CdZ-Gebiet Lothringen

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Territoire du chef de l’administration civile en Lorraine
(de) Chef der Zivilverwaltung Gebiet Lothringen

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(5 ans)

Description de cette image, également commentée ci-après
Subdivisions administratives de l'Allemagne nazie, en 1944.
Informations générales
Statut Chef der Zivilverwaltung Gebiet, unité administrative civile du Troisième Reich
Chef-lieu Sarrebruck
Langue(s) Allemand
Monnaie Reichsmark
Gau Marche de l'Ouest
Démographie
Population 696 246 hab. (avant 1939)
Superficie
Superficie 6 216 km2 (1940)
Histoire et événements
Début de l'occupation militaire allemande de la Moselle
Mise en place de l'administration civile allemande en Moselle
Décret d'Adolf Hitler sur l'administration de l'Alsace-Moselle annexée de facto
Libération de Metz
Capitulation du Troisième Reich
Chef de l'administration civile
Josef Bürckel
Willi Stöhr
SS- und Polizeiführer de Metz
Anton Dunckern

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le CdZ-Gebiet Lothringen (en français : Territoire du chef de l’administration civile en Lorraine) est une subdivision territoriale du Troisième Reich établie à la suite de l’annexion de la Moselle par le Reich allemand en et correspondant au département français de la Moselle.

Le territoire est notamment placé sous l’autorité du Gauleiter Josef Bürckel au sein du Gau Westmark. Il disparaît avec la libération de Metz en .

Contexte historique[modifier | modifier le code]

L'Allemagne adopte une politique expansionniste dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. L’Europe assiste alors, sans réagir, à un inquiétant réarmement de l'Allemagne sous le Troisième Reich. La Luftwaffe est, à cette époque, officiellement rétablie le 26 février 1935. La politique expansionniste se poursuit activement au début de la Seconde Guerre mondiale, avec la campagne de Pologne. Après de la bataille de France, en juin 1940, deux CdZ-Gebiete sont créés à la marge du Reich : le CdZ-Gebiet Lothringen et le CdZ-Gebiet Luxembourg (de). Ces territoires relevent alors d'un haut fonctionnaire nazi, faisant fonction de chef de l'administration civile, ou Chef der Zivilverwaltung (siglé CdZ en allemand). L’administration mise en place en 1940 doit préparer l’intégration de ces nouveaux territoires à l'Allemagne.

Durant la Seconde Guerre mondiale, cinq CdZ-Gebiet seront créés à la marge du IIIe Reich, entre 1940 et 1945:

  1. le CdZ-Gebiet Lothringen, placé sous l'autorité de Josef Bürckel, Reichskommissar et Gauleiter du Gau Saarpfalz, futur Gau Westmark, siégeant à Sarrebruck ;
  2. le CdZ-Gebiet Elsass, placé sous l'autorité de Robert Wagner, Reichsstatthalter et Gauleiter du Gau Baden, siégeant à Karlsruhe ;
  3. le CdZ-Gebiet Luxemburg, placé sous l'autorité de Gustav Simon, Gauleiter du Gau Koblenz-Trier, futur Gau Moselland, siégeant à Koblenz ;
  4. le CdZ-Gebiet Kärnten und Krain, placé sous l'autorité de Friedrich Rainer, Reichsstatthalter et Gauleiter du Gau Kärnten, siégeant à Klagenfurt ;
  5. le CdZ-Gebiet Untersteiermark, placé sous l'autorité de Siegfried Uiberreither, Reichsstatthalter et Gauleiter du Gau Steiermark, siégeant à Graz.

Organisation territoriale[modifier | modifier le code]

Le CdZ-Gebiet Lothringen a existé administrativement de 1940 à 1945. Ce terme désigne le territoire français de la Moselle, annexé de facto le 2 août 1940 par l'Allemagne nazie. Comme dans les autres CdZ-Gebiet, l'administration civile mise en place en Moselle devait préparer l'intégration totale de ce territoire dans le Reich allemand. Le siège de l'administration du territoire était à Sarrebruck. Le territoire était découpé avec les arrondissements suivants:

Démographie[modifier | modifier le code]

En raison des évacuations de 1939 et des expulsions de 1940-1941, ce territoire perd 30 % de sa population totale[1].

Expulsions et transferts[modifier | modifier le code]

L’évacuation de la population frontalière au début de la guerre a immédiatement donné aux nazis la possibilité de se débarrasser des parties indésirables de la vieille population française. Les expulsions violentes, qui suivirent avaient déjà touché environ 60 000 personnes à la fin de 1940. Une des manifestations les plus célèbres des habitants fut une procession patriotique à l’occasion de la fête de l’Assomption le 15 août 1940. Mgr Willibrord Benzler, dernier évêque allemand de Metz, avait promis d’ériger un monument pour remercier Dieu que la ville eût été préservée pendant la Première Guerre mondiale. Devant la colonne mariale de Metz, consacrée en 1924 à la suite de cette promesse sur la place Saint-Jacques de Metz, des centaines de Messins déposèrent silencieusement des bouquets de fleurs noués avec des rubans aux couleurs tricolores. Le chef de la Schutzpolizei sauta sur l’occasion pour bannir immédiatement de la région de nombreux habitants de sentiments français ainsi que l’évêque de Metz Joseph-Jean Heintz[2]. Les Juifs qui restaient encore dans le CdZ-Gebiet furent victimes de l’action Wagner-Bürckel d’octobre 1940.

L’ordonnance du sur la réorganisation de la zone à coloniser en Moselle annexée, permit de confisquer les propriétés des personnes expulsées en tant que « propriétés ennemies ». Aux Mosellans francophones d’origine paysanne on laissait le choix de chercher à se réinstaller en France ou dans le nouveau Reichsgau Wartheland, c’est-à-dire en Pologne. Dans le même temps, des agriculteurs sarrois sans terre devaient avoir la possibilité de s’installer en Moselle annexée, une région voisine non seulement dans l’espace mais encore par la culture et la langue jusqu'à la frontière linguistique, et ainsi éviter d’être réinstallés dans l’Est. En , environ 80 000 Mosellans, soit 15 % de la population d’avant-guerre, avaient été touchés par la réinstallation. 387 villages avaient été évacués[3]. Cette campagne de réinstallation devait « servir principalement à former et à loger la paysannerie allemande ». Dans ce but, un office culturel (autorité pour la relocalisation et l’installation) fut créé — mais d’abord à Metz seulement — le .

Par arrêté du , la colonisation des terres frontalières lorraines fut transférée à la Bauernsiedlung Westmark GmbH à Sarrebruck.

Les résultats des mouvements de population obtenus à partir des données des allocations alimentaires et publiés par l’Office fédéral de la statistique en 1953 permettent d’évaluer approximativement les déplacements de population à travers les expulsions, les réinstallations et les confiscations au profit de la Wehrmacht. Selon les statistiques groupées, la population du département de la Moselle en 1936 était de 696 246 habitants. En revanche, à la fin du mois d’août et au début de , la population civile du CdZ-Gebiet Lothringen, à l’exclusion du Verwaltungsbezirk Forbach qui avait été cédé à la ville de Sarrebruck en 1943, ne comptait que 537 981 personnes (dont 42 180 ravitaillés par les services communautaires). Dans l'arrondissement de Metz-Ville, 81 059 civils étaient encore pris en charge (en 1936 : 117 551 habitants), dans l'arrondissement de Metz-Campagne 83 374 (en 1936 : 100 609 habitants), dans l'arrondissement de Thionville 131 033 (en 1936 : 148 054 habitants), dans l'arrondissement de Sarrebourg 53.263 (en 1936 : 59 277 habitants), dans l'arrondissement de Sarreguemines 70 526 (en 1936 : 92 527 habitants), dans l'arrondissement de Château-Salins 25 297 (en 1936 : 33 296 habitants), dans l'arrondissement de Saint-Avold 93 429 (en 1936 : 144 932 habitants)[4].

Sources[modifier | modifier le code]

  1. La répression en France, 1940-1945 : actes du colloque international 8, 9 et 10 décembre 2005, Centre de Recherche d'Histoire Quantitative, 2007.
  2. Christian Fauvel, Metz 1940-1950 : De la tourmente au renouveau, Metz, 2017, p. 34
  3. Isabel Heinemann, Wissenschaft, Planung, Vertreibung: Neuordnungskonzepte und Umsiedlungspolitik im 20. Jahrhundert, Stuttgart, 2006, p. 87
  4. Statistisches Bundesamt (Hrsg.), Statistische Berichte, Arb.-Nr. VIII/19/1, Die Zivilbevölkerung des Deutschen Reiches 1940–1945. Ergebnisse der Verbrauchergruppen-Statistik, Wiesbaden, 1953, p. 39 et 43
  • (de) Territoriale Veränderungen in Deutschland und deutsch verwalteten Gebieten 1874 - 1945 sur le site territorial.de

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Noël Grandhomme, « La "mise au pas" (Gleichschaltung) de l’Alsace-Moselle en 1940-1942 : défrancisation, décléricalisation, germanisation, nazification », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, vol. 46, no 2,‎ , p. 443-465 (DOI https://doi.org/10.4000/allemagne.1844, lire en ligne, consulté le )
  • Eberhard Jäckel (trad. Denise Meunier, préf. Alfred Grosser), La France dans l'Europe de Hitler, [Paris], Fayard, , 554 p.
  • Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien (dir.) (préf. Jean-Pierre Azéma), La France pendant la Seconde Guerre mondiale : [atlas historique], Paris, Fayard, , 333 p. (ISBN 978-2-2136-5461-4)
  • Pierre Rigoulot, L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN 978-2-1304-8106-5, DOI 10.3917/puf.rigou.1997.01, lire en ligne)
  • François Roth, « À l'épreuve des guerres mondiales, la Seconde annexion », dans François-Yves Le Moigne, Histoire de Metz, Toulouse, Privat, , 448 p. (ISBN 2-7089-4727-3), p. 385-394
  • Monique Sary, « La vie à Metz sous l'occupation nazie : 1940-1944 », Les Cahiers Lorrains, no 4,‎ , p. 143-171 (ISSN 0758-6760)
  • Patrick Schaeffer, « Internements et déportations en Moselle (1940-1945) », Les Cahiers Lorrains, no 4,‎ , p. 121 (ISSN 0758-6760)
  • Philippe Wilmouth, Mémoires parallèles : Moselle-Alsace de 1940 à nos jours, l'annexion de 1940-45, les Malgré-Nous, le procès de Bordeaux, Ars-sur-Moselle, Serge Domini, , 191 p. (ISBN 978-2354-75060-2)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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