En quatrième vitesse

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En quatrième vitesse
Description de l'image KissMeDeadly.jpg.
Titre original Kiss Me Deadly
Réalisation Robert Aldrich
Scénario A.I. Bezzerides
Acteurs principaux
Pays de production États-Unis
Genre Film noir
Durée 106 minutes
États-Unis: 104 minutes
Sortie 1955

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly) est un film policier américain de Robert Aldrich sorti en 1955. Adaptant un livre de Mickey Spillane, le film est considéré comme un classique du film noir et une des meilleures réussites de son auteur.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Une nuit en rase campagne, Mike Hammer tente de venir en aide à une inconnue, Christina, femme en fuite et affolée. Ils sont rattrapés par les poursuivants et Hammer échappe de peu à la mort. À sa sortie de l'hôpital, il retrouve sa peu reluisante vie de détective privé. Par maladresse son ami policier Pat Murphy attire son attention sur les mystères qui entourent le faux accident dont il a été victime. Comprenant qu'il y a quelque chose d'important derrière cette affaire apparemment banale, Hammer mène alors sa propre enquête, avec l'aide de sa secrétaire et maîtresse Velda. Retrouvant le domicile de Christina, enquêtant parmi ce qui reste de ses connaissances car certains ont disparu dans des circonstances violentes, Hammer s'approche lentement du but, en évitant plusieurs tentatives de meurtre.

Son enquête le mène chez un gangster de haut niveau : Carl Evello. Hammer comprend que tous les protagonistes de l'affaire, la police, les différentes bandes de gangsters et maintenant lui aussi, sont à la recherche d'un objet (un mac guffin) dont il ignore cependant la nature. Pendant ce temps, des informateurs mettent Velda sur plusieurs pistes, ce qui complique l'enquête. Alors que Pat dispose d'informations qu'il ne veut pas donner à Mike, ce dernier parvient à retrouver Lily Carver, l'ex co-locataire de Christina, et qui va l'aider considérablement dans la résolution de l'énigme. Mais dans l'ombre, un personnage tire les ficelles, qui va réussir à mettre la main le premier sur l'objet, non sans dégâts considérables pour lui et pour tous les protagonistes.

Le déroulement du film fait la part belle aux séquences automobiles qui donnent au film un rythme échevelé: Mike Hammer est dépeint comme un amateur de voitures rapides (Une jaguar XK 140 puis une Chevrolet Corvette premier modèle) qu'il conduit à tombeau ouvert.

Son ami et garagiste Nick (Nick Dennis) est assassiné de façon aussi atroce que déloyale, écrasé sous un véhicule dont un tueur retire le cric.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Non crédités

Production[modifier | modifier le code]

Affiche alternative du film.

Cinquième long-métrage de Robert Aldrich, En quatrième vitesse date de la période la plus fertile (1952-1956) de la carrière de ce réalisateur.

Le film adapte un livre de Mickey Spillane publié en 1952. Comme pour plusieurs séries B des années 1950, le tournage est assez rapide. Ni Aldrich ni le scénariste Al Bezzerides n'appréciaient l'œuvre de Spillane et l'adaptation diverge du livre sur certains points. Ainsi, là où le roman présentait un réseau de trafiquants de drogue, le film fait plutôt référence aux dangers nucléaires. La scène finale, une gigantesque explosion, est également absente du roman. Dans une entrevue donnée à Positif, Aldrich explique : « Nous ne voulions pas faire une adaptation de Spillane. Nous nous sommes servis de lui pour faire passer certains commentaires. »

Par son âpreté et son pessimisme, En Quatrième vitesse constitue un tournant dans l'histoire du film noir. Comme l'indique le critique Claude Beylie dans son ouvrage Les Films clés du cinéma, le film « marque la fin de la tradition romantique du film noir, ouverte par Le Faucon maltais. Il annonce un courant réaliste, illustré par les films de Richard Fleischer, Don Siegel et Clint Eastwood. »

Accueil[modifier | modifier le code]

Aux États-Unis, le film est un échec commercial et se voit dénoncé par la commission présidée par le sénateur Kefauver qui lui reproche sa brutalité.

Il n'en va pas de même en Europe, et en particulier en France où, à la sortie du film, les Cahiers du cinéma sont extrêmement enthousiastes. Ce film est pour eux « un des films américains les plus marquants de ces dix dernières années ». Ils y voient l'influence d'Orson Welles et considèrent que par rapport à La Dame de Shanghai « Welles est égalé sur le plan formel. Aldrich, phénomène de la caméra dont l'imagination visuelle n'a d'égale que l'assurance, n'arrête pas de nous étonner et de nous plonger dans la plus totale perplexité. Pour lui, plus de lois, plus de tabous : les plans peuvent être aussi vertigineux que diamétralement opposés (…) Désintégration du montage, explosion de l'image : voilà le premier cinéaste de l'ère atomique. »[1]

Mais ils précisent aussi que ce « sera un film « maudit » car qui va oser prendre au sérieux une histoire de Mickey Spillane où les cadavres alternent avec les jolies filles, futurs cadavres ? »[1]. C'est ainsi qu'on trouve la critique de Radio Cinéma Télévision qui considère que « En quatrième vitesse ne présente aucun intérêt ni aucune particularité qui vaille d’être signalée » car « tout se passe comme dans un film policier ordinaire de deuxième série. C’est-à-dire que nous reconnaissons sur l’écran le jeune et sympathique détective (…) ainsi que les habituels tueurs et les rituelles blondes ou brunes plus ou moins inquiétantes »[2]. Mais sous cette apparence de film de genre sans plus d'intérêt que d'autres, Jacques Doniol-Valcroze dans France Observateur considère lui aussi que « nous voilà loin du film policier de série. Dans ce défi aux lois du genre, Aldrich a jeté pêle-mêle les armes de son jeune talent : le lyrisme, le sens du pathétique, du paroxysme, sa façon de couper court à ses meilleurs effets, son goût des visages détaillés sans pitié, son sens profond de l’équilibre sonore du film, sa réussite dans des procédés faciles (…), enfin ce don qui ne peut s’acquérir : un style d’une vigueur et d’une concision surprenante, en dépit de certains bâclages et de grandes pauvretés de mise en scène… dus sans doute à la modicité du budget »[3]. Actuellement, a la re vision du film, on peut au contraire en apprécier toute la qualité, en particulier à l'écoute des dialogues ciselés (le chef des bandits qui cite la mythologie) et de la bande son remarquable qui accompagne et appuie le rythme du montage et les chansons de Nat King Cole, la direction d'acteur exemplaire qui amène Ralph Meeker a des sommets qu'il n'atteindra plus, la puissance des effets dramatiques a la fois rudimentaires et terriblement efficaces (la femme dont on ne voit que les jambes qui s'agitent et qui hurle sous la torture), L'utilisation de la suggestion a la Maurice Tourneur (la terreur communicative dans les yeux du personnage qui regarde ce qu'on ne voit pas), le rôle dramatique des voitures renforcé par le personnage explosif du garagiste, l'extrême violence, entièrement suggérée, (on voit la stupéfaction dans le rôle du bandit qui regarde Hammer "s'occuper" de son coéquipier avec une prise mortelle dont on ne voit rien. il n'y a pas une goutte de sang ni de scène de violence réellement montrée, une vraie leçon de mis en scène) et bien sur, last but not least, l'extraordinaire "boite" mystérieuse, maléfique et mortelle dont on retrouve encore la trace dans des films comme "Pulp fiction".

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

National Film Registry 1999 : sélectionné et conservé à la Bibliothèque du Congrès américain.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Charles Bitsch, « Surmultipliée », Les Cahiers du cinéma, no 51,‎ , p. 42 et 43
  2. J.-P. G., Radio Cinéma Télévision, 25 septembre 1955, critique tirée de la revue de presse faite par la Cinémathèque Française à l'occasion de la rétrospective Aldrich (26 août au 5 octobre 2009)
  3. Jacques Doniol-Valcroze, France Observateur, 22 septembre 1955, critique tirée de la revue de presse faite par la Cinémathèque Française à l'occasion de la rétrospective Aldrich (26 août au 5 octobre 2009)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]