Bleu paon

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Paon bleu (Pavo cristatus).

Le bleu paon est un nom de couleur désignant des nuances de bleu-vert, d'après certaines parties du plumage du paon bleu.

L'expression bleu paon se trouve principalement dans les domaines de la mode et de la décoration.

Nuanciers[modifier | modifier le code]

Le Répertoire de couleurs de la Société des chrysanthémistes donne quatre tons de Bleu paon, placé, pour la teinte, entre le Bleu capri et le bleu minéral (Cendre bleue), et pour la force du ton, entre le Rouge marocain et le Marron d'Inde. Le Vert paon est une couleur différente.

Dans les nuanciers modernes, on trouve bleu paon[1] ; EE117 paon[2] ; 05 bleu paon[3] ; 1096 bleu paon[4].

Pigments[modifier | modifier le code]

Bleu Paon est un des noms commerciaux du bleu phtalo (Colour Index PB 15:3).

Bleu Paon est aussi synonyme de Laque d'érioglaucine[5] (C.I. 42090, PB24).

Historique[modifier | modifier le code]

L'expression « bleu paon » (ou « bleu de paon ») est attestée, dans le domaine de la mode, en 1873 : « Nous appelons l'attention de notre clientèle […] cachemire d'Écosse […] dans toutes les nuances nouvelles, telles que réséda, acanthe, bronze florentin, bleu paon, vert paon, prairial, océan, mer morte, hanneton, iode, opale, aloès, rose, ciel etc.[6] » Rien n'indique la nuance que désigne bleu paon ; mais on le trouve fréquemment dans les descriptions de tous ordres par la suite.

Le Moniteur de la Papeterie française indique en 1881 qu'il s'agit bien d'un bleu-vert, comme par la suite, et en donne la formule : c'est un mélange à base de bleu d'aniline[7].

Cependant, d'après un auteur antiquaire, « Fortuny […] se mit à appliquer […] leur mystérieuse manière de damasquiner l'acier […] ou bien encore de lui donner cette belle couleur, bleu sombre, que les anciens nommaient bleu paon (pavonazzo)[8] ». Cette évocation renvoie plutôt à un bleu acier ; mais pavonazzo ou paonazzo ne s'applique pas qu'aux armes ; Vasari l'emploie en 1550 dans ses Vite de più eccellenti architetti, pittori et scultori dans le sens de bleu foncé, et le dictionnaire d'italien nous indique qu'il s'agit d'une couleur violette plutôt sombre, d'après des nuances présentes dans la queue de l'oiseau. La forme francisée (rare) paonace désigne aussi une couleur violacée[9]. Ce nom de couleur était, semble-t-il, oublié en 1874 lorsque la mode lance le bleu paon.

Le bleu Capri[modifier | modifier le code]

Le bleu Capri est une teinte proche, dont le Répertoire de couleurs indique la composition de la teinture qui sert à la produire (RC2, p. 226), mais dont le nom purement arbitraire ne donne aucune référence pour la teinte.

Le nom de couleur bleu Capri fait l'objet d'un brevet de Leonhardt (marque de Bender) en 1893[10] et on trouve facilement les indications sur sa chimie, bien que les luttes commerciales et les litiges sur les brevets aient amené une profusion de dénominations. Ces brevets concernent les noms et les procédés d'obtention des colorants, mais la couleur reste impalpable, et, au demeurant, elle dépend largement du procédé de teinture des tissus. Le Répertoire de couleurs indique son emploi pour teindre les cotons après mordançage et les soies, en mentionnant le procédé, « condensation de la nitrosométhylaniline et diméthylmétaamidocrésol », indiquée dans un Dictionnaire de chimie contemporain[11]. La seule indication sur la nuance s'applique aussi bien au bleu paon : « un bleu très verdâtre[12] », en effet plus verdâtre — de ce qu'on peut encore voir des échantillons du Répertoire des couleurs — que le bleu paon.

Cependant, un fabricant au moins vend un bleu outremer (PB29) sous le nom de Bleu Capri[13].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Dauthenay, Répertoire de couleurs pour aider à la détermination des couleurs des fleurs, des feuillages et des fruits : publié par la Société française des chrysanthémistes et René Oberthür ; avec la collaboration principale de Henri Dauthenay, et celle de MM. Julien Mouillefert, C. Harman Payne, Max Leichtlin, N. Severi et Miguel Cortès, vol. 2, Paris, Librairie horticole, (lire en ligne), p. 227.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Nos couleurs », sur www.duluxvalentine.com (consulté le ).
  2. « Collection état d'esprit industriel »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur tollens-editeurdecouleurs.com (consulté le ).
  3. « Nuancier porcelaine 150 », sur www.pebeo.com (consulté le ).
  4. « Nuancier fils à broder Sulky », sur www.annika.fr (consulté le ).
  5. Jean Petit, Jacques Roire et Henri Valot, Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer, t. 1, Puteaux, EREC, , p. 388 ; (en) « The Color of Art Pigment Database: Pigment Blue, PB », sur www.artiscreation.com (consulté le ).
  6. Journal des débats, 16 mars 1873, « Annonce commerciale Au coin de rue », sur Gallica.
  7. Moniteur de la papeterie française, , Jules Erfurt, « De la coloration de la pâte à papier », sur gallica.bnf.fr.
  8. Atelier de Fortuny […] dont la vente aura lieu les 26 avril et jours suivants, Paris, (lire en ligne).
  9. Gilles Ménage, Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Paris, Briasson, (lire en ligne).
  10. Ed Ehrmann, « Progrès réalisés dans l'industrie des matières colorantes en 1893 », Le Moniteur scientifique du Docteur Quesneville,‎ (lire en ligne), section 2. Thionines, Oxazines, Azines.
  11. Villon, Dictionnaire de chimie industrielle, t. 1, Paris, (lire en ligne), s.n. « Bleu capri » ; voir aussi Adolphe Wurtz et al., Dictionnaire de chimie pure et appliquée, t. 3, D-E, Paris, Hachette, (lire en ligne), p. 681, « Eurhodine ».
  12. Rudolf Nietzki et al., Chimie des matières colorantes organiques, Paris, (lire en ligne), s.n., « colorants dérivés de la quinone-imide - oxazime ».
  13. (en) « The Color of Art Pigment Database: Pigment Blue, PB », sur www.artiscreation.com (consulté le ).