Antoine Leandri

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Antoine Leandri
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Antoine Pierre Leandri (né le à Santa-Lucia-di-Tallano et mort en 1931 ou 1934) est un journaliste et un agitateur politique d'extrême-droite d'origine corse.

Il est surtout connu pour la tentative de soulèvement qu'il a organisée en Corse en 1887 et pour le chantage qu'il a exercé sur la princesse Marie Bonaparte, qu'il a séduite alors qu'elle était adolescente, dans le but de lui soutirer de l'argent.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Antoine Leandri est élevé grâce à un oncle prêtre et fait de bonnes études à Aix-en-Provence[réf. nécessaire].

Jeune homme, il étudie le droit mais se lance dans le journalisme après avoir obtenu sa licence[1].

« Affaire Leandri »[modifier | modifier le code]

Bonapartiste enthousiaste, Antoine Leandri devient rédacteur en chef de La Défense, journal créé en 1886 et qui s'en prend régulièrement à la politique menée par les républicains opportunistes, comme Emmanuel Arène[2]. Son zèle le conduit toutefois à être condamné pour délit de presse[3].

En , le jeune homme fait placarder, dans les rues de Bastia, un appel aux armes dans lequel il explique que « pour quiconque sent battre dans sa poitrine un cœur d'homme et de Corse, l'insurrection devient le plus sacré des devoirs »[4]. En plusieurs endroits, la prise d'armes se produit et ses partisans parviennent, notamment, à prendre le tribunal de Sartène. Après cinq mois dans le maquis, Antoine Leandri finit cependant par se rendre à la justice. Il est alors acquitté en Assises le [3].

L'« affaire Leandri » connaît alors un écho national. À la Chambre, elle donne lieu à une interpellation du député bonapartiste Gustave Cuneo d'Ornano sur le fonctionnement du système politico-administratif insulaire[4]. Elle contribue, par ailleurs, à rapprocher les bonapartistes corses du mouvement boulangiste[5].

Secrétaire du prince Roland et avocat[modifier | modifier le code]

En 1890, Antoine Leandri entre au service de Roland Bonaparte, grâce à l'insistance de la mère de celui-ci, Justine-Éléonore Ruflin. L'agitateur corse devient alors deuxième secrétaire du prince et travaille, avec lui, dans sa bibliothèque privée. Parallèlement à cet emploi, Leandri reprend ses études et obtient un doctorat en droit[6].

Après quelque temps, Roland Bonaparte et Antoine Leandri se lient d'amitié[7]. Grâce au soutien du prince, Leandri réussit à se faire admettre à l'ordre des avocats[8], en dépit de son passé de maquisard[3]. Grâce à son employeur, il devient par ailleurs membre-libre de la conférence Molé-Tocqueville, pour laquelle il fait plusieurs interventions[7]. Cela ne l'empêche toutefois pas de continuer à s'intéresser à la politique, et il devient un dreyfusard zélé[9].

Sur un plan plus personnel, Antoine Leandri épouse, 1893, Angèle (Angela) Agostini, une belle jeune fille originaire du village de Morosaglia, en Corse[1]. Cependant, leur union reste stérile[réf. nécessaire].

Séducteur et maître-chanteur[modifier | modifier le code]

Durant l'été 1898, Antoine Leandri profite d'un voyage qu'il effectue en Suisse avec Roland Bonaparte et sa famille pour séduire la fille de celui-ci. Âgée de 16 ans, Marie Bonaparte tombe alors rapidement sous l'emprise du secrétaire corse, qui la pousse à lui envoyer des mots d'amour et à lui offrir une mèche de ses cheveux[10]. Avec l'aide de son épouse, Antoine Leandri convainc ensuite la princesse à se rebeller contre son père et à réclamer l'héritage qu'elle a reçu de sa mère[11].

Conscient du rôle joué par le couple dans le changement d'attitude de sa fille, Roland Bonaparte finit par mettre Antoine Leandri en congé[12], avant de le limoger et d'interdire sa maison à sa famille[13]. Après cet événement, le secrétaire corse change de ton avec la princesse. Il se meut alors en maître-chanteur et lui réclame de l'argent en échange de son silence. Désormais consciente de son imprudence, Marie Bonaparte lui fait verser, jusqu'à sa majorité, une somme de 1 000 francs par mois par l'intermédiaire de Dominique Bonnaud, un proche de son père[14].

L'affaire ne s'arrête cependant pas là. Antoine Leandri reprend en effet contact avec la princesse à la veille de ses 21 ans. Il lui réclame alors à nouveau de l'argent, sous peine de révéler ses lettres au grand public. Face à la menace, Marie Bonaparte se résout à confier ses déboires à son père[15]. Celui-ci se tourne alors vers l'avocat Edgar Demange[16], qui obtient finalement un accord avec le maître-chanteur. En échange de 100 000 francs, Antoine Leandri accepte de remettre l'intégralité de sa correspondance à la princesse. Il renonce par ailleurs à la tenue d'un procès, qui n'aurait pas manqué d'éclabousser la jeune fille[17].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Antoine Leandri reprend ensuite son travail de journaliste dans la presse d'extrême-droite[réf. nécessaire]. Il devient secrétaire politique du maire d'Ajaccio François Coty et milite dans les Ligues[réf. nécessaire].

Antoine Leandri meurt d'une cirrhose du foie, en 1931 ou en 1934[18]. Longtemps installée à Vence, sa veuve Angèle lui survit jusque dans les années 1950[19]. Elle meurt dans son village natal de Morosaglia[20].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

En 2004, les rôles d'Antoine Leandri (devenu, pour l'occasion, « Antoine Léoni ») et de son épouse Angèle sont interprétés par les acteurs Christian Vadim et Anna Warntjen dans le téléfilm français Princesse Marie de Benoît Jacquot[21].

Sources[modifier | modifier le code]

  • Célia Bertin, Marie Bonaparte : La dernière Bonaparte, Paris, Perrin, (1re éd. 1982), 433 p. (ISBN 2-262-01602-X).
  • Jean-Paul Pellegrinetti et Ange Rovere, La Corse et la République : La vie politique, de la fin du second Empire au début du XXIe siècle, Le Seuil, , 688 p. (ISBN 978-2-02-100952-1 et 2-02-100952-1).
  • « L'affaire Léandri », dans Francis Pomponi, Le Mémorial des Corses - La présence française, 1796-1914, t. III, Ajaccio, , p. 364-368.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Bertin 1999, p. 112.
  2. Pellegrinetti et Rovere 2013, p. 83, 85 et 87.
  3. a b et c Georges Thiébaud, « Le Cas de M. Léandri », Le Figaro, no 172,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  4. a et b Pellegrinetti et Rovere 2013, p. 85.
  5. Pellegrinetti et Rovere 2013, p. 87.
  6. Bertin 1999, p. 112-113.
  7. a et b Bertin 1999, p. 116.
  8. Bertin 1999, p. 112 et 116.
  9. Bertin 1999, p. 108 et 112.
  10. Bertin 1999, p. 108-111.
  11. Bertin 1999, p. 111-116.
  12. Bertin 1999, p. 117.
  13. Bertin 1999, p. 119.
  14. Bertin 1999, p. 119-120.
  15. Bertin 1999, p. 129-130.
  16. Bertin 1999, p. 132.
  17. Bertin 1999, p. 133-134.
  18. Bertin 1999, p. 120 et 362.
  19. Bertin 1999, p. 361-362.
  20. Bertin 1999, p. 120.
  21. « Princesse Marie » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.

Liens externes[modifier | modifier le code]