Hyperion (Hölderlin)

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Hyperion
Titre original
(de) Hyperion oder Der Eremit in GriechenlandVoir et modifier les données sur Wikidata
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Hyperion oder Der Eremit in Griechenland (Hypérion ou l'Ermite de Grèce) est un roman épistolaire de Friedrich Hölderlin, dont la première partie est parue en 1797, la seconde partie en 1799.

Histoire du roman Hyperion de Hölderlin[modifier | modifier le code]

Susette Gontard, la « Diotima » de Hölderlin.

Le roman complet de Friedrich Hölderlin Hyperion oder Der Eremit in Griechenland (Hypérion ou l'Ermite en Grèce) paraît en 1797 (premier volume) et 1799 (second volume) chez Cotta (de).

Les lettres qui le composent sont adressées par le personnage principal, Hypérion, à son ami Bellarmin, ainsi que, dans le second volume, pour quelques-unes d'entre elles, à la femme qu'il aime, Diotima, personnage inspiré de l'amour de Hölderlin pour Susette Gontard durant son préceptorat à Francfort auprès des enfants de celle-ci et du banquier Jakob Gontard.

Fragment Thalia[modifier | modifier le code]

Selon Jean-Pierre Lefebvre, Hölderlin travaille déjà à son roman lorsqu'à la fin de 1793, il est précepteur à Waltershausen chez Charlotte von Kalb, amie de Friedrich Schiller qui lui a trouvé ce premier poste, est aussi son « mentor proche », souabe comme lui [1]. À Waltershausen, Hölderlin lit Kant et Rousseau et en novembre 1794, il part avec son élève Fritz von Kalb à Iéna, où il suit les cours de Fichte, rencontre Goethe qu'il ne reconnaît pas et certains poètes parmi les premiers romantiques[1]. Une première ébauche du roman de Hölderlin paraît dans la revue Thalia de Schiller en novembre 1794[2]. En se fondant sur les recherches d'Adolf Beck, Philippe Jaccottet considère que le personnage de Mélite, « anticipation rêvée de Diotima et de Suzette Gontard », aurait été inspiré par une inconnue à laquelle Hölderlin fait allusion dans sa correspondance d'alors[2].

Le roman complet[modifier | modifier le code]

Le roman épistolaire, classé comme roman philosophique, est « censé se dérouler en 1770, quelque part entre l'Allemagne, la Grèce et l'Asie Mineure »[1]. « Hypérion » signifie « celui qui va au-dessus » : le héros est un jeune Grec qui a séjourné un certain temps en Allemagne et revient chez lui en Grèce ; il écrit à son ami, un Allemand « curieusement nommé Bellarmin »[1].

Hölderlin, Hyperion Bd.1, 1797
Hölderlin, Hyperion Bd.2, 1799

Intrigue[modifier | modifier le code]

Aux yeux de Pierre Bertaux, qui le voit plutôt comme un roman lyrique, Hypérion peut être considéré comme un Bildungsroman (« roman d'apprentissage », « roman de formation », « roman d'éducation »), à la différence près qu'ici, « l'éducation semble aboutir à un échec[3] ».

« Enfant de la nature », le jeune Grec moderne Hypérion rencontre un sage vieillard nommé Adamas qui lui enseigne la splendeur disparue de la Grèce antique[3]. Engagé à voyager pour parfaire son éducation, Hypérion se lie en Asie Mineure, à Smyrne, avec un jeune homme du nom d'Alabanda, affilié à une société secrète, laquelle est censée poursuivre des objectifs vertueux, mais dont les membres ont banni en eux toute générosité, tout sentiment chaleureux ; Hypérion se sépare d'Alabanda et poursuit son voyage[3]. Sur l'île de Kalauria (aujourd'hui, Poros), il s'éprend d'une jeune fille, Diotima (du nom de la prêtresse de l'Amour dans Le Banquet de Platon), qui éveille en lui le désir de libérer son peuple : enthousiaste et fier de cette tâche, il quitte Diotima et rejoint Alabanda avec qui il s'est réconcilié, celui-ci ayant décidé de son côté de libérer la Grèce du joug ottoman[3]. Hypérion va découvrir que ces « libérateurs », auxquels il s'est rallié, ne sont que des bandits et perd ses illusions ; il est grièvement blessé et sauvé par Alabanda[3]. Quand, « revenu de tout », il écrit à Diotima afin qu'elle vienne le rejoindre pour qu'ils partent se cacher dans une vallée retirée des Alpes ou des Pyrénées, il reçoit une lettre de celle-ci qui se meurt, « consumée par son amour, par l'absence de son amant », et le billet joint d'un ami lui apprend sa mort[3]. Désespéré, Hypérion quitte la Grèce, va en Allemagne, « dont le peuple est plongé dans la plus sinistre barbarie » et décide à la fin de vivre dans une île, où il se réconcilie avec la nature, en jetant sur son passé un regard apaisé[3].

Hölderlin, l'Allemagne, la Révolution française[modifier | modifier le code]

Lucien Calvié observe dans Hypérion une juxtaposition de trois moments de l'histoire : l'Athènes antique, la révolte grecque contre les Ottomans en 1770 et la Révolution française[4]. Selon lui, Hölderlin fait reposer le roman sur une contradiction entre un « monisme contemplatif et spinoziste » que représente le personnage de Diotima et un « dualisme actif et fichtéen » représenté par Alabanda[4]. La contradiction se trouve dépassée dans la référence à l' én diaféron éauto d'Héraclite cité par Platon[4]. Mais pour Hölderlin, il s'agit aussi de la « nation allemande [...] et de son aptitude problématique au bonheur et à la liberté »[4].

Hypérion pourrait ainsi apparaître comme un « roman historique et politique “à clé” » où la situation grecque de 1770 permettrait de comprendre comme dans une sorte de langage codé la situation de l'Allemagne dans la dernière décennie du XVIIIe siècle[4]. Lucien Calvié rapporte l'interprétation de Maurice Delorme en 1959 :

« ... on peut voir un symbole dans le fait que ce soit aux compatriotes d’Hypérion (où nous avons plus d’une fois reconnu les Allemands de la fin du XVIIIe siècle) que Hölderlin adresse les critiques visant les révolutionnaires français […]. Hölderlin en avait à la passivité des Allemands qui, n’ayant pas su utiliser la présence des armées révolutionnaires pour faire leur révolution eux-mêmes, ont justifié partiellement l’attitude hostile des soudards français […] »

— Maurice Delorme, Hölderlin et la révolution française[5]

Dans l'interprétation de Delorme, commente Lucien Calvié, « les Grecs de 1770 “représentent” les Allemands des années 1790, les troupes russes “représentent” les troupes françaises en Allemagne et les Turcs ou Ottomans, enfin, “représentent” l’Ancien régime allemand et européen, injuste et oppressif »[4].

Première parution et traductions françaises[modifier | modifier le code]

Adaptations[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Jean-Pierre Lefebvre, « Hölderlin Friedrich (1770-1843), 3. Waltershausen-Iéna : “Hypérion” », dans Encyclopedia Universalis, site consulté le [lire en ligne].
  2. a et b Philippe Jaccottet, Notes autour de la période d' Hyperion dans Hölderlin, Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1967, p. 1145-1153.
  3. a b c d e f et g Pierre Bertaux, Hölderlin ou le temps d’un poète, Paris, Gallimard, 1983, p. 134-137.
  4. a b c d e et f Lucien Calvié, « Antiquité et actualité grecques, Révolution française et nation allemande dans le roman Hypérion de Hölderlin (1797-1799) », Anabases, 1 | 2005, p. 45-57 ; mis en ligne le 01 septembre 2011, consulté le 16 octobre 2023, [lire en ligne] ; DOI : https://doi.org/10.4000/anabases.1274
  5. Maurice Delorme, Hölderlin et la révolution française, Monaco, Éditions du Rocher, 1959.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs)

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]