Jean-Louis Goarnisson

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Jean-Louis Goarnisson
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Jean-Louis Marie GoarnissonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Le Père Goarnisson enseignant dans une école d'infirmières africaines de Haute-Volta.

Le Père Jean-Louis Goarnisson ( à La Feuillée - à Bry-sur-Marne[1]) est un médecin, prêtre et homme politique français originaire des Monts d'Arrée en Bretagne.

Très présent en Haute-Volta (devenue Burkina Faso), il y exerce son métier de médecin, spécialiste de médecine coloniale et de l'ophtalmologie, en même temps que son activité sacerdotale au service des populations locales, ce qui lui a valu le surnom de « Docteur Lumière ».

Biographie[modifier | modifier le code]

Le « docteur Lumière ».

Jean-Louis Goarnisson est né le à Keranheroff en La Feuillée[2]. Ses parents étaient Hervé Marie Goarnisson, originaire de Plounéour-Ménez et Louise Le Borgne, d'origine feuillantine, agriculteurs. Fils unique, il fréquente l'école communale, puis le « grand collège » de Saint-Pol-de-Léon (collège du Kreisker par la suite) de 1909 à , date à laquelle il est mobilisé. Il participe aux combats du Chemin des Dames pendant l'année 1917 et est démobilisé en , passant le baccalauréat en et s'inscrit à l'école de médecine de Rennes en , devenant docteur en médecine en .

Mais sa vocation religieuse, qui date de ses années de collège ne se dément pas. Il entre dès au séminaire de la Société des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) d'Alger et est ordonné prêtre le à Saint-Louis de Carthage. Sa première grand-messe est célébrée à La Feuillée le [3]. De début octobre à fin , il suit des cours de médecine coloniale à Paris et arrive à Ouagadougou (Haute-Volta) en où il entreprend aussitôt l'étude de la langue mossi. Il a reçu de Rome l'autorisation de pratiquer la médecine en dépit de son statut sacerdotal « à condition de ne pas faire payer les soins » et d’exercer sa science dans le cadre des institutions missionnaires.

Dès , il crée un service de prophylaxie de la trypanosomiase (« maladie du sommeil ») et dès 1932, il commence dans le cadre d’un dispensaire ophtalmologique à former des chirurgiens pour opérer le trachome et les cataractes, même s’il ne pourra lui-même jamais opérer les yeux, ayant le geste peu sûr.

En 1938, il entreprend des recherches sur l’onchocercose (« cécité des rivières »), découvrant en particulier les kystes dont sont porteurs ces malades bien avant d’être frappés par la cécité. Ces travaux expliquent le surnom de « Docteur Lumière »[4] donné au Père Goarnisson. La même année, il publie La trypanosomiase humaine, notions élémentaires et pratiques, ouvrage qui sera réédité plusieurs fois les décennies suivantes, et en 1943 organise « la Goutte de lait » qui assure la distribution de lait aux nourrissons lorsque la mère cesse de les allaiter.

En 1948, il fonde une école d'infirmières africaines[4] à Ouagadougou. Fin 1948, il publie Le Guide médical africain, qui deviendra l'ouvrage de médecine tropicale le plus utilisé dans toute l'Afrique francophone pendant plusieurs décennies[5]. Il ouvre une « soupe populaire » à Ouagadougou en [4] et entreprend aussi les années suivantes une lutte contre l'alcoolisme.

Sa célébrité est telle dans la colonie de Haute-Volta que les colons lui demandent de prendre la tête d'une liste qui l’emporte à une très forte majorité aux élections de l’Assemblée territoriale. Il devient premier vice-président de cette Assemblée. Il sera plusieurs fois réélu jusqu'en 1959[4], date où il refuse de se représenter.

À partir de 1961, date à laquelle il reçoit le prix Raoul Follereau pour son activité en faveur des lépreux, il diminue progressivement son activité médicale. En 1963, il écrit Musulman, mon frère. Frappé par l'âge et la maladie, il doit cesser toute activité médicale et apostolique en . Il fait un bref séjour en France, où il n'était que rarement et brièvement revenu depuis trente-cinq ans, reçoit maintes distinctions, y compris des autorités du nouvel État de Haute-Volta qui vient d'accéder à l'indépendance[6] mais finit ses jours retiré dans le village de Pabré après 1976[7].

Mort à Paris le , où il était revenu se faire soigner, sa dépouille est rapatriée en Haute-Volta où ses obsèques sont célébrées en la cathédrale de Ouagadougou[8].

Publications[modifier | modifier le code]

  • La trypanosomiase humaine, notions élémentaires et pratiques, 1938
  • Le Guide médical africain, 1948
  • Musulman, mon frère, 1963

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Centre Généalogique et Historique du Poher
  3. Le Courrier du Finistère no 2632, 26 juillet 1930
  4. a b c et d Joseph Roger de Benoist, Docteur Lumière, Éditions S.O.S., 1975
  5. FAURE Olivier (dossier dirigé par), Histoire et Missions Chrétiennes N-021. Missions religieuses, missions médicales et "mission civilisatrice", KARTHALA Editions, , 216 p. (ISBN 978-2-8111-0712-3, lire en ligne)
  6. Djibril Tamsir Niane « Docteur lumière » Revue socialiste de culture négro-africaine 1977, no 9.
  7. Gabriel Massa et Y. Georges Madiéga, La Haute-Volta coloniale : témoignages, recherches, regards, Karthala Éditions, , 677 p. (OCLC 36798141, lire en ligne), p. 543
  8. Journal officiel de la République de Haute-Volta, jeudi 24 décembre 1981