Carex

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Laîche, Carex

Carex (du grec kairo, « couper », allusion aux feuilles finement dentées sur les bords, pouvant couper la peau de la main lorsqu'elle glisse dessus[1], et autres significations) est un genre de plantes herbacées de la famille des Cyperaceae. Ses espèces sont appelées communément en français Carex ou Laîches, parfois (en Amérique du Nord) Foins coupants, Rouches ou Rouchettes[2] ; beaucoup croissent dans les zones humides (marais, tourbières, bordures de rivières et d'étangs, fossés, etc.), dans les régions froides à tempérées.

La cariçaie est le nom donnée à une formation végétale dominée ou structurée par une ou des espèces du genre Carex.

Description[modifier | modifier le code]

Coupe transversale d'une tige de Carex elata.

Ces plantes croissent en colonies (développement de rhizomes longs) ou en touffes (développement de rhizomes courts). Lorsque ces touffes forment des petits monticules on les appelles des « touradons ». Les laîches peuvent parfois dominer le paysage sur de grandes étendues (notamment dans les bas-marais). Leur taille peut être très variable : de quelques centimètres à plusieurs décimètres. Leurs feuilles sont souvent coupantes, et leurs tiges présentent souvent une section plus ou moins triangulaire.

Fleur de Carex elata : bractée, utricule et bractée, utricules seules.

Les fleurs sont petites, souvent vertes parfois mêlé de brun, unisexuées, protégées par une seule écaille appelée bractée. Elles sont groupées en épis, souvent eux aussi unisexués, mais sur des plants monoïques.

Les fruits sont des akènes (fruits secs, indéhiscents), de formes plus ou moins lenticulaire lorsque la fleur présente deux stigmates ou sphérique-trigone lorsque la fleur présente trois stigmates. Chaque akène est protégé au sein de l'ovaire, lui aussi indéhiscent, et appelé « utricule », dont la forme épouse celle de l'akène. L'utricule est souvent prolongé par un bec plus ou moins court ou long, parfois bidenté, duquel sortent les pièces reproductrices lors de la floraison.

Étymologie[modifier | modifier le code]

« Carex » vient « du latin carere, manquer : épi supérieur ordinairement mâle et manquant de graines ; ou du grec cairô, je coupe, ou bien encore carax, fossé : plantes souvent à feuilles coupantes et croissant dans les fossés (Coste) »[3].

Confusions[modifier | modifier le code]

Comme la plupart des plantes communément regroupées sous l'appellation d'herbe (appartenant principalement aux trois grandes familles des Graminées ou Poacées, des Cypéracées et des Joncacées), les laîches sont souvent confondus par les non initiés avec de nombreuses autres plantes.

Les principales différences entre les laîches, les roseaux et les joncs sont[4] :

Les massettes (genre Typha) semblent également communément confondues avec les laîches. C'est tout du moins ce que suggère l'utilisation du terme « laîche » pour désigner Typha latifolia[6].

Carex et méthane[modifier | modifier le code]

Les carex (avec les joncs et les molinies) comptent parmi les rares plantes dont le système racinaire est bien adapté aux sols asphyxiés et tassés ou gorgés d'eau, éventuellement acides.

Ils semblent jouer un rôle biogéochimique particulier, au moins dans les vases (riches en matières organiques et sources de méthane) et dans les zones de toundra humide sur pergélisol (également source de méthane, notamment en présence de phénomènes thermokarstiques).

Les carex peuvent — comme d'autres plantes — faciliter le largage de méthane par le sol grâce à leurs racines qui décolmatent le substrat. Mais ils pourraient aussi directement absorber du CH4 (par diffusion gazeuse au travers des racines et de la plante) puis le relarguer dans l'atmosphère, via les stomates[7],[8]. Des chercheurs ont aussi inséré dans le sol des tubes de caoutchouc de silicone perméable aux gaz, qui semblent être des analogues raisonnables pour décrire le processus physique de « diffusion gazeuse à travers les plantes »[9]. Ce phénomène a aussi été observé chez d'autres graminées semi-aquatiques capables de pousser dans la vase, dont le riz[10]. Ceci pourrait au moins partiellement expliquer les différences diurnes/nocturnes observées dans les émissions de méthane[11].

Les espèces[modifier | modifier le code]

On reconnaît actuellement plus de 1 950 espèces dans ce genre, auxquelles il faut ajouter maintes sous-espèces et variétés.

Parmi ces espèces, certaines sont plus connues que d'autres :

D'autres sont des espèces que l'on sait en danger :

Une centaine d'espèces de carex croissent en France.

Utilisations[modifier | modifier le code]

Les laîches font l'objet d'usages variés, notamment comme plantes ornementales, aliments pour bétail et sources de fibres pour l'élaboration de divers objets comme des cordes, des paniers, des tapis, etc.[12]

La Laîche pendante (Carex pendula) fait l'objet de recherches pour son emploi en dépollution des sols[13].

La Laîche hérissée (Carex hirta) fait l'objet de recherches en production de bio-électricité[14].

La Laîche à deux épis (Carex distachya) fait l'objet de recherches pour la production d'antioxydants[15].

Carex wahuensis fait l'objet de recherches pour son usage dans des toitures végétalisées à Hawaï[16].

Certaines espèces de laîche pourraient avoir été utilisées traditionnellement pour le paillage des assises des sièges[réf. nécessaire]. En Espagne, c'est plutôt un autre genre de plante herbacée des zones humide qui est traditionnellement employée à cette fin : les massettes (en espagnol : espadaña ou enea)[17].

En Italie, la Laîche distante (Carex distans) est une des espèces utilisée pour confectionner des paniers pour mouler le fromage[18].

Le fromage livarot est traditionnellement cerclé avec des « laîches », néanmoins ce nom désigne en l’occurrence la massette (Typha sp.) et non des espèces du genre Carex[6],[19].

Au Japon on les utilise pour confectionner les chapeaux de paysan en forme d'assiette creuse[réf. nécessaire].

En Indonésie certains Carex sont utilisés comme couverture de toiture[20].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Rick Darke et Mark Griffiths, Manual of grasses, Timber Press, , p. 30.
  2. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 2 janvier 2024
  3. « Carex pulicaris », sur serres.u-bourgogne.fr (consulté le )
  4. Richard Fitter et Alastair Fitter, Guide des graminées, carex, joncs et fougères d'Europe, Delachaux et Niestlé, , p. 36-39.
  5. Caractéristique dans la partie supérieure de la tige. Autre spécificité : le ligule réduite à une rangée de poils.
  6. a et b « Fiche produit : Livarot », sur www.inao.gouv.fr (consulté le )
  7. Morrissey, L. A., D. B. Zobel, G. P. Livingston, Significance of stomatal control on methane release from Carex-dominated wetlands, Chemosphere, 26, 1–4339, 1993.
  8. Kelker D & Chanton J (1997) The effect of clipping on methane emissions from Carex, Biogeochemistry, 39, 37–44 (résumé)
  9. (résumé)
  10. Miura, Y., A. Watanabe, M. Kimura, S. Kuwatsuka, Methane emission from paddy field, 2, Main route of methane transfer through rice plant, and temperature and light effects on diurnal variation of methane emission, Environ. Sci., 5, 187–193, 1992.
  11. Mikkela C, Sundh I, Svensson BH & Nilsson M (1995) Diurnal variation in methane emission in relation to the water table, soil temperature, climate and vegetation cover in a Swedish acid mire, Biogeochemistry, 28, 93–114,
  12. David A. Simpson et Cecilia A. Inglis, « Cyperaceae of Economic, Ethnobotanical and Horticultural Importance: A Checklist », Kew Bulletin, vol. 56, no 2,‎ , p. 257–360 (ISSN 0075-5974, DOI 10.2307/4110962, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Brijesh K. Yadav, Maarten A. Siebel et Johan J. A. van Bruggen, « Rhizofiltration of a Heavy Metal (Lead) Containing Wastewater Using the Wetland Plant Carex pendula », CLEAN – Soil, Air, Water, vol. 39, no 5,‎ , p. 467–474 (ISSN 1863-0650 et 1863-0669, DOI 10.1002/clen.201000385, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) I. B. Rusyn et K. R. Hamkalo, « Use of Carex hirta in electro-biotechnological systems on green roofs », Regulatory Mechanisms in Biosystems, vol. 10, no 1,‎ , p. 39–44 (ISSN 2520-2588, DOI 10.15421/021906, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Antonio Fiorentino, Andreina Ricci, Brigida D’Abrosca et Severina Pacifico, « Potential Food Additives from Carex distachya Roots: Identification and in Vitro Antioxidant Properties », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 56, no 17,‎ , p. 8218–8225 (ISSN 0021-8561 et 1520-5118, DOI 10.1021/jf801603s, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Leyla Cabugos, An evaluation of five native plant species for use in green roofs and storm water management in Hawai'i., Hawaï, University of Hawai'i, , 66 p. (lire en ligne), p. 52
  17. (es) Eugenio Monesma, « Sillas artesanas con fibras naturales de anea | El sillero | Oficios Perdidos | Documental » Accès libre [vidéo], sur Youtube, (consulté le )
  18. Giovanni Salerno, Paolo Maria Guarrera et Giulia Caneva, « Agricultural, domestic and handicraft folk uses of plants in the Tyrrhenian sector of Basilicata (Italy) », Journal of Ethnobiology and Ethnomedicine, vol. 1, no 1,‎ , p. 2 (ISSN 1746-4269, PMID 16270919, PMCID PMC1266048, DOI 10.1186/1746-4269-1-2, lire en ligne, consulté le )
  19. « La laîche et le livarot | Montviette Nature en Pays d'Auge » (consulté le )
  20. (en) Fatchur Rohman et al., « The Utilization of Plant Diversity by Tengger Tribe around Bromo Tengger Semeru National Park, East Java, Indonesia », International Conference on Life Sciences and Technology. IOP Conf. Series: Earth and Environmental Science, vol. 276, no 012042,‎ , p. 8 (lire en ligne Accès libre [PDF])

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]