Dianne Feinstein

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Dianne Feinstein
Illustration.
Portrait officiel de Dianne Feinstein, 2004.
Fonctions
Sénatrice des États-Unis

(30 ans, 10 mois et 19 jours)
Élection 3 novembre 1992
Réélection 8 novembre 1994
7 novembre 2000
7 novembre 2006
6 novembre 2012
6 novembre 2018
Circonscription Californie
Législature 102e, 103e, 104e, 105e, 106e, 107e, 108e, 109e, 110e, 111e, 112e, 113e, 114e, 115e, 116e, 117e et 118e
Groupe politique Démocrate
Prédécesseur John F. Seymour
Successeur Laphonza Butler
Vice-présidente de la Commission spéciale sur le renseignement du Sénat des États-Unis

(2 ans)
Législature 114e
Prédécesseur Jay Rockefeller
Successeur Mark Warner
Présidente de la Commission spéciale sur le renseignement du Sénat des États-Unis

(6 ans)
Législature 111e, 112e et 113e
Prédécesseur Saxby Chambliss
Successeur Richard Burr
38e maire de San Francisco

(9 ans, 1 mois et 4 jours)
Prédécesseur George Moscone
Successeur Art Agnos
Présidente du Conseil des superviseurs de San Francisco

(10 mois et 25 jours)
Prédécesseur Quentin L. Kopp
Successeur John Molinari
Membre du Conseil des superviseurs de San Francisco

(8 ans, 10 mois et 26 jours)
Prédécesseur William Blake
Successeur Louise Renne
Biographie
Nom de naissance Dianne Emiel Goldman
Date de naissance
Lieu de naissance San Francisco, Californie (États-Unis)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Washington, D.C. (États-Unis)
Nationalité Américaine
Parti politique Parti démocrate
Diplômée de Université Stanford
Religion Judaïsme

Signature de Dianne Feinstein

Dianne Feinstein
Maires de San Francisco
Sénateurs des États-Unis pour la Californie

Dianne Berman Feinstein, née Dianne Emiel Goldman le à San Francisco (Californie) et morte le à Washington, D.C., est une femme politique américaine.

Membre du Parti démocrate, elle est maire de San Francisco de 1978 à 1988 et sénatrice de la Californie au Congrès des États-Unis de 1992 jusqu'à sa mort en 2023, à l'âge de 90 ans.

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance et famille[modifier | modifier le code]

Dianne Emiel Goldman est née le à San Francisco en Californie, de Betty Rosenburg, ancien mannequin devenue infirmière et de Leon Goldman, chirurgien nationalement reconnu, premier professeur juif à la faculté de médecine de la ville[1]. Ses grands-parents paternels sont juifs polonais et ses grands-parents maternels sont juifs allemands, originaires de Saint-Pétersbourg, en Russie[2]. Elle a deux sœurs cadettes[3].

Études et formation[modifier | modifier le code]

Diplômée en histoire de l'université Stanford en 1955, elle épouse Jack K. Berman en 1957, dont elle divorce trois ans plus tard, et avec qui elle a une fille, Katherine, qui prendra le nom de son beau-père, Feinstein.

En 1962, peu de temps après avoir commencé une carrière politique, elle épouse le neurochirurgien Bertram Feinstein, décédé en 1978. En 1980, elle épouse l'homme d'affaires Richard C. Blum (en), décédé en 2022[3].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

En 1969, Dianne Feinstein est élue en tant que membre du Conseil des superviseurs de San Francisco (Board of Supervisors, dénomination locale du conseil municipal). En 1971 puis en 1975, elle tente de se faire élire maire mais est battue. Le 9 janvier 1978, elle est élue présidente du Conseil des superviseurs de San Francisco[3].

Maire de San Francisco[modifier | modifier le code]

Dianne Feinstein, maire de San Francisco.

Le , le maire George Moscone et le superviseur Harvey Milk, premier homme politique ouvertement homosexuel du pays, sont assassinés par un rival politique, l'ex-superviseur Dan White, opposé à l'ouverture politique et sociale du maire envers les homosexuels.

Dianne Feinstein, qui avait croisé White dans un couloir juste auparavant, entend des coups de feu et appelle la police, avant de découvrir Milk face contre terre, touché à cinq reprises, dont deux dans la tête[4]. Le , par ordre de succession et grâce à la dignité dont elle a fait preuve en annonçant publiquement le drame, Dianne Feinstein, qui préside le conseil municipal, devient alors maire[1].

Réélue en 1979, elle survit à une procédure de destitution en 1984 et reste en fonction jusqu'en . Elle est la première femme à avoir été élue maire de cette ville, une des plus à gauche des États-Unis. Elle est en poste durant une décennie[1].

Après la mort en 1978 de Bertram Feinstein d'un cancer du côlon, Dianne Feinstein se remarie en 1980 à Richard C. Blum, un banquier qui en 1990 finance sa campagne à l'élection au poste de gouverneur de Californie[3]. Elle est alors battue par Pete Wilson, sénateur républicain et ancien maire de San Diego, avec 45,8 % des suffrages en sa faveur et 49,3 % pour son adversaire.

Sénatrice des États-Unis[modifier | modifier le code]

Premier portrait de Dianne Feinstein au Congrès.

En 1992, Dianne Feinstein est élue au Sénat des États-Unis lors d'une élection spéciale pour vacance du poste, en vue de terminer le mandat du républicain Pete Wilson, élu gouverneur de Californie, dont le siège de sénateur était occupé provisoirement par John F. Seymour. Elle est réélue en 1994, 2000, 2006 (avec 60 % des voix contre 35 % au républicain Dick Mountjoy), 2012 (avec 62,5 % des voix face à la républicaine Elizabeth Emken) et en 2018[3].

Soutien de la recherche sur les cellules souches à partir d'embryons humains, Dianne Feinstein est une partisane du contrôle des armes à feu, s'étant attiré les foudres de la National Rifle Association pour avoir déposé un amendement, en 1994, avec le sénateur démocrate de New York Chuck Schumer à ce sujet. Elle réussit en effet à faire passer l'interdiction des fusils d’assaut[1].

Dianne Feinstein est une démocrate progressiste, historiquement parmi les plus à gauche du Sénat. Elle rompt cependant avec de nombreux militants démocrates lorsqu'elle soutient, par son vote, la guerre d'Irak et dépose en 2006 une proposition de loi contre la désacralisation du drapeau américain. Elle est l'une des rédactrices du Animal Enterprise Terrorism Act de 2006. Elle fait notamment partie d'un groupe de quatre élus, sommés de garder le secret, que le vice-président des États-Unis Dick Cheney informe des techniques d'interrogatoire musclées de la CIA. Par la suite, la gauche du Parti démocrate lui reproche de ne pas s'être insurgée sur le sujet. Elle mène cependant des auditions approfondies et produit un rapport de 525 pages établissant les mensonges de la CIA sur le sujet de la torture. Elle est alors surnommée par les médias « la lionne du Sénat »[1].

En tant que super déléguée du Parti démocrate, elle annonce soutenir Hillary Clinton pour l'élection présidentielle de 2008. Lorsque celle-ci se retire de la course à l'investiture, elle apporte son soutien à Barack Obama. Le , elle est la première femme à présider une cérémonie d'investiture du président des États-Unis[5].

Avec les sénateurs Chuck Schumer et Ed Markey, elle dépose une proposition de loi visant à interdire le bisphénol A pour tout contenant de boisson[6]. Dans un rapport du 11 mars 2014, elle accuse la CIA de torture[7].

Elle est réélue sénatrice lors de l'élection de 2018 avec un score de 54,4 % face à un autre candidat démocrate, Kevin de León (en), qui obtient 45,6 % des voix[1].

Début 2020, alors que le Covid-19 commence à se propager dans le monde, Dianne Feinstein et son mari vendent des actions, pour une valeur comprise entre 1,5 et 6 millions de dollars. Un porte-parole cité par le New York Times indique que les biens de l'élue sont dans une « fiducie aveugle » — une structure hors de son contrôle — et qu'elle n'a « aucun rôle dans les décisions financières de son mari »[8].

Dianne Feinstein et Kamala Harris en 2017.

En octobre 2020, lors des auditions au Congrès pour la confirmation à la Cour suprême de la juge ultraconservatrice Amy Coney Barrett, nommée par le président Donald Trump, elle tente sans succès d'obtenir de celle-ci des éclaircissements sur son opposition au droit à l'avortement. Des groupes anti-avortement réclament alors son éviction du Judiciary committee (commission judiciaire)[9]. Critiquée à gauche pour son manque de pugnacité contre la juge, elle est finalement contrainte de laisser Dick Durbin devenir président de la commission des affaires judiciaires en 2021[1].

Dianne Feinstein en 2020.

Âgée de 87 ans en 2020, doyenne du Sénat, elle est le sujet de plusieurs témoignages qui font état de pertes de mémoire. On lui reproche également d'être de la « gauche caviar », sa fortune étant estimée à 58 millions de dollars (soit 47 millions d'euros)[1],[10].

Après les élections sénatoriales de novembre 2022 où le Parti démocrate et ses alliés obtiennent la majorité, Feinstein, doyenne démocrate du Sénat, annonce son intention de ne pas briguer le poste de présidente pro tempore du Sénat des États-Unis. Le , Patty Murray est élue, succédant au sénateur démocrate Patrick Leahy, et devenant la première femme à occuper cette fonction[11].

En , Dianne Feinstein, toujours l'objet de spéculations quant à l'état de ses capacités intellectuelles, annonce qu'elle n'est pas candidate à sa réélection en 2024[12].

À partir de , Dianne Feinstein est atteinte par un zona et ne peut participer aux votes du Sénat alors que les démocrates n'ont qu'une faible majorité de cinquante-et-un sénateurs. Plusieurs personnes l'ayant rencontrée pendant sa convalescence constatent son affaiblissement physique. En avril, alors qu'elle n'est toujours pas retournée au Sénat en raison de complications médicales, les représentants démocrates Ro Khanna et Dean Phillips lui demandent de démissionner. De son côté, Dianne Feinstein demande aux démocrates au Sénat de la remplacer temporairement à la Commission judiciaire du Sénat des États-Unis pour permettre de voter sur les nominations de divers hauts-fonctionnaires[10],[13]. Feinstein revient au Sénat en mai et participe à certains votes malgré un état physique dégradé[14],[15].

Mort[modifier | modifier le code]

Dianne Feinstein avec le dalaï-lama en 2003.

Dianne Feinstein s’éteint le 29 septembre 2023, à son domicile de Washington, à l’âge de 90 ans[16],[17].

La classe politique américaine lui rend unanimement hommage et les drapeaux sont mis en berne au Congrès[3].

Le dalaï-lama Tenzin Gyatso exprime ses condoléances à la mort de Dianne Feinstein et déclare : « Son amitié avec le dirigeant chinois de l'époque, Jiang Zemin, a été utile dans la mesure où elle nous a donné l'occasion de transmettre nos messages de sincérité au plus haut niveau des dirigeants chinois. Je suis reconnaissant au sénateur Feinstein pour son amitié et son soutien indéfectibles »[18].

Historique électoral[modifier | modifier le code]

Sénat[modifier | modifier le code]

Résultats pour le poste de sénateur de classe 1 de Californie[19]
Année Dianne Feinstein Républicain PFP AIP Libertarien Vert RPUSA NLP
1992 54,3 % 38,0 % 2,8 % 2,6 % 2,3 %
1994 46,7 % 44,8 % 3,0 % 1,7 % 2,1 % 1,7 %
2000 55,8 % 36,6 % 1,3 % 1,8 % 3,1 % 0,9 % 0,9 %
2006 59,4 % 35,0 % 1,4 % 0,9 % 1,6 % 1,7 %
2012 62,5 % 37,5 %
2018 54,4 %

Gouvernorat de Californie[modifier | modifier le code]

Résultats pour le poste de gouverneur de Californie[19]
Année Dianne Feinstein Républicain Libertarien AIP PFP
1990 45,79 % 49,25 % 1,89 % 1,81 % 1,26 %

Controverse[modifier | modifier le code]

En 2021, le conseil des écoles de San Francisco chargé d’éliminer « la glorification de personnalités liées à l’esclavage, au racisme ou aux violations des droits de l’homme » décide de débaptiser un tiers des écoles, soit quarante-quatre établissements. Parmi les établissements qui devront changer de nom se trouvent ceux qui portent des noms illustres comme George Washington, Thomas Jefferson, James Madison, Francis Scott Key, auteur de l'hymne national américain, et même Abraham Lincoln (accusé d'avoir joué un rôle dans le massacre de tribus amérindiennes), voire, selon Le Monde, « des figures contemporaines comme la vénérable sénatrice démocrate Dianne Feinstein... ». La commission reproche à cette dernière d'avoir fait remettre un drapeau confédéré qui faisait partie d'une vingtaine d'autres étendards flottant traditionnellement devant l'hôtel de ville et qui avait été vandalisé lorsqu'elle était maire de San Francisco, en 1986. La commission était composée de douze personnes, éducateurs, élèves, parents, mais d'aucun historien[20],[21].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Corine Lesnes, « À 87 ans, pas de retraite pour la doyenne du Sénat américain Dianne Feinstein », sur Le Monde, (consulté le ).
  2. (en) Robert Slater, Great Jewish Women, Jonathan David Publishers, , 353 p. (ISBN 978-0-8246-0370-0, lire en ligne).
  3. a b c d e et f Corine Lesnes, « Dianne Feinstein, la « lionne du Sénat » américain, est morte », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  4. (en) Wallace Turner, « Suspect sought job », sur nytimes.com, (consulté le ).
  5. (en) « Dianne Feinstein », sur igs.berkeley.edu, (consulté le )
  6. (en) Lyndsey Layton, « Reversing itself, FDA expresses concerns over health risks from BPA », The Washington Post,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Maya Rhodan, « Torture Report: Here's What Dianne Feinstein Said in Senate Speech », sur time.com, (consulté le ).
  8. « Coronavirus : des sénateurs américains ont vendu leurs actions... dès février », sur parismatch.com,
  9. (en) Seung Min Kim, « Abortion rights group calls for ouster of Sen.Feinstein from top Democratic post on Judiciary Committee », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  10. a et b (en) Al Weaver, « Feinstein asks for Judiciary replacement after calls for resignation », The Hill, .
  11. (en) « Sen. Patty Murray becomes first female president pro tempore », sur NBC News (consulté le )
  12. (en) Jeremy B. White et Marianne LeVine, « Feinstein passes on Senate reelection in 2024 », Politico, .
  13. (en) Christopher Cadelago, Jennifer Haberkorn et Katherine Tully-McManus, « Feinstein’s condition sparks concern she won’t return to the Senate », Politico, .
  14. (en) Susan Davis et Lexie Schapitl, « Sen. Dianne Feinstein returns to Washington following an absence », NPR,
  15. (en) Mary Clare Jalonick, « Feinstein returns to Senate after monthslong absence », Associated Press et PBS, .
  16. (en-US) Annie Karni, « Senator Dianne Feinstein Dies at 90 », The New York Times, Manhattan et New York, The New York Times Company et Arthur Gregg Sulzberger,‎ (ISSN 0362-4331, 1553-8095 et 1542-667X, OCLC 1645522, lire en ligne, consulté le )Voir et modifier les données sur Wikidata
  17. « Dianne Feinstein, figure historique du Parti démocrate et doyenne du Sénat américain, est morte », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Tenzin Dedan, Dalai Lama expresses condolences on the passing of US Senator Dianne Feinstein, 1er octobre 2023, Phayul.com
  19. a et b (en) « Our Campaigns - Candidate - Dianne Feinstein », sur www.ourcampaigns.com (consulté le ).
  20. Corine Lesnes, San Francisco va débaptiser un tiers de ses écoles, aux noms désormais controversés, lemonde.fr, 1er février 2021
  21. Passé esclavagiste ou colonial: San Francisco débaptise 44 écoles, lefigaro.fr, 28 janvier 2021

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]