhis (1932), Bannalec (Finistère).

La commune de Bannalec possède un monument à côté de l'église, rue nationale, consacré à Jean Bourhis, dû au sculpteur François Bazin[11]. Une plaque indique « Monument édifié sous l'égide des dix membres d'un comité privé organisateur d'un meeting aérien à Bannalec le avec le reliquat de cette fête complété par une souscription publique -  »[6]. Inauguré le , ce monument échappe en 1941 à la mobilisation des métaux non ferreux. Il a été déplacé plusieurs fois dans un petit périmètre mais se trouve toujours à proximité de l’église[12].

La commune de Bannalec a donné le nom de « Complexe sportif Jean Bourhis » au terrain de sports municipal[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales du Finistère, état civil, registres des naissances de la commune de Bannalac, no 3 E 4/28, p. 67 sur 128, [lire en ligne].
  2. « Jean Bourhis, pionnier de l'aviation et du parachutisme », sur le site du quotidien Ouest-France, (consulté le ).
  3. a b c et d Alfred Lartigue, Jean Bourhis, édité par le syndicat d'initiative de Bannalec, [lire en ligne].
  4. a b c d e et f Bernard Marck, Dictionnaire universel de l'aviation, , p. 142-143 (ISBN 978-2-84734-060-0).
  5. a et b « Il y a un siècle, Jean Bourhis atterrissait à Bannalec », sur le site du quotidien Ouest-France, (consulté le ).
  6. a et b « Jean Bourhis », sur le site des lieux de mémoire aéronautique, (consulté le ).
  7. Stéphanie Meyniel, « Le 24 février 1914 dans le ciel : Jean Bourhis teste le parachute de Bonnet », sur le site air-journal.fr, (consulté le ).
  8. Le 24 février 1914 dans le ciel : Bourhis saute avec un parachute signé Bonnet
  9. a et b « Cote LH/331/61 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  10. Denis Albin, « Finistère 29 », sur le site sur l'histoire de l'aviation militaire française (consulté le ).
  11. « Hommage à Jean Bourhis, par François Bazin à Bannalec (29) », sur le site petit-patrimoine.com (consulté le ).
  12. « Monument à Jean Bourhis – Bannalec », sur la base de données géolocalisée du patrimoine monumental français et étranger (consulté le ).
  13. Thierry Le Roy, « Bourhis (Jean), pionnier et pilote de chasse de la Grande Guerre », sur le site de Bretagne Aviation (consulté le ).

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Alfred Lartigue, Jean Bourhis, un Bannalécois, pionnier du parachutisme et de l'aviation, édité par le syndicat d'initiative de Bannalec, 1996 (réédition d'un texte de 1980), 40 pages
  • Bernard Marck, Dictionnaire universel de l'aviation, , p. 142-143 (ISBN 978-2-84734-060-0) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Thierry Le Roy, Les Bretons et l'aéronautique des origines à 1939, PUR, Rennes, 2002

Liens externes[modifier | modifier le code]

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