Gus Bofa

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Gus Bofa
Naissance
Décès
(à 85 ans)
Aubagne
Nationalité
Activités
Formation

Gustave Henri Émile Blanchot, dit « Gus Bofa », né le à Brive-la-Gaillarde et mort le à Aubagne, est un illustrateur français.

 Biographie [modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Fils du colonel Paul Léopold Jean Baptiste Blanchot (1836-1914), dont il est le 11e et avant-dernier enfant, il passe son enfance à Bordeaux puis emménage à Paris (son père est nommé commandant militaire du Sénat). Il est inscrit au lycée Henri-IV, établissement où il rencontre André Dunoyer de Segonzac et Maurice Constantin-Weyer qui resteront ses amis les plus proches.

C’est à l’âge précoce de cinq ans qu’il invente son nom d’artiste, Gus Bofa[1].

Carrière[modifier | modifier le code]

Il se destine à la carrière militaire mais y renonce au moment de présenter le concours de Saint-Cyr. Pour gagner un peu d’argent, il commence, dès 1900, à vendre des dessins aux journaux illustrés comme Le Sourire, Le Rire ou La Risette.

Après son service militaire, et quelques emplois de bureau sans intérêt, il crée, vers 1906, les Affiches Gus-Bofa. Fort de son succès d’affichiste, il écrit des contes pour la presse, des revues pour le music-hall et tient la chronique théâtrale du Rire puis du Sourire, journaux qu’il dirige brièvement et où il fait débuter Pierre Mac Orlan. Il dessine aussi des costumes et décors pour le théâtre.

Très grièvement blessé aux jambes en décembre 1914 lors des combats du Bois-le-Prêtre, il refuse d’être amputé et, de son lit d’hôpital, envoie des dessins à La Baïonnette.

Au lendemain de cette guerre, qui l’a laissé infirme, il commence, poussé par Mac Orlan, une carrière d’illustrateur de livres de luxe. Il met ainsi en image Mac Orlan, Courteline, Swift, Voltaire, De Quincey, Cervantès ou Octave Mirbeau. Parallèlement, il publie des albums personnels comme Le Livre de la guerre de Cent Ans ou Chez les toubibs.

Bofa est le fondateur et directeur du Salon de l’Araignée, qui veut donner un espace de liberté aux dessinateurs et les pousser à un art plus personnel, et qui occupe une place importante dans l'histoire de l'illustration[2].

Il s’occupe aussi de la chronique littéraire du Crapouillot, magazine littéraire et artistique, qu’il tiendra jusqu’en 1939.

Avec les années 1930, son œuvre prend un tour de plus en plus personnel et hanté. Malaises décrit l’angoisse existentielle et La Symphonie de la peur propose la peur comme moteur de l’histoire humaine. Zoo présente l’homme comme un animal dénaturé.

En 1940, avec l'entrée de l'armée allemande à Paris, Bofa dû se replier. Le dessinateur qui logeait à Cormeilles-en-Vexin n'eut d'autre choix que de se replier à Mauperthuis, « à l’abri des radios, des journaux, des insupportables discussions entre sourds et aveugles, sur la guerre inconnaissable ». Il quittera Mauperthuis, assez déçu par le comportement des villageois à son égard[3].

Les années 1950 marquent la fin de l’édition de luxe et, pour Bofa, le début de l’oubli. Indifférent à la gloire, il approfondit, à travers des livres autobiographiques, dont il signe textes et images, comme La Voie libre, Déblais ou La Croisière incertaine, une réflexion désabusée et pessimiste sur la condition humaine.

Il meurt en 1968 à quatre-vingt-cinq ans.

Postérité[modifier | modifier le code]

Son ami Pierre Mac Orlan dit de lui : « Gus Bofa est avant tout un écrivain qui a choisi le dessin pour atteindre ses buts. Un texte de Bofa, un dessin de Bofa sont construits dans la même matière et l’un et l’autre sont animés de ce même rayon de poésie humoristique qui comprend tout ce qui tient une place entre la vie et la mort. »

Gus Bofa a une influence indéniable sur les auteurs de bande dessinée. Varlot Soldat de Jacques Tardi, par exemple, est inspiré par ses illustrations de guerre publiées dans La Baïonnette[4].

David Prudhomme dit que « l'œuvre de Bofa ouvre beaucoup de pistes » : il « utilise les flous, les zones d'ombre, les non-dits, les hors-champ » avec « l'art de viser de côté pour trouver l'angle révélateur ». Blutch estime que « ses images ont une force d'évocation rare » et ajoute : « quand je l'ai découvert, il m'intimidait, peut-être par sa virulence, ce trait indompté, tellement éloigné du trait amidonné de la bande dessinée dans laquelle j'ai été élevé ». Pour Jean-Yves Ferri, Bofa « a une économie de moyens formidable. Il fait passer un caractère en peu de chose »[4].

Son œuvre fait l'objet d'une exposition au Festival d'Angoulème en 2014, couplée aux dessins de Tardi à l'occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale[5]. Il est également exposé l'année suivante aux « Rencontres du 9ème art » d'Aix-en-Provence[6].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Gus Bofa, Chez les toubibs, Renaissance du livre, 1917.
  • Gus Bofa, Zoo, Editions Mornay, 1935.
  • La Croisière incertaine, librairie des Champs-Élysées, 1950.
  • Le Chemin de l'ascétisme, éd. Marval 1983 (ISBN 2-86234-000-6)
  • Gus Bofa, Malaises, Paris, Cornélius, 2001.
  • Gus Bofa, Slogans, Paris, Cornélius, 2002.
  • Gus Bofa, Synthèses littéraires et extra-littéraires, Paris, Cornélius, 2003.
  • Gus Bofa, La Guerre de cent ans, Paris, Cornélius, 2007.
  • Gus Bofa et Pierre Mac Orlan, U713 ou les Gentilshommes d'infortune, Paris, Cornélius, 2010.
  • Gus Bofa, Chez les toubibs, Bordeaux, Cornélius, 2014.

Livres illustrés

  • Marcel Aymé, Contes et nouvelles, Gallimard/NRF, 1953 (reliure de Paul Bonet)
  • Emile Zola, L'Assomoir, in Chefs-d'œuvre, Gallimard/NRF, 1957 (reliure de Paul Bonet)

Références[modifier | modifier le code]

  1. Une enquête auprès des écrivains et des artistes. Pourquoi avez-vous choisi un pseudonyme et comment l'avez-vous choisi ? Réponse de M. Gus Bofa. La Liberté, 27 janvier 1935, p. 2, lire en ligne sur Gallica.
  2. « Le Salon de l’Araignée, creuset du dessin des années folles et d’une certaine bande dessinée française d’aujourd’hui », sur ActuaBD (consulté le )
  3. Emmanuel POLLAUD-DULIAN, « D’UN PESSIMISME, L’AUTRE : GUS BOFA ILLUSTRATEUR D’OCTAVE MIRBEAU », Pollaud-Bofa,‎ inconnu
  4. a et b « Des générations d'auteurs guidées par le trait de Gus Bofa », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Angoulême 2014 : Tardi et Bofa pour dénoncer la boucherie », sur ActuaBD (consulté le )
  6. « Rencontres d’Aix 2015 : Retour sur l’Expo Bofa (vidéo) - ActuaBD », sur www.actuabd.com (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie [modifier | modifier le code]

  • René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 148-149
  • Fernand Fleuret, Gus Bofa, in Arts et Métiers graphiques no 38, 15 novembre 1933, p. 13-21
  • Pierre Mac Orlan, Les Décorateurs, les illustrateurs du beau livre, in Les Arts et les Techniques graphiques, 1937, p. 38
  • Pierre Mac Orlan, Gus Bofa, in Le Portique no 6, 1947, p. 5-34, Éditions Rombaldi, Paris.
  • Pierre Mac Orlan, Éloge de Gus Bofa, édition Manuel Bruker, Paris, 1949.
  • Giovanni Guareschi, Le petit monde de Don Camillo, illustrations de Gus Bofa, André Sauret, Éditions Vie, Lausanne, 1956
  • Roger Bouillot, Gus Bofa l’incendiaire, Paris, Futuropolis, 1980.
  • Christian Delporte, Gus Bofa et le « salon de l’araignée » (1920-1930), Gavroche, n°65, septembre-, texte intégral.
  • Benoît Decron, Claude Goumoëns, Gus Bofa & Mac Orlan, Les Sables-d’Olonne, musée de l’Abbaye Sainte-Croix, 2000. (ISBN 2913981054)
  • Emmanuel Pollaud-Dulian, Gus Bofa l'enchanteur désenchanté, Paris, Cornélius, 2013.

 Articles connexes [modifier | modifier le code]

  • L’illustrateur et caricaturiste Georges Goursat dit Sem
  • Jean Bruller, dit Vercors, qui fut illustrateur avant d’être écrivain et dont le dessin doit beaucoup à Bofa.

 Liens externes [modifier | modifier le code]