Hôtel de Cheusses

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Hôtel de Cheusses
Porte cochère.
Présentation
Type
Hôtel particulier en U entre cour et jardin
Destination initiale
Demeure seigneuriale, puis siège du commandant de la Marine, puis Intendance de la Marine
Destination actuelle
Style
Ensemble néo-classique
Construction
Vers 1600, achevé en 1672, nombreuses reprises et adaptations jusqu'au XXe siècle
Propriétaire
Établissement public Musée national de la Marine
Patrimonialité
Localisation
Division administrative
Commune
Coordonnées
Carte

L'hôtel de Cheusses est un hôtel particulier situé à Rochefort en Charente-Maritime. De forme classique en « U », entre cour et jardin, la majeure partie de sa construction date du XVIIe siècle[1]. Le premier corps de bâtiment est érigé fin XVIe siècle-début XVIIe siècle par le seigneur de Rochefort, Gédéon de Lauzeré. Son nom hôtel de Cheusses, vient de celui du dernier seigneur de Rochefort-sur-Charente, Jacques Henri de Cheusses.

Depuis 1978, l'hôtel abrite le Musée National de la Marine, sous tutelle du Ministère de la Défense.

Introduction[modifier | modifier le code]

L’hôtel de Cheusses est le plus ancien bâtiment civil de la ville de Rochefort, antérieur à la construction de la ville et de son arsenal en 1666[2]. Il a servi de référence à l’élaboration du plan de la ville, plan orthonormé prenant appui sur l’orientation de l’hôtel. D'autre part, il incarne le pouvoir militaire et maritime puisqu'il était siège du commandant de la Marine et de l’Intendance. Sa situation donnait à ses occupants une vue d’ensemble de l’arsenal et de son activité, à la fois dominant la rivière Charente, à la fois dominant la ville de Rochefort[3], donnant la direction à suivre pour l’arsenal, donnant la direction des rues de la ville.

Historique[modifier | modifier le code]

En 1594, Henri IV de France vend par adjudication à son premier valet de chambre, Adrien de Lauzeré, les terres et la seigneurie de Rochefort[4]. Celui-ci ne trouvant sur place qu’un château en ruine (le vieux château), il commande la construction d’une nouvelle demeure. C’est son fils, Gédéon de Lauzeré qui fait ériger le premier corps du bâtiment entre 1600 et 1620[5]. Cette construction se compose d’une aile (actuelle aile Nord) encadrée de deux pavillons carrés surélevés par rapport au bâtiment. Vers 1650, le corps de logis principal est mis en place, en retour d’équerre[6]. En 1666 quand Colbert choisi d’implanter l’arsenal du Roi à Rochefort, celui-ci reprend les terres et la seigneurie de Rochefort à Jacques Henri de Cheusses, époux de la fille de Gédéon de Lauzeré, au nom de l’inaliénabilité du domaine royal[7].

Cette démarche tout à fait légale s’appuie sur des lois datant du Moyen Âge. Jacques Henri de Cheusses, qui plus est Huguenot, se retire avec sa famille, sûrement par le biais des réseaux protestants. La fondation de l’arsenal place l’hôtel de Cheusses au centre du pouvoir, puisque celui-ci domine par sa situation géographique l’activité navale du nouveau port de guerre. L’hôtel de Cheusses est également au centre du pouvoir par ses fonctions. Entre 1690 et 1781 le bâtiment abrite les commandants de la Marine qui sont les chefs militaire de l’arsenal et du port. Puis de 1781 à 1927, l’hôtel accueille les intendants de la Marine qui sont les chefs administratifs de l’arsenal et du port.

Entre 1670 et 1672, le bâtiment est complété au Sud par une aile qui donne sa forme classique en « U » à l’hôtel[8]. Le bâtiment construit de façon classique en « U » se disait également « entre cour et jardin », puisqu’un jardin à la française se tenait entre l’hôtel et la Charente. Celui-ci disparaît vers 1830, à la création de la Porte du Soleil, pour les besoins de l’arsenal. Ainsi l’hôtel de Cheusses est à la fois ouvert sur la ville et sur l’arsenal : l’édifice étant le symbole du pouvoir.

La deuxième moitié du XVIIIe siècle est riche en rénovation, reconstruction du bâtiment. Vers 1744[9], l’aile Sud est reprise, les murs extérieurs sont reconstruits en moellons, ce qui indique l’urgence et le manque de moyen de l’entreprise. Cette reprise de l’aile Sud coïncide avec la construction du logement des Ingénieurs (actuel hôtel de la Comtesse d’Amblimont). En 1751, l’aile Nord (la première construite) est rétablie à neuf, on y ajoute un cadran solaire[9]. Entre 1749 et 1775, l’ingénieur Onésime Augias construit un portail d’entrée néo-classique, flanqué de guérites[10]. Dans le même temps l’aile Est, côté cour, est reprise. On y ajoute un avant-corps décoré style rococo (feuilles d’acanthe et coquillages,…), qui renforce la fonction de représentation du pouvoir qu’incarne l’hôtel de Cheusses.

En 1927, quand l’arsenal ferme ses portes, l’archiviste du port Dick Lemoine entreprend de faire de l’hôtel de Cheusses un musée naval. Après rénovation du bâtiment qui a d’ailleurs été fraichement classé Monument historique le [11],[12], le musée naval de Rochefort ouvre ses portes en . Mais en 1939 la Marine entend redonner une fonction militaire à ce bâtiment. Ainsi, le , l’hôtel de Cheusses devient la Comptabilité Générale de la Marine. Le les Allemands occupent partiellement le bâtiment et finissent par l’occuper intégralement en . Les collections du musée sont déménagées dans divers services de la Marine (orphelinat, bibliothèque, foyer du marin). En 1951, la Sécurité Navale s’installe dans l’hôtel pour le quitter en 1959[13]. Depuis cette date et ce jusque 1973, tout est mis en œuvre afin de rouvrir le Musée Naval à l’été 1973. En 1978 l’hôtel de Cheusses est donné en dotation à l’établissement public « Musée National de la Marine », sous tutelle du Ministère de la Défense[14].

Fonctions du bâtiment[modifier | modifier le code]

  • 1600-1666 : demeure noble de la famille de Lauzeré puis Henry de Cheusses ;
  • 1666-1690 : abrite sûrement Colbert du Terron[réf. nécessaire] qui pendant la construction de l’arsenal devait loger dans le seul bâtiment habitable de Rochefort : l'hôtel de Cheusses ;
  • 1690-1781 : logement et bureau du commandant de la Marine qui est le chef militaire de l'arsenal ;
  • 1781-1927 : logement et bureau de l'intendant de la Marine qui est le chef administratif de l'arsenal. L'intendant portera les noms d'Ordonnateur sous la République et de Commissaire Général à la restauration ;
  • 1936-1939 : Musée naval ;
  • 1944-1959 : Bureau de Recrutement de la Marine / Services Sociaux de la Marine / Sécurité Navale ;
  • 1973-… : Musée national de la Marine.

Coup d'œil sur les boiseries[modifier | modifier le code]

Ces boiseries sont présentes dans cinq salles de l’hôtel de Cheusses réparties entre le rez-de-chaussée et l’étage. Il s’agit d’un revêtement en bois, le plus souvent peint, que l’on applique sur une paroi intérieure. Elles sont réalisées à partir d’une série de dessins à l’encre et mine de plomb signés Onésime Augias, ingénieur en chef de l’arsenal. Ils portent la mention « approuvé Maureville » ce qui indique que ces dessins furent réalisés en 1771 et 1775[15], années où Bidé de Maurville fut commandant de la Marine. Ces boiseries néoclassiques XVIIIe siècle sont les plus anciennes de Rochefort. Les motifs décoratifs représentent des guirlandes de lauriers, de fleurs ou de feuillages.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Historique du musée naval de Rochefort (13.11.1961 ; Musée de la Marine de Rochefort)
  2. Guy Saupin, Villes atlantiques dans l’Europe occidentale du Moyen Âge au XXe siècle, Presses universitaires de Rennes, , 480 p. (ISBN 978-2-7535-3245-8, lire en ligne)
  3. Plan de la ville et du port de Rochefort pour servir aux projets de 1745 (SHD MD 07001300_P)
  4. Lettre patente du 11.09.1599adjudication à Adrien de l'Auzeray, premier valet de chambre du Roi, de la terre et châtellenie de Rochefort sur Charente (B.N.F. MsFr 18159 f84v)
  5. Détails des tours du premier logis : la corniche en modillons, le toit d'ardoises et l'appareillage en moellons
  6. Note Musée de la Marine de Rochefort
  7. in Mémain La Marine de guerre sous Louis XIV, p. 73, Mel.Colb. Vol CVI : de Terron à Colbert, 9.01.1666
  8. Plan de Rochefort 1674 (SHD Vincennes 74RTF07 no 4)
  9. a et b Travaux Maritimes, Entretiens, Réparations 1739-1753, p. 33 (SHD Rochefort 1K4 22)
  10. Plan de la maison de Madame la Comtesse d'Amblimont 1775, signé Augias (SHD Vincennes DD2 695 p67)
  11. Arrêté de classement aux Monuments Historiques 19.01.1932 (Archives Musée de la Marine de Rochefort)
  12. « Ancien Hôtel de Cheusse, dit Hôtel de l'Intendance maritime », notice no PA00104868, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  13. Lettre du secrétaire d’État chargé de la Marine au commandant de la Marine de Bordeaux concernant l'utilisation de l'hôtel de Cheusses pour les bureaux de la Sécurité Navale et le logement de l'inspecteur de la Sécurité Navale, 27.08.1951 (Archives Musée de la Marine de Rochefort)
  14. Dossier de procédure de changement de propriétaire de l'hôtel de Cheusses 1976-1978 (Archives du Musée de la Marine de Rochefort)
  15. Chambre à coucher (SHD Rochefort 1K2 334,339,355)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]