André de Lohéac

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André de Lohéac
André de Lohéac
André de Lohéac, maréchal de France. Enluminure sur parchemin, Armorial de Gilles Le Bouvier, dit Berry, héraut d'armes du roi Charles VII, ms. 4985, fo 19 vo, XVe siècle, BnF[1].

Surnom André de Laval
Naissance
Château de Montsûrs
Décès (à 78 ans)
Laval
Origine Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Allégeance Drapeau du Royaume de France Royaume de France,
Duché de Bretagne
Arme
Grade Maréchal de France Maréchal de France
Conflits Guerre de Cent Ans
Faits d'armes Bataille de la Brossinière
Siège de Laval (1428)
Bataille de Patay
Campagne de Normandie
Bataille de Formigny
Famille Fils de Jean de Monfort dit Guy XIII de Laval et d'Anne de Montmorency-Laval

André de Montfort-Laval[2], dit André de Lohéac, seigneur de Lohéac et de Montjean, puis baron de Retz (du chef de sa femme Marie de Rais, fille de Gilles de Rais), amiral puis maréchal de France, est né en 1408 au château de Montsûrs[3] et mort le à Laval.

Il accomplit son premier fait d'armes à 14 ans, résiste aux Anglais lorsqu'ils envahissent Laval en 1428, accompagne Jeanne d'Arc d'Orléans à Reims, et le roi Charles VII dans ses expéditions de 1440 à 1448. Il participe à la libération de la Normandie et de Bordeaux et à la résistance contre les Bourguignons. Entretemps, il est gouverneur de Paris et maréchal de France.

André de Lohéac et son frère Guy XIV de Laval avaient la particularité d'être vassaux du duché de Bretagne en même temps que de la Couronne de France avec le comté de Laval.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

André de Lohéac est le fils de Jean de Montfort dit Guy XIII de Laval (1385-1415) et d'Anne de Montmorency-Laval (1385-1466). Il était par sa mère petit-fils par alliance du connétable Bertrand du Guesclin.

Jean de Laval (1320-1398)
x Isabeau de Tinténiac (1325-1433)
│
└──> Jeanne de Laval (1350-1433)
     x Bertrand du Guesclin (1320-1380)
     x Guy XII de Laval (132?-1412)
     │
     └──> Anne de Laval (1385-1466)
          x Guy XIII de Laval (1385-1414)
          │
          ├──> Guy XIV de Laval (1406-1486)
          ├──> André de Lohéac (1408-1486)
          └──> Louis de Laval (1411-1489)

Le second des fils de Guy XIII, André, reçut comme fief principal la terre de Lohéac que son arrière grand-mère, Isabeau de la Roche-Bernard, avait apportée en 1364 à la maison de Montfort.

André et son frère Louis paraissent avoir été très liés : ils sont même parfois confondus par les historiens[4], et participent aux mêmes entreprises et reçoivent ensemble l'ordre de Saint-Michel lors de sa création par Louis XI.

Le sort des enfants[modifier | modifier le code]

Pour l'Art de vérifier les dates[5], les enfants de la Maison de Laval, à la mort de Guy XIII de Laval en 1414, étaient mineurs, il y a procès pour leur tutelle entre Raoul IX de Montfort, leur aïeul, et Anne, leur mère.

Le , Raoul IX de Montfort profitant du grabuge apporté par Anne de Laval, fait valoir ses prétentions à obtenir la garde de ses petits-enfants. Il profite de la discorde de la mère et la fille « pour la confusion des dites Anne et Jeanne est bon qu'il ait ladite garde », faisant ainsi courir le risque qu'il les éduque et les marie à sa convenance, ou pire, qu'il récupère leur héritage par leur mort accidentelle « car ceulz de Montfort seroient leurs héritiers s'ilz estoient mors ».

Jeanne et Anne s'allient alors plus ou moins, contre cette menace commune. La garde des enfants était alors confiée à Jeanne de Laval-Tinténiac et le gouvernement de leurs terres héritées de leur père à Louis de Loigny[6]. Anne est encore alors sous la protection du roi puisqu'elle ne parle pas en son nom propre, mais accompagnée de Guillaume d'Orenge.

Depuis le « pourparlé du second mariage », la garde des enfants appartient à Jeanne et c'est à elle avant tout de défendre son statut de tutrice. Anne fait valoir le droit : dans la coutume d'Anjou et du Maine, un remariage n'empêche pas la garde des enfants[7], comme le conteste Raoul de Montfort[8]. Les enfants sont d'abord de Laval avant d'être de Bretagne.

Il est précisé que « ladicte Anne emploie ce que dit la dicte dame Jehanne ». Anne confirme les dires de sa mère, et rajoute « que la dicte requeste ne se doit point adrecier contre elle […] n'a mie la puissance ne la garde de ses dits enfans, mais est enfermée par le fait de la dite dame Jehanne, sa mère ».

L'affaire est conclue en faveur d'Anne[9], car la garde « fut adjugée à celle-ci (Anne) par sentence de la justice du Mans, dont il y eut appel au Parlement, qui confirma ce jugement par un arrêt de l'an 1417 ».

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Bataille de la Brossinière : « Du moys tout le derrain dimanche Que vendangeurs sont en grant peine Tu sauras le moys et le jour Qu'André de Lohéac, mon seignour, Fut fait chevalier en bataille Et maints Angloys tua sans faille Es parties de la Broussinière Et là déploya sa bannière , Vers anciens, cités par Charles Maucourt de Bourjolly, premier volume, page 295 ».
Bertrand du Guesclin

Au cours de la guerre de Cent Ans, armé de l’épée du connétable, il fait ses premières armes contre les Anglais dès l’âge de quinze ans. À la bataille de la Brossinière près de Bourgon en Mayenne, il est armé chevalier[10] sur le champ de bataille par le comte d'Aumale en lui ceignant l'épée du connétable Bertrand du Guesclin.

Le , la ville de Laval ayant été prise de nuit par escalade, la garnison et le jeune André de Lohéac, alors âgé de dix-sept ans, se retirèrent dans le château de Laval et s'y défendirent pendant six jours. Ils se rendirent enfin aux Anglais.

Prisonnier de John Talbot, comte de Shrewsbury, il est libéré moyennant une rançon vers la mi-. En 1428, André de Lohéac fut nommé lieutenant d'Arthur de Richemont, connétable de France et gouverneur du Maine pour le roi.

Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc[modifier | modifier le code]

Batailles et opérations majeures en France entre 1415 et 1453.

Il rejoint le , à Selles-en-Berry (Selles-sur-Cher), l'armée royale que réunit Jeanne d'Arc et Jean II, duc d'Alençon, pour poursuivre la libération du Val de Loire après la levée du siège d'Orléans. Il se distingue, parmi d'autres, à Jargeau, Beaugency, et surtout à Patay où il combat à l'avant-garde.

« Mes très redoutées dames et mères. le dimanche (5 juin) j'arrivay à Sainct-Agnean où estoit le Roy, et envoyé quérir et venir de mon logis le sieur de Trèves et s'en alla au chastel avec lui mon oncle pour signifier au Roy que j'estois venu et pour scavoir quand il lui plairoit que j'allasse devers lui et j'eus responce que j'y allasse si tost qu'il me plairoit et me fist très bonne chère et me dit moult bonnes paroles. Et dit le sieur des Trèves, en sa maison, au sieur de la Chapelle, que le Roy et tous ceux d'environ luy avoient été bien contents des personnes de mon frère et de moy, et que nous leur revenions bien et jura bien fort qu'il n'estoit pas mention que, à un de ses amis et parents qu'il eust, il eust fait si bon accueil. Et le lundy me party d'avec le Roy pour venir à Selles en-Berry, à quatre lieues de Sainct-Agnan et fit venir au-devant de luy la Pucelle qui estoit de paravant à Selles. Disoient aucuns que ce avait esté en ma faveur, parce que je la visse et fit la dite Pucelle très bonne chère à mon frère et à moy, estant armée de toutes pièces, sauve la teste, et tenant la lance en main et après que feusmes descendus à Selles, j'allay à son logis la veoir, et fit venir le vin et me dit qu'elle m'en feroit boire à Paris et semble chose toute divine de son faict, et de la veoir et de l'ouyr. La Pucelle m'a dit en son logis, comme je la suis allé y veoir, que trois jours avant mon arrivée elle avoit envoyé à vous, mon ayeule, un bien petit anneau d'or, mais que c'estoit bien petite chose et qu'elle vous eust volontiers envoyé mieux, considéré votre recommandation. Cejourd'hui monsieur d'Alcnçon, le bastard d'Orléans et Gaucourt doivent partir de ce lieu de Selles pour aller après la Pucelle; et avez fait bailler je ne scay quelles lettres à mon cousin de la Trémouille et sieur de Trèves, par occasion desquelles le Roy s'efforce me vouloir revenir avec luy jusques à ce que la Pucelle ait esté devant les places angleiches d'environ Orléans où l'on va mettre le siège et est déjà l'artillerie pourveu et ne s'esmayd point la Pucelle qu'elle ne soit tantost avec le Roy, disant que lorsqu'il prendra son chemin à tirer avant vers Rheims, que j'irois avec lui. », lettre des frères Guy XIV de Laval et André de Lohéac aux dames de Laval, leurs mère et aïeule, 8 juin 1429[11].

Le sacre de Charles VII[modifier | modifier le code]

Avec son frère Guy XIV de Laval, il suit le souverain à Reims pour assister au sacre de Charles VII de France. Pour l'Art de vérifier les dates[5], le jour même de la cérémonie de son sacre ()[12], Charles VII, dans un conseil nombreux qu'il tint, érigea la baronnie de Laval en comté, relevant nument du roi, par lettres qui furent vérifiées au parlement le .

Ces lettres sont fondées sur les motifs les plus honorables qu'elles énoncent, la grandeur et l'ancienneté de la maison de Laval, son immuable fidélité envers la couronne, les services importants qu'elle lui a rendus, les armées levées à ses dépens pour le besoin de l'État, les pertes qu'elle a essuyées de ses villes et de ses châteaux, etc[13].

En 1430, André de Lohéac est chargé de défendre Laval, qui avait été repris sur les Anglais le .

En 1433, le roi Charles VII fait de Lohéac le gouverneur du comté de Laval, avec pouvoir d'assiéger les places anglaises de Normandie et d'y établir des gouverneurs. Avec Ambroise de Loré, il harcèle l'ennemi du côté normand. Venables, capitaine anglais, de l'abbaye de Saint-Gilles en Cotentin où il s'est retiré, fait aux alentours des excursions désastreuses pour les habitants.

Lohéac et Loré, sur les invitations pressantes du duc de Bretagne, tentent de le déloger de cette abbaye. À la tête de 800 soldats, ils y entrent de nuit par escalade ; mais les Anglais se défendent et les troupes doivent se retirer après leur avoir fait perdre 200 hommes. Venables, via ce succès, se met aussitôt en campagne et s'avance jusqu'à Lassay ; mais il s'y laisse surprendre. Les deux capitaines, suivis de 700 hommes, l'attaquent, le mettent en déroute et retournent à Laval avec un riche butin et de nombreux prisonniers.

Amiral, puis maréchal de France[modifier | modifier le code]

Il assiste au siège de Paris. En 1436, André de Lohéac, âgé de vingt huit ans, est pourvu de l'office d'amiral de France, où il remplace Louis de Culant.

En 1439, de Lohéac revint de nouveau à l'armée du roi qui, par suite de ses bons services, le nomma maréchal de France en remplacement de Pierre de Rieux, décédé. Il est déchargé de sa fonction d'amiral de France et remplacé par Prigent VII de Coëtivy[14] pour devenir un peu plus tard, maréchal de France.

En 1441, le maréchal de Lohéac continua à combattre les Anglais autour de Paris ; il commandait l'armée au siège de Pontoise, sous le roi et le dauphin, lors de l'assaut qui emporta la ville ; il commandait la troisième attaque au boulevard du Pont, à la tête de la plus forte partie de l'armée ; au bout de deux heures et demie la ville fut prise.

Plus tard il se distingua contre la garnison anglaise de Mantes, qui fit une sortie jusqu'aux portes de Paris : il la défit entièrement et revint dans la capitale avec un grand nombre de prisonniers. L'année suivante, 1442, il se trouva au siège de Beauvais. En 1443, le maréchal de Lohéac alla avec le dauphin faire lever le siège de Dieppe. Il ramena à l’obéissance le comte d'Armagnac Jean V d'Armagnac, qui tenait en prison la comtesse de Comminges, son épouse, dont il n'avait pas d'enfant, afin de la contraindre à lui faire donation de ses terres.

En 1445, André de Lohéac participe au tournoi organisé lors du mariage de Marguerite d'Anjou, mariée par procuration[15], en la collégiale Saint-Georges de Nancy, à Henri VI, roi d'Angleterre (1421-1471).

En 1446, André de Lohéac participe au tournoi organisé par René d'Anjou à Saumur, et connu sous le nom d'« emprise du château de Joyeuse-Garde ».

Campagne de Normandie (1449-1450)[modifier | modifier le code]

Guy XIV et André de Lohéac prirent part à l'expédition rapide, par laquelle la Normandie fut enlevée aux Anglais. On les voit à la prise de Saint-Jacques-de-Beuvron, de Mortain, de Coutances, de Saint-Lô, de Carentan, de Valognes ; puis au siège de Fougères, enlevé à l'ennemi pendant la trêve et qui fut remis à Pierre de Bretagne, frère du duc François ; enfin à la bataille de Formigny, dans laquelle périrent 4 700 Anglais. Lohéac, après la soumission de Bayeux, reçut celle de Saint-Sauveur-le-Vicomte. II se trouva aux sièges de Caen et de Falaise, et à celui de Cherbourg, la dernière place qui restât à l'ennemi dans cette province.

Campagne de Guyenne[modifier | modifier le code]

Bataille de Castillon.
Miniature extraite des Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, BnF, département des Manuscrits, ms. Français 5054 fo 229 vo .

En 1451, le maréchal André de Laval se trouva à la reddition de toute la Guyenne, aux sièges de Blaye, Bourbourg-Fronsac, à la prise de Bordeaux le , et enfin au siège de Bayonne qui se rendit à lui le 20 août[16].

En 1453, les Anglais étant rentrés par trahison dans plusieurs villes de la Guyenne, le roi envoya pour les chasser le maréchal de Lohéac ; il mit le siège devant Castillon le 13 juillet ; les Anglais vinrent en grand nombre sous la conduite de John Talbot, pour faire lever le siège ; ils attaquèrent les Français, mais ils furent battus; Talbot et son fils, furent tués ; dès le lendemain, , Castillon se rendit ; Fronsac, Libourne, Langon, Cadillac, se rendirent également. Bordeaux restait à prendre, on en forma le blocus ; après plusieurs assauts l'ennemi qui manquait de vivres fut obligé de capituler le , et les Anglais furent entièrement chassés de France ; le roi fit alors bâtir près de Bordeaux les forts Trompette et du Ham.

Après la soumission de la Guyenne, il revient à Laval et au château de Montjean[17], qu'il fait relever. Il reste dans ce château pendant presque toute l'année 1454. Après le mariage de sa nièce Jeanne de Laval avec René d'Anjou, il reçoit l'ordre du roi de France de marcher contre Jean V d'Armagnac. Avec Jean Poton de Xaintrailles et le comte de Clermont, il entre sur les terres du comte à la tête des troupes de Guienne et se rend maître en peu de temps de 17 villes ou places fortes. Lectoure, malgré son château parfaitement fortifié, ne peut l'arrêter que quelques jours et doit à son tour faire sa soumission.

Gendre de Gilles de Rais[modifier | modifier le code]

Il se marie en 1451 avec Marie de Montmorency-Laval dite Marie de Rais, dame de Retz, fille unique de Gilles de Rais et veuve de Prigent VII de Coëtivy. Il s'agit de sa cousine, la fille de son compagnon d'arme du temps de Jeanne d'Arc.

Par ce mariage, il devient le nouveau baron de Retz et, entre autres, seigneur de Machecoul, de Champtocé-sur-Loire, etc.

Il perd sa femme le [18]. Au décès d'André de Lohéac, sans postérité, René de Rais, frère de Gilles de Rais, lui succède comme baron de Retz.

Les relations avec Charles VII[modifier | modifier le code]

Il sert Charles VII :

  • Charles VII l'envoie à Paris pour y veiller à ses intérêts. Les Parisiens députèrent au roi plusieurs habitants chargés de l'assurer de leur fidélité[19] ;
  • dans les batailles contre le Dauphin (1456), futur Louis XI. Avant , il est envoyé en mission en Dauphiné où il influence son frère Louis, qui en est le gouverneur, pour rappeler aux habitants leur devoir d'obéissance au roi[20].

André de Lohéac est à l'origine de la reconstruction de la tour Rennaise à Laval en 1458. Sa construction est liée à la guerre de Bretagne. Le but étant d'édifier un second donjon, tourné vers la Bretagne. La structure est adaptée aux usages de l'artillerie de l'époque[21]. On tient, dit Jacques Le Blanc de La Vignolle, que le maréchal de Lohéac, sous Charles VII, « fit bâtir la grosse tour où est à présent notre arsenal, et les tours de la porte Renaise, et son dessein étoit de faire bâtir dessus un donjon. »

Les relations avec Louis XI[modifier | modifier le code]

En 1461, à la mort de Charles VII et donc à l'avènement de Louis XI, le maréchal de Lohéac est disgracié par le nouveau roi, qui nomme maréchal de France à sa place Jean de Lescun[22].

André de Lohéac quitte alors la cour et habite tantôt à Laval, tantôt à Nantes[23] jusqu'en 1465.

Le duc de Bretagne, désirant maintenir le nombre de neuf grandes baronnies du duché, diminué par la réunion de plusieurs des baronnies anciennes sur une même tête, rétablit la baronnie de Lanvaux et la donne à André de Lohéac[24].

Ligue du Bien public[modifier | modifier le code]

La guerre de la ligue du Bien public qui se déroule à partir d'avril 1465 entre la France et la Bretagne va être un test pour la stratégie de la famille de Laval.

En Bretagne, le conflit interagissait avec la question du contrôle des évêchés bretons, un sujet majeur et d'importance concernant l'indépendance du duché[25]. Révolte des princes contre la politique de Louis XI qui veut briser leur volonté d’indépendance, la ligue du Bien public est une révolte féodale contre l’autorité royale, obligeant le roi à s'engager à la tête d'une armée de fidèles pour ramener ses vassaux dans le droit chemin.

André de Lohéac fait partie de l'opposition au roi Louis XI, et fait partie de la ligue du Bien public. André de Lohéac suit la révolte des princes. Il conduit 500 hommes d'armes « tous bretons en ordre et bien armez. »

Victorieuse à Montlhéry, l'armée quitte Étampes pour aller devant Paris ; André de Lohéac et Odet d’Aydie commandent l'avant-garde. Ce sont eux qui, arrivés au pont de Charenton, prennent, au moyen de l'artillerie, la tour et les fortifications qui en défendaient le passage. Ils logent à Conflans; le reste de l'armée s'établit à Saint-Maur. Louis XI parvint, par son adresse, à désunir tous les seigneurs qui s'étaient ligués et il fit la paix avec eux par le traité de Saint-Maur en date du , dont l'une des conditions était qu'André de Lohéac serait premier maréchal de France[26].

Louis XI lui rendit donc sa charge de maréchal de France en 1465. En 1466, il fut nommé amiral de France, place qu'il cumula avec celle de maréchal jusqu'en 1476. En 1468, Louis XI le nomma lieutenant-général du gouvernement de Paris.

Ordre de Saint-Michel[modifier | modifier le code]

Louis XI préside le chapitre de Saint-Michel, dans les Statuts de l'ordre de Saint-Michel, miniature de Jean Fouquet, 1470, Paris, BnF.

Après la fin de la guerre de la ligue du Bien public, les Laval et Louis XI entretinrent de bonnes relations. La famille est restée en partie loyale au roi, et celui-ci en retour appréciait son soutien. En 1467, il marque sa gratitude en nommant les Laval au rang de membres éminents du royaume. C'est un nouveau privilège et une gratitude[27]. Le retour en faveur d'André auprès du roi est aussi marqué lors de la création de l'ordre de Saint-Michel. Le fait d'être nommé dans les 15 premiers chevaliers de l'ordre est un honneur royal, mais aussi un moyen pour le roi de s'offrir allégeance des nobles principaux de son royaume[28]. Le fait qu'André de Lohéac et Louis de Laval-Châtillon soient choisis parmi les 15 premiers chevaliers marquent l'importance de la famille de Laval à l'époque. Le maréchal de Lohéac fut le quatrième chevalier promu[29].

André de Lohéac fut nommé, en 1471, gouverneur de la Picardie. En 1472, il résiste avec succès aux attaques de Charles le Téméraire à Beauvais, bien défendue par ses habitants à la tête desquels s'illustre Jeanne Hachette. Louis XI vint au mois d'août 1472 demander l'hospitalité au maréchal derrière des épais murs du château de Montjean. En 1481, le roi lui donna la seigneurie de la ville de Pontoise.

Décès[modifier | modifier le code]

II passa dans le Logis de Montjehan[30], son hôtel de Laval les dernières années de sa vie. André de Lohéac meurt le à Laval[31] sans postérité. Il fut enterré dans le chœur de la collégiale Saint-Tugal de Laval par Philippe de Luxembourg, évêque du Mans[32]. Louis de Laval-Châtillon fonda une messe à Saint-Tugal qui devait être dite chaque jour pour le repos de l'âme de son frère. On y récitait, en outre, le De profundis, chaque année, le Jeudi saint, et on y célébrait un service le jour anniversaire de sa mort. La messe quotidienne fut dite jusqu'en 1793: elle était connue sous le nom de Messe du Maréchal[33].

Armoiries[modifier | modifier le code]

Pour son blason, Bertrand de Broussillon indique qu'il y a lieu de rectifier ce qui en est dit par Louis Morin de La Beauluère, qui lui attribue l'écu des anciens seigneurs de Lohéac, de pair plein[34], qui n'existe sur aucun de ses sceaux.

Toutes les empreintes qui existent de ceux-ci possèdent un écu de Montmorency-Laval brisé par un lambel à trois pendants. Chacun des pendants du lambel était chargé de triples lionceaux[35]. Il faut ajouter ici que, au dire du héraut Berry[36], chacun des pendants du lambel du blason d'André de Lohéac aurait été chargé d'une pointe d'hermine.

Figure Blasonnement

Armes de André de Lohéac :

D'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent et cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2 ; au lambel brochant en chef d'argent à trois pendants chargés chacun de deux mouchetures d'hermine. Cimier : un lion de gueules lampassé d'or assis dans un vol d'hermine. Tortil d'or et de gueules, lambrequins d'hermine doublés de gueules[37].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gilles Le Bouvier (dit le héraut Berry), Armorial de France, Angleterre, Écosse, Allemagne, Italie et autres puissances, composé vers 1450 par Gilles Le Bouvier dit Berry, premier roi d'armes de Charles VII, roi de France : texte complet, publié pour la première fois d'après le manuscrit original / précédé d'une notice sur la vie et les ouvrages de l'auteur… par M. Vallet de Viriville, Paris, Bachelin-Deflorenne, , XII-232 p. (présentation en ligne, lire en ligne), p. 44.
  2. Le maréchal de Lohéac descendait des anciens sires de Lohéac, mais était membre de la famille de Laval. Bibliographie bretonne.
  3. Courvaisier, page 653.
  4. P.R. Gaussin Louis XI, un roi entre deux mondes, Paris, 1976, p. 198. : « À son avènement, Louis XI licencie les deux maréchaux en fonction Louis de Laval, sire de Lohéac, maréchal depuis 1439… ».
  5. a et b Chronologie historique des sires, puis comtes de Laval, 1784, t. II, p. 864-875.
  6. Lettres royaulx […] commis la dicte Jehanne à la garde des enffans et messire Loys de Loigny au gouvernement des terres d'iceulx.
  7. « Par la coutstume d'Anjou et du Maine, dont est Laval, la mère ne pert point la garde de ses enfans par soy remarier ».
  8. Il est précisé que « ne sont pas Turpin et Anne ensemble.
  9. Sans doute avec le soutien de Yolande d'Aragon.
  10. André de Lohéac devait être âgé alors de 16 ans, âge que la tradition lui assigne et auquel la chevalerie n'était concédée que dans des cas absolument exceptionnels. Bertrand du Guesclin reçoit les honneurs de la chevalerie en 1354 à l'âge de 34 ans environ.
  11. Jules Quicheratéd.), Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d'Arc, dite la Pucelle : publiés pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu'on a pu réunir et accompagnés de notes et d'éclaircissements, t. 5 : Témoignages des poètes du XVe siècle. Lettres, actes et autres pièces détachées. Témoignages extraits des livres de comptes. Documents relatifs à l'Institution et aux premières célébrations de la fête du 8 mai, jour anniversaire de la délivrance d'Orléans. Documents sur la fausse Jeanne d'Arc qui parut de 1436 à 1440. Supplément aux pièces et extraits concernant la Pucelle. Itinéraire de la Pucelle. Notice littéraire du procès du condamnation. Notice des pièces de la réhabilitation. Table analytique, Paris, Jules Renouard et Cie, , 575 p. (lire en ligne), p. 109.
  12. Dans les mêmes temps la ville et le château de Laval étaient au pouvoir des Anglais.
  13. Les comtes étaient rares à cette époque ; et leurs prérogatives étaient telles, suivant du Tillet[Lequel ?], qu'ils précédaient le connétable.
  14. Il fut créé amiral en remplacement d'André de Lohéac, nommé maréchal de France. Il prêta serment le 26 décembre 1439, et fut tué sur le champ de bataille au siège de Cherbourg.
  15. « Les lices furent ouvertes pendant huit jours. Charles VII et le Dauphin y assistèrent, ainsi que le duc de Bretagne. Chacun devait faire huit coups de joutes. Les mieux joutants avaient un diamant de mille escus, chanfrain à pincer l'escu et le tymbre, armorié. Quiconque vuiderait la selle, en estait quitte pour dire aux dames je n'en peulx mais. Parmi les tenants forains à couvert du tournoys, vint Mr. de Lohéac ». Vie du Roi René, édit. de Quatrebarbes, t. I.
  16. Jean Chartier, Berry.
  17. Il l'a acheté pour 100 saluts d'or.
  18. Elle fut ensevelie dans le chœur de l'Église Notre-Dame de Vitré.
  19. Robert d'Estouteville, époux d'une fille d'Ambroise de Loré, prévôt de Paris, est accusé auprès de Lohéac d'actes injustes et abusifs; celui-ci aussitôt le fit arrêter provisoirement et jeter à la Bastille. La femme du prévôt, à l'insu du maréchal, est maltraitée par les gens-d'armes chargés de l'exécution de cet ordre. On informe ensuite contre le captif, et, les accusations portées contre lui ayant été reconnues fausses, il fut remis en liberté.
  20. Manuscrit BNF, n. a. fr. 1001, fol. 43.
  21. Bouches à feu, canons…
  22. André Duchesne, Histoire de la Maison de Montmorency.
  23. Il a acheté un très-bel hôtel aux faubourgs.
  24. En 1480, André de Lohéac est très âgé et sans enfants, le duc de Bretagne transfère la possession de cette baronnie à Louis de Rohan, sire de Guémené.
  25. P. Contamine, « Méthodes et instruments de travail de la diplomatie française. Louis XI et la régale des évêchés bretons. (1462-1465) », dans Des pouvoirs en France 1300-1500, Paris, 1992, p. 147-167. Pocquet du Haut-Jussé, Les Papes et les ducs de Bretagne, t. II, p. 814-847.
  26. « Monsieur de Loyhac sera premier maréchal de France, à la charge de deux cents lances payées par le roi. »
  27. Lettre de Louis XI, . Godbert, Documents relatifs à l'histoire du comté de Laval, Laval, 1860, p. 103.
  28. C'est principalement la raison du refus du duc de Bretagne par rapport à cet honneur. A. Dupouy, Histoire de Bretagne, Paris, 1932, p. 171 ; P. Contamine, « Louis XI, François II, duc de Bretagne et l'ordre de Saint-Michel (1469-1470) » dans Des pouvoirs en France (1300-1500), Paris, 1992, p. 170-174.
  29. Lettres patentes de Louis XI, Amboise, le (donc, cinquième à partir du roi Louis XI). (lire en ligne).
  30. Le Logis était très anciennement désigné sous le nom d' hôtel de Loué ou de Mathefelon était autrefois une petite forteresse; il avait été acquis en 1480 par le maréchal de Lohéac de Jehan de Laval, seigneur de Brée, pour la somme de 800 écus d'or. À son décès, en vertu d'une donation entre vifs de leurs meubles et acquêts, suivant la disposition des coutumes des lieux, cet hôtel échut à son frère Louis de Laval-Châtillon.
  31. Le chapelain de Saint-Julien de Laval note la présence du maréchal et de ses gens à l'office de Saint-Julien à la vigile de sa fête, , dans la chapelle de l'hôpital.
  32. : Et le vingt neuf viesme jour
    De décembre, sans nul séjour,
    Mourut sire André de Laval
    De France le bon mareschal,
    Qui tant fut moult vaillant et preux
    A la guerre et chevallereux,
    Tant amé du Roy et des princes
    Mais moult craint par toutes provinces.
    Saige estoit et bon conducteur
    De tous gens d'armes, sans faveur
    Avoir ne porter au royaulme ;
    Jamais ne tourna son heaulme
    Contre la couronne de France
    Mais a esté escu et lance…. Guillaume Le Doyen.
  33. E. L. Couanier de Launay, Histoire de Laval, 1894, Laval, p. 186.
  34. Annales et Chroniques… de Guillaume Le Doyen (Laval, in-8°), p. 337.
  35. Voir la miniature placée au bas de la première page du manuscrit français de la Bibliothèque nationale de France, numéro 7093.
  36. Armorial de France composé vers 1450 publié… par Vallet de Viriville (Paris, 1866, in-8°, p. 14).
  37. pagesperso-orange.fr/jean-claude.colrat.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

André de Montfort de Laval, seigneur de Lohéac, amiral de France (1411-1486).
Huile sur toile exposée dans la galerie des maréchaux de France, château de Versailles
(portrait imaginaire par Éloi Firmin Féron, 1835).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]