Anna Enquist

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Anna Enquist
Description de l'image Anna Enquist (2016).jpg.
Nom de naissance Christa Boer
Alias
Anna Enquist
Naissance (78 ans)
Amsterdam
Activité principale
poétesse, écrivaine, psychologue, pianiste
Distinctions
prix C. Buddingh, prix Lucy B. et Cornelis W. van der Hoogt, Toneelschrijfprijs, Publieksprijs voor het Nederlandse Boek, ANV Debutantenprijs
Auteur
Langue d’écriture néerlandais

Anna Enquist est le nom de plume de l'écrivaine et psychanalyste[1] néerlandaise Christa Widlund-Broer, née le à Amsterdam aux Pays-Bas. Elle fait ses débuts en 1991 avec le recueil de poésie Soldatenliederen (Chansons de soldats) puis s'impose comme écrivaine dès son premier roman Het Meesterstuk (Le Chef-d’œuvre) en 1994. Ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues, dont une dizaine en français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Christa Broer naît à Amsterdam le 19 juillet 1945 et grandit à Delft[2].

Elle est l'aînée des enfants de Lambertus Johannes Folkert Broer (1916-1991), professeur d'aérodynamique et d'hydrodynamique et Gabriëlle Elberta (Lina) van Delden (1916-2017). Elle commence des études de psychologie clinique à Leyde en 1963 et, après avoir obtenu son doctorat, étudie le piano au Conservatoire Royal de La Haye, avec le violoncelle comme matière subsidiaire[2]. À partir de 1976, elle mène une carrière de pianiste et enseigne la psychologie à Amsterdam puis entame une formation spécialisée en psychanalyse à l'Association néerlandaise de psychanalyse au début des années 1980. En 1987, elle met fin à sa carrière musicale et, en 2001, arrête la pratique de la psychologie[2].

L'écriture[modifier | modifier le code]

Parallèlement, elle commence à écrire des poèmes. Elle déclare que dans la poésie, comme dans la psychanalyse, il s’agit de trouver un équilibre entre l’analyse et les sentiments[3]. Le magazine Maatstaf publie ses premiers poèmes en 1988[2]. En 1991, elle publie un premier recueil de poésie en 1991 : Soldatenliederen ("Chants de soldats") sous le pseudonyme Anne Enquist. Suivent plusieurs livres de poésie, Jachtscènes ("Scènes de chasse") en 1992, Een nieuw afscheid ("Un nouvel au revoir") en 1994, Klaarlichte dag ("En plein jour") en 1996 et De tweede helft ("La deuxième mi-temps") en 2000. Si ces recueils demeurent inédits en français, quelques poèmes ont néanmoins paru en traduction française dans la revue Septentrion, dans l'anthologie Le Verre est un liquide lent (Farrago, 2003) ou encore dans Europe, n° 909-910, 2005.

Anna Enquist lit souvent des poèmes en public en compagnie du pianiste Ivo Janssen. Deux petits volumes de poésie ont déjà paru, accompagnés chaque fois d’un CD[4]. Parmi les compositeurs interprétés par Ivo Janssen : Sergueï Prokofiev, Leoš Janáček, Robert Schumann...

Ce n'est qu'en 1994 qu'elle publie son premier roman : Het meesterstuk, basé sur l'opéra Don Giovanni de Mozart. Le livre entre dans le top 10 des livres les plus vendus aux Pays-Bas et reçoit le Debutantenprijs (nl), attribué chaque année à un prosateur débutant. Les éditions Actes Sud le publient sous le titre : Le chef-d'œuvre. L'éditeur français a publié près d'une dizaine de ses romans à ce jour.

Elle est poète officiel de la ville d'Amsterdam de 2014 à 2015. Première femme à occuper cette fonction, elle écrit trois textes qui sont placés sur des bancs dans l'espace public[5],[6].

De nombreux ouvrages d'Anne Enquist sont également publiés sous forme de livres électroniques, en gros caractères ou de livres audio qu'elle lit elle-même) et ont été traduits dans différentes langues.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Anne Enquist est mariée avec le violoncelliste suédois Bengt Widlund ; ils ont deux enfants. Le 3 août 2001, leur fille Margit, alors âgée de 27 ans, est tuée par un camion alors qu'elle circule à vélo sur la place du Dam à Amsterdam. Grâce en partie à Anne Enquist, un rétroviseur d'angle mort devient obligatoire pour les camions à partir de 2003[2],[7].

Elle vit et travaille à Amsterdam.

Thèmes[modifier | modifier le code]

Anne Enquist est souvent considérée comme un écrivain psychologique qui dissèque ses personnages comme on ouvre un livre ou un cadavre, feuille par feuille, partie par partie - jusqu'au coeur[8]

La perte de son enfant devient, avec la musique, un des thèmes majeurs de ses écrits postérieurs[9]. « La grande question, dans tous mes livres, consiste à savoir comment on remonte la pente après un coup dur du destin. »[10]. Dans Quatuor, deux des personnages principaux - Caroline et Jochem - ont perdu leurs deux fils dans un accident de voiture. Ce roman s'attarde longuement sur la manière dont chacun des deux vit le deuil, ainsi que sur l'effet qu'un tel drame provoque dans leurs relations amicales et professionnelles[11]. Dans Counterpoint, en 2008, le personnage principal, un pianiste, tente de sonder les Variations Goldberg de Bach afin de se réconcilier avec la perte de sa fille[12]. Dans Les Porteurs de glace, « Anna Enquist dépeint tout en nuances, subtiles, feutrées, la lente érosion d'un couple » après la fuite de leur fille[13]

La musique classique traverse la presque totalité de ses romans. Le secret raconte l'histoire de Dora Dierks, pianiste qui a vu sa carrière s'arrêter brutalement en raison d'une maladie. Des années plus tard, elle se remet au piano et, sur fond du Concerto italien de Bach, affronte à nouveau son passé : « Dans la musique, il n’est pas question de guerre. La musique est au dessus de tout ».

Quatuor a pour personnages principaux quatre amis musiciens et leur vieux professeur, ancien virtuose désormais à la retraite : le quatuor interprète, au fil du roman, des pièces de Antonín Dvorák, Wolfgang Amadeus Mozart et Franz Schubert.

L'écoulement du temps est un autre thème récurrent : les héroïnes de Contrepoint et Le secret partent à la rencontre de leur passé, entre affrontement et recherche de paix. Le vieux professeur de Quatuor regrette sa gloire passée et s'emmure chez lui, victime d'arthrite, écrasé par une peur à l'encontre du monde extérieur et de toute nouveauté.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • 1991 : Soldatenliederen (poèmes)
  • 1992 : Jachtscènes (poèmes)
  • 1994 : Een nieuw afscheid (poèmes)
  • 1994 : Het meesterstuk (roman) ((fr) Le chef d'œuvre, traduit du néerlandais par Nadine Stabile, éditions Actes Sud, 1999)
  • 1996 : Klaarlichte dag (poèmes)
  • 1997 : Het Geheim (roman) ((fr) Le Secret, traduit du néerlandais par Micheline Goche, Actes Sud, 2001)
  • 1999 : De kwetsuur (fr) La Blessure, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud, 2005)
  • 2000 : De tweede helft poèmes)
  • 2002 : Hier was vuur (poèmes)
  • 2002 : De ijsdragers, ((fr) Les Porteurs de glace, traduit du néerlandais par Micheline Goche, Actes Sud, 2003)
  • 2003 : De sprong, ((fr) Le Saut, traduit du néerlandais par Annie Kroon, Actes Sud, 2006)
  • 2004 : De tussentijd (poèmes)
  • 2005 : De thuiskomst (roman) ((fr) Le Retour, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud, 2007)
- Le roman narre la vie de la femme de l'explorateur James Cook. L’auteure s'est documentée pendant plus de dix ans pour l'écrire[8].
  • 2007 : Mei (nouvelles).
  • 2008 : Contrapunt, ((fr) Contrepoint, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, Actes Sud, 2010) (ISBN 978-2-7427-9234-4)
  • 2010 : Nieuws van nergens (poèmes)
  • 2011 : De Verdovers, ((fr) Les Endormeurs, traduit du néerlandais par Arlette Ounanian, Actes Sud, 2014) (ISBN 978-2-330-02683-7)
  • 2012 : Kool! : alles over voetbal.
  • 2013 : Een kooi van klank (poèmes)
  • 2014 : Kwartet , ((fr) Quatuor, traduit du néerlandais par Emmanuelle Tardif, Actes Sud, 2016) (ISBN 978-2-330-05796-1)
  • 2015 : Hoor de stad (poèmes)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le Monde du 7 mars 2014. Supplément Le Monde des Livres
  2. a b c d e f g h i et j (nl) « Anna Enquist: biografie | KB, de nationale bibliotheek », sur collecties.kb.nl (consulté le ).
  3. Natalie Levisalles, « Musique de chambre noire » Accès payant, sur Libération (consulté le ).
  4. « Anna Enquist & Ivo Janssen - Contrapunt - Bach Goldberg variaties Aria ».
  5. (nl) importer, « Nieuwe stadsdichter: Anna Enquist », sur SLAA, (consulté le ).
  6. (nl) Maarten Moll, « Anna Enquist is de nieuwe Amsterdamse stadsdichter », Het Parool,‎ (lire en ligne)
  7. (nl) Van onze verslaggeefster, « Anna Enquist is ?met schrijven gewoon wel klaar? », sur Trouw, (consulté le ).
  8. a et b « Anna Enquist : le vaste monde au microscope », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Daniel Cunin, « Anna Enquist », sur flandres-hollande.hautetfort.com, .
  10. « Anna Enquist : « Aux Pays-Bas, on aime la brièveté et le sens du détail » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. Christine Ferniot, « Anna Enquist, écrivaine : “Parfois je suis la caméra, parfois je suis dans le cœur des personnages” », sur Télérama, (consulté le ).
  12. « Anna Enquist écrit au rythme de la musique », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  13. Christine Rousseau, « Et aussi... [Les porteurs de glace] », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  14. « Agenda », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Caroline Montpetit, « Entretien - Anna Enquist et la force du quotidien », sur Le Devoir, (consulté le ).
  16. Web Master, « Attribution des Prix du livre et du film Corderie Royale-Hermione 2007 », sur Festival des Mémoires de la Mer, (consulté le ).
  17. « Nominations 2015 - EuregioKultur e. V. », sur www.euregio-lit.eu (consulté le ).
  18. « Comédie du livre. Parutions et rendez-vous », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Pays-Bas, Belgique : haut la littérature ! », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Tess, « Découvrez le lauréat du prix Babel des Lecteurs Mots en Lignes 2020 », sur Librairie Mots en lignes, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]