Immigration mahonnaise en Algérie

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L'immigration mahonnaise en Algérie s'est développée principalement entre 1830 et 1845 et a été favorisée par les autorités françaises dès le début de la conquête de l'Algérie par la France. Elle s'inscrit plus largement dans une immigration espagnole qui a concerné successivement les Majorquins puis les Valenciens et les Alicantais. Il s'agissait principalement d'une immigration économique induite par la misère qui régnait alors dans les îles Baléares; les mahonnais désignent stricto sensu les habitants de la ville de Mahon, capitale de l'île de Minorque. Cette population a joué un rôle déterminant dans l'agriculture et s'est rapidement intégrée à la population française principalement grâce à l'école publique.

Quelques patronymes minorcains rappellent cette immigration en terre africaine: Pons, Mercadal, Sintes (ou Sintès), Cordona, Coll, Portella, Ferrer, Fébrer, Armangau, Tuduri, Torres (ou Torrès), Gomila, Moll, Séduit, Orfila, Rotger, Borràs (devenu Voudras) ... Dans l'oeuvre "le premier homme" Camus évoque les membres de sa famille originaire de cette île minorquine et arrivée autour de 1845 en Algérie. Il n'en a pas précisé les raisons.

Histoire[modifier | modifier le code]

Immigration[modifier | modifier le code]

Carte des trois provinces d'Algérie (à l'ouest Oran, au centre Alger, à l'est Constantine) avant leur remplacement par les départements français d'Algérie. circa 1848

De nombreux immigrés débarquent à Alger pour le travail de la terre, les grands travaux de communication ainsi que la construction des villes nouvelles. Les Mahonnais, communauté originaire de Minorque et plus généralement des Îles Baléares, débarquent et s'installent en grand nombre dans l'Algérois notamment à Fort-de-l'Eau, Rouïba, Maison-Carrée, Cap-Matifou, Hussein Dey, Birkadem, Birmandreis et Blida.

Les Mahonnais sont spécialisés dans le travail de la terre : ils fourniront tout Alger en primeurs.

Ils débarquent dans la baie d'Alger de manière légale ou illégale à bord de petits bateaux nommés balancelles, surtout pendant la période d'occupation restreinte, entre 1830 et 1845. Chaque famille accueillant ses compatriotes au début. Les liens familiaux sont très forts, la communauté est assez hermétique, surtout au début où l'endogamie communautaire hispanique est très pratiquée.

Colonisation[modifier | modifier le code]

Ils s'adaptent très facilement au climat rude mais proche de celui de leurs îles d'origine, et adaptent leurs méthodes (noria, rigoles pour l'irrigation entre autres) pour le travail de la terre souvent en tant que travailleurs saisonniers dans un premier temps. Leur mobilité est très grande. Ils accèdent toutefois aux concessions : la création de Fort-de-l'Eau témoigne de l'importance de ces familles mahonnaises très appréciées par l'administration coloniale. Le baron de Vialar encourage cette immigration: de nombreux courriers adressés au Ministre de la Guerre à la fin des années 1840 vantent les qualités de cette communauté concentrée autour d'Alger. Il conseille la nécessité de permettre aux mahonnais d'accéder aux concessions normalement réservés aux seuls français.

Au XIXe siècle, ces Mahonnais mettront en valeur toute la région autour d'Alger, non sans problème : l'insécurité est très forte. Il n'est pas rare que les travailleurs soient confrontés à des attaques de hyènes ou à des attaques indigènes lors des razzias en période d'insurrection (sous la direction d'Abdelkader). Ils sont également confrontés au paludisme répandu alors dans la Mitidja.

Intégration[modifier | modifier le code]

Au XXe siècle, les générations successives de Mahonnais s'intègrent assez facilement dans la société coloniale. L'armée et l'école en font rapidement des Français à part entière. Ces descendants de Minorquins accèdent à des professions autres que le travail de la terre.

Descendant célèbres de minorcains: Albert Camus (par sa mère), les chausseurs « Mercadal » et « atelier Mercadal ».

La soubressade ou sobrassada est une spécialité charcutière des îles Baléares, consommée par les descendants de minorquins puis largement adoptée par la communauté pied-noire. Elle reste assez méconnue en Métropole.

Le rapatriement en métropole[modifier | modifier le code]

Ces descendants de Mahonnais quitteront l'Algérie après la guerre d'Algérie.

Il est à noter qu'une très forte partie des personnes venant de Minorque, et généralement des Baléares, descendaient de combattants venant de la Catalogne française (Catalogne du nord) qui avaient chassé les maures lors de la reconquête en 1229 et janvier 1287 pour Minorque[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

https://www.fortdeleau.net/creation.html

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gérard Crespo et Jean-Jacques Jordi, Les Espagnols dans l'Algérois - 1830 - 1914, histoire d'une migration, éditions de l'Atlanthrope, Versailles, 1991, (ISBN 2-86442-023-6)
  • Guy Tudury, La prodigieuse histoire des Mahonnais en Algérie, éditions Lacour, collection La Saint-Soleil, Nîmes , 1992, (ISBN 2-86971-609-5)

Liens externes[modifier | modifier le code]