Bourdaine

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Frangula alnus

La Bourdaine ou Bourgène (Frangula alnus) est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Rhamnaceae. C'est un arbuste qui pousse en milieu généralement très humide et dont l'écorce est utilisée comme purgatif[1].

Synonymie[modifier | modifier le code]

  • Rhamnus frangula, bourgène, aulne noir[2].
  • Frangula dodonei P. Arduino, 1766. Elle est fréquemment désignée sous ce nom prétendument plus ancien, mais les écrits d'Arduino ne présentent pas de vrai nom binomial donnant un statut nomenclatural [3].

Description[modifier | modifier le code]

C'est un arbrisseau haut de 1 à 3 mètres[4].

L'écorce se dédouble facilement : l'externe est brun-noir, l'interne est verte. De nombreuses lenticelles grisâtres et allongées sont apparentes en surface ; l'écorce exhale une odeur forte et désagréable[réf. nécessaire].

Les tiges sont élancées, les rameaux sont alternes, sans épines.

Les feuilles sont alternes, obovales, apiculées, à bords lisses, glabres, à 7-9 paires de nervures arquées, courtement pétiolées (max 2 cm de long), et vert brillant au-dessus[5], vert clair dessous[4].

Les fleurs groupées en ombelles, hermaphrodites, petites, verdâtres et dont la floraison s'étale d'avril à juillet, donnent des fruits globuleux d'abord verts puis rouges et enfin noirs à maturité[4]. Ils sont alors frais, juteux, un peu sucrés mais toxiques[réf. nécessaire].

Leurs bourgeons sont bruns et nus, ils ne possèdent pas d'écailles.

Fleurs de bourdaine. Écorce.

Habitat[modifier | modifier le code]

On trouve la bourdaine soit sur des terrains humides et acides, soit sur des terrains secs et calcaires (écotype, dans les sous-bois, les clairières, en lisières forestières, en plaine et en montagne). Elle est répandue dans toute l'Europe, sauf l'extrême nord et la région méditerranéenne.

En Suisse, on la trouve dans les aulnaies, zones humides et haies, aux étages collinaires et montagneux. Elle n'est ni menacée, ni protégée[4], mais cependant mentionnée dans les Objectifs environnementaux pour l’agriculture "Espèces et milieux naturels". Cela signifie qu'elle est mentionnée en tant qu'espèce caractéristique dans des milieux naturels[6].

Toxicité[modifier | modifier le code]

Les fruits et l'écorce fraîche contiennent des composés anthracéniques dont la forme réduite est émétique, donc très toxique, mais le séchage permet leur oxydation en anthraquinones[7]. Celles-ci, sous forme de glycosides ou aglycones ont un effet purgatif violent avec risque de collapsus. Les fruits sont dangereux pour les enfants[8].

Son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient des alcaloïdes peptidiques (frangulanine, franganine) en faibles quantités aux effets psychotropes[9].

Propriétés médicinales[modifier | modifier le code]

L'écorce séchée contient de 6 % à 9 % d’anthranoïdes[réf. souhaitée] (ses baies en contiennent aussi mais seulement 3 % à 4 %) et est utilisée comme laxatif stimulant. À réserver à un usage occasionnel, car elle est irritante pour le côlon[réf. souhaitée].

Autres propriétés[modifier | modifier le code]

La bourdaine est également une plante mellifère, grâce à ses petites fleurs riches en nectar[10],[11],[12].

La bourdaine est aussi un arbuste tinctorial. Selon les techniques de teinture et la partie utilisée, elle permet d'obtenir plusieurs couleurs : son écorce fraîche donne des tons nuancés de rouge à framboise, son écorce sèche et son bois varient du rouge au brun, ses baies violettes peuvent même donner du vert[13].

Le bois de la bourdaine est également utilisé en vannerie. Son bois souple se travaille facilement[14].

La bourdaine dans l'Histoire[modifier | modifier le code]

La bourdaine est une essence forestière qui servit pendant plusieurs siècles à la fabrication de la poudre à canon. L'ordonnance de Colbert "sur le Faict des Eaux et Forêts" de 1669 ordonne le monopole de sa récolte par le Service des Poudres et Salpêtres, qui avait la charge de la payer au cours moyen des coupes de bois. Une disposition qui fut rappelée au rythme des guerres de la fin du règne du roi Louis XIV. Elle avait alors un intérêt économique important[15].

Durant le Consulat, un arrêté de 1803 (du 25 fructidor an XI) précisait que « le bois de bourdaine continuera à être réservé pour la confection du charbon de bois propre à la fabrication de la poudre »[16].

Ce même charbon de bois permettait vers 1860 de fabriquer de la poudre noire à faible vitesse de déflagration, utilisée dans les carrières de pierre ornementale pour fournir de gros blocs non fracturés. C'est notamment elle qui permit d'extraire pour Charles Garnier dans les mines de fluorine de Voltennes (La Petite-Verrière, en Morvan, France) les gros blocs nécessaires à la fabrication des 189 colonnettes (de 55 cm de hauteur d'un seul tenant finalement) qui décorent les balcons de la nef du Grand Escalier du Palais Garnier, l'opéra national de Paris[10],[12].

Plante hôte[modifier | modifier le code]

C'est la ou une plante hôte des chenilles de nombreux lépidoptères (papillons) comme :

Photos[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. http://www.abeillesentinelle.net/imgfr/files/Dossier%20de%20Presse/plantes_melliferes_749.pdf#page=1&zoom=auto,-89,395
  2. Alain Baraton, Le bon jardinier: l'essentiel conseils de culture traditionnels et écologiques plus de 2000 plantes potagères, fruitières et ornementales, la Maison rustique-Flammarion, (ISBN 978-2-7066-0046-3)
  3. Thulin, M., Jarvis, C., Jonsell, B., & Ryman, S. (2009). The status of "Frangula dodonei" (Rhamnaceae). Taxon 58 (3): 991-992 abstract
  4. a b c et d « Fiche espèce », sur www.infoflora.ch (consulté le )
  5. Gérard Dumé, Dominique Mansion et Jean-Claude Rameau, Flore forestiere française : guide écologique illustré, Paris, Institut pour le développement forestier, , 1785 p. (ISBN 2-904740-16-3), pages:455
  6. Agroscope, « Objectifs environnementaux pour l’agriculture "Espèces et milieux naturels" », sur www.agroscope.admin.ch (consulté le )
  7. Pierre Lieutaghi, Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux, (ISBN 978-2-7427-4778-8)
  8. Walter H. Lewis et Memory P. Elvin-Lewis, Medical botany: plants affecting man's health, Wiley, coll. « A Wiley-Interscience publication », (ISBN 978-0-471-53320-7)
  9. https://www.abeillesentinelle.net/imgfr/files/Dossier%20de%20Presse/plantes_melliferes_749.pdf
  10. a et b Schweitzer P. (Centre d'études techniques apicole de Moselle), 2013 : « Les miels monofloraux : la bourdaine », L'Abeille de France no 1008 (décembre 2013), p. 19-21.
  11. Bourdaine, la plante du mois de juin, Vosges.com
  12. a et b [PDF] « Baies rouges – baies noires 1. Bourdaine – Nerpun – Jujubier »
  13. Dominique Cardon, Le monde des teintures naturelles
  14. « Julia Le Gallo, vannière dans le vannetais », sur Becedia, (consulté le )
  15. Louis Badré, Histoire de la forêt française, Paris, Les Editions Arthaud, , 309 p. (ISBN 2-7003-0409-8), p. 86
  16. Louis Badré, Histoire de la forêt française, Paris, Arthaud, , 312 p., p. 125

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Couplan et Éva Stinner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, les guides du naturaliste, (ISBN 2-603-00952-4)
  • Diane Adriaenssen, Le latin de mon jardin guide futé de 1500 noms de plantes, Édition Larousse, (ISBN 2-03-560304-8)
  • François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, Édition Delachaux et Niestlé, (ISBN 2-603-01182-0)
  • Pamela Forey, Cecilia Fitzsimons, Arbres, un guide pratique pour identifier facilement 190 arbres, Nature-Poche, Gründ, Paris, 1988. (ISBN 2-7000-1910-5)