Gouvernement Maurice Rouvier (1)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Gouvernement Maurice Rouvier (1)

Troisième République

Description de l'image defaut.svg.
Président de la République Jules Grévy
Sadi Carnot
Président du Conseil Maurice Rouvier
Formation
Fin
Durée 6 mois et 6 jours
Composition initiale
Coalition Union des gauches - Gauche radicale (en partie)
Ministres 10
Représentation
IVe législature
362  /  584

Le premier gouvernement Maurice Rouvier est le gouvernement de la Troisième République en France du au .

Maurice Rouvier obtient pour la première fois la neutralité de la droite et constitue un cabinet modéré d'où il écarte le général Boulanger.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le gouvernement Goblet marque le véritable début du boulangisme et poursuit l'éloignement entre radicaux et opportunistes, cristallisé par la présence Georges Boulanger au gouvernement.

Le , René Goblet remet la démission du Gouvernement au président de la République, Jules Grévy. Celui-ci se retrouve dans une véritable crise gouvernementale puisque les radicaux posent comme principe le retour de Boulanger et les opportunistes sont évictions. Un gouvernement de concentration est donc presque impossible. Environ douze personnalités sont appelées pour former un gouvernement dont Charles de Freycinet, trois fois, Maurice Rouvier, Charles Duclerc, Charles Floquet et Paul Devès[1].

Le 22 mai, Henri Rochefort utilise pour la première fois l'idée d'un plébiscite pour Boulanger lors d'une élection partielle à Paris, en demandant aux radicaux de mettre son nom sur le bulletin. Dispositif assez suivit puisque Boulanger obtient environ 13 % des votants[2].

À partir du , la presse nationale commence à gronder et les opportunistes posent l'ultimatum sur l'absence de Boulanger pour tout gouvernement. Le 29, Grévy penche à regret pour rappeler Boulanger au gouvernement mais l'ensemble des trois groupes républicains sénatoriaux s'y opposent. Floquet est quant-a-lui refusé pour sa position trop pro-polonaise dans un contexte de rapprochement avec la Russie[1].

En parallèle, Armand de Mackau rencontre le Président pour lui indique que la droite accepterait un gouvernement opportuniste sans Floquet ni Boulanger, en échange d'une politique beaucoup plus modérée sur l'anticléricalisme et l'arrêt des discriminations envers les catholiques dans les emplois publics et obtenir des faveurs ministérielles[2]. Le 27, Rouvier, après avoir été éconduit par les radicaux, reçoit la droite et accepte verbalement l'accord de non-opposition pour son gouvernement. Il est presque immédiatement connu cet accord dans les rapports de police ainsi que dans les journaux, ce qui fait rugir les radicaux[2].

Le , Jules Grévy nomme Maurice Rouvier président du Conseil des ministres et le 31, Rouvier prononce difficilement, sous le brouhaha des radicaux un court discours suivit par un vote de confiance de 362 pour et 149 contre[3].

Composition[modifier | modifier le code]

Comme signe d'opposition à Boulanger, le général Saussier impose Théophile Ferron comme ministre de la Guerre. Seul Flourens est conservé du précédant gouvernement. Severiano de Heredia et Paul Barbe sont membres de la Gauche radicale mais leur participation au gouvernement les excommunies du groupe[4]. Rouvier fusionne sous le ministère des Finances, les services du ministère des Postes et des Télégraphes

Fonction Image Nom Parti politique
  Président du Conseil des ministres Maurice Rouvier Union des gauches
(Union républicaine)

Ministres nommés le 30 mai 1887[5][modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre des Finances
Ministre des Postes et Télégraphes
Maurice Rouvier Union des gauches
(Union républicaine)
  Ministre de la Justice et garde des sceaux Charles Mazeau Gauche républicaine
  Ministre des Affaires étrangères Émile Flourens[6]
  Ministre de l’Intérieur Armand Fallières Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de la Guerre Théophile Ferron
  Ministre de la Marine et des Colonies Édouard Barbey Gauche républicaine
  Ministre de l'Instruction publique,
des Beaux-Arts et des Cultes
Eugène Spuller Union des gauches
(Union républicaine)
  Ministre des Travaux publics Severiano de Heredia Gauche radicale
  Ministre du Commerce et de l'Industrie Lucien Dautresme Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de l'Agriculture Paul Barbe Gauche radicale

Remaniement du 8 juin 1887[7][modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies Eugène Étienne Union des gauches
(Union démocratique)

Remaniement du 30 novembre 1887[modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre de la Justice (par intérim, en supplément de sa fonction de ministre de l'Intérieur) Armand Fallières Union des gauches
(Union démocratique)

Bilan[modifier | modifier le code]

Le cabinet doit faire face à une opposition de l'extrême gauche, ainsi que des radicaux et à la montée du boulangisme. Il fait quitter Boulanger de Paris en juillet pour Clermont-Ferrand[8]. Face à l'alliance avec la droite, il est aussi mis en difficulté dès août puisqu'il ne peut tenir ses promesses. Après la loi militaire, où la droite n'a obtenu aucune concession, la loi du 15 novembre sur la liberté des funérailles est aussi défavorable aux conservateurs. De plus, la laïcisation du personnel scolaire est ralentie mais ne s'arrête pas. Enfin, la base catholique ne reçoit aucun avantage ministériel. Mackau prend donc la décision de retirer son soutien masqué du gouvernement en octobre et indique à son groupe qu'ils ont été trompés par les opportunistes. Le gouvernement n'est plus donné que quelques mois maximum[9]. De même, Jules Ferry voit que l'alliance avec la droite ne mène nul part et empêche au gouvernement de gouverner[10].

Finalement l'éclatement du scandale des décorations qui éclabousse le président de la République réduit sa durée à quelques semaines. Après avoir vainement tenté de préserver Jules Grévy, Rouvier remet sa démission à son successeur.

Fin du gouvernement et passation des pouvoirs[modifier | modifier le code]

Le , le président de la République, Jules Grévy, signa sa lettre de démission.

Le , la Chambre des députés et le Sénat, constitutionnellement réunies en Assemblée nationale, élurent Sadi Carnot à la présidence de la République.

Le , Maurice Rouvier remit la démission du Gouvernement au nouveau président de la République.

Le , Sadi Carnot appelle René Goblet à former le nouveau gouvernement, mais ce dernier échoue.

Le , Carnot désigne Armand Fallières à constituer le nouveau gouvernement, mais échoue également.

Le , Sadi Carnot nomma Pierre Tirard à la présidence du Conseil des ministres[11].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Origine populisme, p. 211-212.
  2. a b et c Origine populisme, p. 213-215.
  3. Origine populisme, p. 216.
  4. Origine populisme, p. 217.
  5. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  6. Membre du gouvernement précédent ayant conservé son poste
  7. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  8. Origine populisme, p. 220.
  9. Origine populisme, p. 226.
  10. Origine populisme, p. 228.
  11. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  • Bertrand Joly, Aux origines du populisme : histoire du boulangisme, Paris, CNRS Éditions, (ISBN 978-2-271-13972-6).