Ennemis intimes (film, 1999)

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Ennemis intimes

Titre original Mein liebster Feind
Réalisation Werner Herzog
Scénario Werner Herzog
Musique Popol Vuh
Acteurs principaux

Werner Herzog
Klaus Kinski (images d'archives)
Eva Mattes
Claudia Cardinale
Beat Presser

Sociétés de production Werner Herzog Filmproduktion
Cafe Productions
Zephir Film
BBC
Independent Film Channel
Arte
Outpost Studios
Yle
Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Documentaire
Durée 95 minutes
Sortie 1999

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Ennemis intimes (allemand : Mein liebster Feind, litt. « Mon meilleur ennemi ») est un documentaire allemand écrit et réalisé par Werner Herzog, sorti en 1999[1]. Il décrit le comportement de l’acteur Klaus Kinski pendant le tournage de ses cinq films sous la direction de Werner Herzog.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Le documentaire s’ouvre sur une performance de Jesus Christus Erlöser (de) (Jésus Christ Rédempteur), un one-man show de Klaus Kinski enregistré en 1971. Celui-ci y incarne le rôle de Jésus et harangue le public. Au cours du spectacle, il échange des injures et se bat pour le contrôle du microphone. C’est le point de départ de la relation professionnelle entre Werner Herzog et l’acteur : en 1972, Herzog a 28 ans et Kinski 46 ans. Ils vont tourner cinq films ensemble : Aguirre, la colère de Dieu (1972), Nosferatu, fantôme de la nuit (1978), Woyzeck (1979), Fitzcarraldo (1982) et Cobra Verde (1987). Kinski meurt en 1991. Le documentaire est une description posthume de la personnalité de Klaus Kinski du point de vue du réalisateur.

Au cours du documentaire, Herzog se rend dans plusieurs pays. Il montre une colocation à Munich où, adolescent, il a brièvement vécu avec Klaus Kinski. Au Pérou, il revisite les lieux de tournage d’Aguirre et de Fitzcarraldo : la forêt de la région Ucayali, Machu Picchu et la vallée de l'Urubamba. En Tchéquie, il retourne à Telč où il a filmé Woyzeck.

Werner Herzog alterne les images d’archives et les témoignages contemporains. Il utilise des images tirées de ses cinq films réalisés avec Kinski ainsi qu’une scène coupée de Fitzcarraldo tournée avec Jason Robards et Mick Jagger. Il utilise aussi des images du documentaire Burden of Dreams de Les Blank (1982), consacré au tournage de Fitzcarraldo, des images du film Des enfants, des mères et un général de László Benedek (1955), où Kinski a un second rôle de lieutenant intransigeant qui fait exécuter un déserteur, ainsi que des images d’archives du festival du film de Telluride datant du début des années 1980.

Au cours du documentaire, Herzog se remémore le comportement erratique et les violences de son ennemi intime. Herzog décrit aussi ses propres réactions violentes et leurs luttes de pouvoir. Ainsi, à la fin du tournage d’Aguirre, il aurait menacé de tirer au fusil sur Klaus Kinski pour l’obliger à terminer le film.

Dans la seconde partie du documentaire, Herzog s’efforce de présenter une autre facette de Klaus Kinski. Il exprime son respect pour le talent de l’acteur, le dévouement artistique de celui-ci ainsi que ses moments d’intuition. Il donne aussi la parole à deux actrices ayant tourné avec lui : Eva Mattes (sa partenaire dans Woyzeck) et Claudia Cardinale (pendant le tournage de Fitzcarraldo). Toutes deux suggèrent que l’acteur était capable de plus de retenue. Herzog rencontre également Beat Presser, un photographe qui a réalisé des portraits d’Herzog et de Kinski (notamment la photo utilisée sur l’affiche promotionnelle du documentaire où Kinski menace de trancher la gorge à Herzog pendant le tournage de Cobra Verde).

Le film s’achève sur des scènes de détente tournées au Pérou. Un Kinski souriant s’y met en scène en jouant avec des membres de l’équipe de Fitzcarraldo ainsi qu’avec un papillon voletant autour de lui.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Accueil[modifier | modifier le code]

Le documentaire a reçu un accueil critique positif, recueillant 77 % de critiques positives, sur le site Rotten Tomatoes[2]. Sur Metacritic, il obtient un score de 70/100[3].

En France, le site Allociné, lui accorde une note de 4/5[4], tandis que Télérama lui accorde un double T (« On aime beaucoup »)[5].

Question de l’authenticité des relations entre Kinski et Herzog[modifier | modifier le code]

Le visionnage du documentaire ne permet pas totalement d’apprécier l’authenticité des relations entre l’acteur et le réalisateur. Les évènements évoqués sont réels. Mais leur interprétation est subjective et susceptible d’interprétations contradictoires[6],[7].

Par exemple, Werner Herzog cite l’autobiographie de Klaus Kinski[8], et s’attarde sur le portrait critique que Kinski fait de lui. Mais il affirme l’avoir encouragé à écrire et lui avoir suggéré des insultes.

De même, au cours des images d’archives du festival du film de Telluride, Kinski et Herzog affichent une complicité certaine : ils s’embrassent et se font des compliments[9]. Mais lorsque Kinski tente de suggérer une blague à l’intention des journalistes, Herzog refuse de se soumettre et de jouer le jeu.

Spirale de Kinski[modifier | modifier le code]

Au cours de sa discussion avec Beat Presser, Herzog décrit la technique d’entrée en scène de Klaus Kinski. Plutôt que d’entrer directement dans le champ, il préfère positionner son corps à proximité de la caméra et se dévoiler progressivement à l’image en pivotant autour de celle-ci. Dans son autobiographie, Herzog décrit cette technique et la nomme Spirale de Kinski[10].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) Susanne Weingartenard et Wolfgang Höbel, « Spuren heftigster », Der Spiegel, no 21,‎ (lire en ligne).
  2. (en) « Ennemis Intimes », sur Rotten Tomatoes.
  3. (en) « Ennemis Intimes », sur Metacritic.
  4. « Ennemis Intimes », sur Allociné.
  5. « Ennemis Intimes », sur Télérama.
  6. (en) A. G. Basoli, « The Wrath of Klaus Kinski : An Interview with Werner Herzog », Cineaste, vol. 24, no 4,‎ , p. 32–35 (JSTOR 41690101).
  7. (en) Gilberto Perez, « Films in Review: Bad Boys: Klaus Kinski & Werner Herzog », The Yale Review, vol. 88, no 2,‎ , p. 185–194 (DOI 10.1111/0044-0124.00410).
  8. Klaus Kinski (trad. de l'anglais par Suzanne Sinet), J’ai besoin d’amour, Paris, Michel Lafon, , 438 p. (ISBN 2-8639-1360-3) — Traduction française de la deuxième édition de l’autobiographie de Klaus Kinski.
  9. Basoli 1999, p. 33.
  10. (en) Werner Herzog : A Guide for the Perplexed, Faber & Faber, (ISBN 978-0571259779), chap. 10 (« Fervour and Woe »).
  11. (pt) Festival international du film de São Paulo, « PREMIAÇÕES - 23ª Mostra » [« Liste des récompenses de la 23e édition »] [archive du ] (consulté le ).
  12. (en) Académie européenne du cinéma, « EUROPEAN FILM AWARDS 1999 : The Nominations » [« Liste des nominations au Prix du cinéma européen »] [archive du ] (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]