Gamma-glutamyltranspeptidase

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Une gamma-glutamyltranspeptidase (γ-GT, ou Gamma-GT, ou GGT), ou γ-glutamyltransférase, est une aminoacyltransférase qui catalyse la réaction :

(5-L-glutamyl)-peptide + acide aminé    peptide + 5-L-glutamyl-acide aminé.

Ces enzymes hépatiques sont impliquées dans le métabolisme des acides aminés. On les trouve aussi dans d'autres tissus, notamment le rein[1],[2], le pancréas, ou encore dans l'épididyme.

Chez l'alcoolique, leur taux augmente corrélativement à une modification du volume globulaire moyen (ou VGM, une valeur biologique décrivant la taille des globules rouges). L'association de ces deux indicateurs serait un indice plus fiable d'alcoolisme selon une étude publiée par la JAMA[3] ; des études suggèrent que le dosage des GGT pourrait avoir valeur de test de dépistage de l'alcoolisme[4].

On en a aussi trouvé dans les capillaires sanguins du cerveau (à partir d'homogénats de cortex cérébral bovin). L'enzyme a été localisée dans les cellules endothéliales par histochimie, ce qui laisse penser que les Gamma-GT pourraient aussi jouer un rôle dans le transfert de certains acides aminés au travers la barrière hémato-encéphalique[5],[6].

On a également trouvé des Gamma-GT chez des plantes[7].

Fonction[modifier | modifier le code]

La GGT est présente dans les membranes des cellules de nombreux tissus, y compris les reins, les voies biliaires, le pancréas, le foie, la rate, le cœur, le cerveau, et les vésicules séminales. Elle est impliquée dans le transfert d'acides aminés à travers la membrane cellulaire et le métabolisme des leucotriènes. Elle est également impliquée dans le métabolisme du glutathion par le transfert de la fraction glutamyle à une variété de molécules d'accepteur y compris l'eau, certains acides L-aminés et des peptides, en laissant la cystéine produite pour préserver l'homéostasie intracellulaire du stress oxydatif.

Analyses médicales[modifier | modifier le code]

La détermination de l'activité sérique des Gamma-GT est un indice (si cette activité est élevée) d'anomalie du foie (le plus souvent dû à un alcoolisme chronique (spécificité à 80 %) ; les gamma GT sont un marqueur d'absorption d'alcool dans le mois ayant précédé la prise de sang), une cirrhose hépatique, une nécrose hépatique, des tumeurs ou cancers hépatiques[8], une hépatite (virale ou microbienne), toxique ou médicamenteuse (médicaments hépatotoxiques)... bien que cela puisse également être dû à d'autres états tels :

5 à 10 % des patients ont des taux élevés, sans cause connue.

Les GGT pourraient aussi être impliqués dans la genèse de certains cancers du foie[11],[12].

Certaines personnes présentent une glutathionémie et une glutathionurie marquée. L'étude de ce trouble pourrait permettre de mieux comprendre les rôles de cette transpeptidase dans le transport des acides aminés et dans le métabolisme du glutathion[13].

Dans le domaine de l'alcoologie[modifier | modifier le code]

Le taux de Gamma GT (GGT) ne renseigne pas sur la quantité d'alcool ingéré, ni sur la durée d’intoxication alcoolique, mais il est considéré comme un marqueur fiable de l'intoxication alcoolique chronique (les GGT n’augmentent pas à la suite d'une intoxication alcoolique aiguë, mais environ un mois après une intoxication qui débute).
Une étude ayant porté sur des adultes employés ou chefs d'entreprises a conclu que dans cet échantillon, dépasser 50 UI/L correspondait dans 62 % des cas à l'ingestion d'au moins 450 g d'alcool par semaine. Des faux négatifs ayant en outre pu se faire à cause de la sous-estimation de la consommation d'alcool par le patient[14].
Le dosage des Gamma GT permet aussi de suivre sur le moyen et long terme l'observance d'un régime sans alcool.

Analyses[modifier | modifier le code]

Elles se font via un prélèvement sanguin, en général au pli du coude, sans conditions spéciales (mais d'autres examens demandés par le même bilan peuvent imposer des précautions particulières).
Des tests colorimétriques[15] ou autres permettent ensuite de doser l'enzyme.

Valeur normale[modifier | modifier le code]

Pour un adulte moyen, le taux de Gamma GT plasmatique ne doit pas dépasser 55 UI/L (unités internationales par litre)[16].
Plus précisément, la valeur normale de la concentration en GGT doit être comprise entre[17] :

  • 15 et 60 UI/L* pour un homme ;
  • 10 et 40 UI/L pour une femme.

*(UI/L → unité internationale d'activité biologique par litre)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Curthoys N.P. and Hughey RP « Characterization and physiological function of rat renal gamma-glutamyltranspeptidase » Enzyme 1979;24:383-403.
  2. (en) Horiuchi S., Inoue M. et Morino Y. « Gamma-glutamyt transpeptidase: sidedness of its active site on renal brush border membrane » Eur. J. Biochem. 1978;87:429-437.
  3. (en) Laure Papoz, MS ; Jean-M. Warnet, PhD ; Georges Péquignot, MD ; Eveline Eschwege, MD ; Jean R. Claude, PhD ; Daniel Schwartz, PhD ; Alcohol consumption in a healthy population relationship to γ-glutamyl transferase activity and mean corpuscular volume ; JAMA 1981 ; 245:1748-1751 (résumé).
  4. (en) J.G. Rollason, G. Pincherle and D. Robinson Serum gamma glutamyl transpeptidase in relation to alcohol consumption ; Clinica Chimica Acta Volume 39, Issue 1, June 1972, p. 75-80 ; doi:10.1016/0009-8981(72)90301-4 (résumé).
  5. (en) Wolf S, Gassen HG. ; Gamma-glutamyl transpeptidase, a blood-brain barrier associated membrane protein. Splitting peptides to transport amino acids ; Adv. Exp. Med. Biol. 1997 ; 421:37-45.
  6. (en) Orlowski M, Sessa G, Green JP. ; Gamma-glutamyl transpeptidase in brain capillaries: possible site of a blood-brain barrier for amino acids, Science. 1974 Apr 5 ; 184(132):66-8. (résumé).
  7. (en) Kasai T., Ohmiya A. and Sakamura S. (1982), Gamma-glutamyltranspeptidase in the metabolism of gamma-glutamyl peptides in plants, Phytochemistry, 21, 1233-1239.
  8. (en) Sawabu N., Nakagen M., Ozaki K., Wakabayashi T., Toya D., Hattori, N. and Ishii M. (1983), Clinical evaluation of specific gammaglutamyltranspeptidase isoenzyme in patients with hepatocellular carcinoma, Cancer, 5), 327-331.
  9. (en) Tateisni N., Higashi T., Nomura, T., Naruse A., Nakashima, K., Shiozaki H. and Sakamoto Y. (1976), Higher transpeptidation activity and broad acceptor specificity of gamma-glutamyltransferase of tumors, Gann, 67, 215-222.
  10. (en) De Young, L.M., Richards W.L., Bonzelet W., Tsai L.L. and Boutwell, R.K. (1978), Localization and significance of gamma-glutamyltranspeptidase in normal and neoplastic mouse skin, Cancer Res., 38, 3697-3701.
  11. [PDF](en) Marie H. Hanigan and Henry C. Pitot Commentary Gamma-glutamyl transpeptidase — its role in hepatocarcinogenesis ; Carcinogenesis 1985, vol. 6, no 2, p. 165-172.
  12. (en) Kalengayi MM, Ronchi G et Desmet VJ, « Histochemistry of gamrna-glutamyltranspeptidase in rat liver during aflatoxin B, induced carcinogenesis » J. Natl. Cancer Inst. 1975;55:579-588.
  13. (en) Joseph D. Schulman, Stephen I. Goodman, John W. Maced, A.D. Patrick, Frank Tietze et E.J. Butler ; Glutathionuria: Inborn error of metabolism due to tissue deficiency of gamma-glutamyl transpeptidase ; Biochemical and Biophysical Research Communications, volume 65, Issue 1, 8 juillet 1975, p. 68-74 doi:10.1016/S0006-291X(75)80062-3.
  14. (en) J.Chick, Mean cell volume and gamma-Gllutamyl-Transpeptidase as markers of drinking in working men ; The Lancet, Volume 317, Issue 8232, p. 1249-1251 (résumé).
  15. (en) Goidbarg, J.A., Friedman, O.M., Pineda, E.P., Smith, E.E., Chatterji, R., Stein, E.H. and Rutenberg, A.M. (1960), The colorimetric determination of gamma-glutamyl transpeptidase with a synthetic substrate, Arch. Biochem. Biophys., 91, 61-70.
  16. (en) Tsuji A., Matsuda, Y. and Katunuma N. (1980), Characterization of human serum gamma-glutamyltranspeptidase, Clin. Chim. Ada, 104, 361-366.
  17. Gamma-GT : décryptage de sa prise de sang, sur passeportsante.net, consulté le 21 novembre 2018.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Meister, A. and Tate.S.S. (1976), Glutathione and related gammaglutamyl compounds: biosynthesis and utilization, Annu. Rev. Biochem., 45, 559-604.
  • Albert.A.Z., Orlowski.M. and Szewczuk.A. (1961), Histochemical demonstration of gamma-glutamyl transpeptidase, Nature, 191,767-768.
  • Rutenburg.A.M., Kim.H., Fischbein.J.W., Hanker.J.S., Wasserkrug, H.L. and Seligman.A.M. (1969), Histochemical and ultrastructural demonstration of gamma-glutamyl transpeptidase activity, Histochem. Cytochem., 17, 517-526.
  • (en) Medline Plus.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]