Alexandre Hangerli

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Alexandre Hangerli
Fonctions
Membre de la Filikí Etería (d)
Drogman de la Flotte (en)
Prince de Moldavie
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Αλέξανδρος ΧαντζερήςVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
George Handjeri (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Smaragda (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Smaragda Kallimachis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Télémaque Hangerli (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Œuvres principales
Dictionnaire, français, arabe, persan et turc (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Alexandre Hanguerli, en roumain Alexandru Hangherli, en grec Alexandros Haggerlí (Αλεξάνδρος Χαγγέρλι), en turc Iskander Hangerlı parfois transcrit Handjery, né à Constantinople en 1768 et mort à Moscou le , est un prince Phanariote qui, après avoir été au service de l’Empire ottoman, est devenu Hospodar de Moldavie en 1807. La monarchie était élective dans les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie. Le souverain (voïvode, hospodar ou domnitor selon les époques et les sources) était élu par (et souvent parmi) les boyards, puis agréé par les Ottomans : pour être nommé, régner et se maintenir, il s’appuyait sur les partis de boyards et fréquemment sur les puissances voisines, habsbourgeoise, russe et surtout turque, car jusqu’en 1859 les deux principautés étaient vassales et tributaires de la « Sublime Porte »[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Alexandru Hangerli est un fils de Gheorghe Hangerli ou Georgios Haggerli, un médecin de Constantinople, frère de Samuel Ier Hangerli qui fut patriarche de Constantinople. Ce dernier mit son influence en jeu pour favoriser la carrière de ses deux neveux Constantin et Alexandre, en les introduisant dans le milieu des familles phanariotes où ils contractèrent des unions prestigieuses.

Alexandre commence sa carrière en Valachie pendant le règne de son frère aîné qui le nomme Mare Ban (gouverneur) de Craiova en 1798. Malgré l’exécution en 1799 de Constantin Hangerli dénoncé à tort comme traître par le général ottoman Husein Küçük qui voulait ainsi masquer sa propre incompétence, il réussit à maintenir sa famille dans les milieux dirigeants.

Alexandre devient Drogman de la Flotte en 1805 avant d’être nommé prince de Moldavie du 7 mars au il devra se démettre en faveur de son neveu Scarlat Kallimachis mais il n’aura été qu’un prince titulaire n'ayant pas exercé de pouvoir effectif du fait de l’occupation russe pendant la guerre russo-turque de 1806-1812[2].

Dès les prémices de la révolution grecque, Alexandru Hangerli est alerté par l’ambassadeur de Russie à Constantinople des risques encourus par la communauté phanariote. Deux de ses frères, Démètre et Nicolas et son neveu Michel Hangerli Drogman de la Flotte de 1808 à 1811 seront exécutés à Constantinople en 1821 : Alexandru se réfugie avec sa famille à Odessa avant de s’établir à Moscou.

Alexandre Hangerli est également un orientaliste distingué. Il a publié en français à Moscou en 1841 un ouvrage en trois volumes intitulé « Dictionnaire français-arabe-persan et turc. Enrichi d'exemples en langue turque avec des variantes, et de beaucoup de mots d'arts et de sciences » qui demeurera une référence en ce domaine pendant tout le XIXe siècle.

Il meurt à Moscou en 1854.

Union et postérité[modifier | modifier le code]

Alexandre Hangerli avait épousé Smaragda Kallimachis une fille du prince Grégoire Kallimachis : ils eurent 6 enfants.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ernest Mézière Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Firmin Didot, Paris 1858, Tome 23 p. 290.
  • Alexandru Dimitrie Xenopol Histoire des Roumains de la Dacie trajane : Depuis les origines jusqu'à l'union des principautés. E Leroux Paris (1896)
  • Nicolas Iorga Histoire des Roumains et de la romanité orientale. (1920)
  • (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor Volume III (depuis 1606), Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1977.
  • Mihail Dimitri Sturdza, Dictionnaire historique et généalogique des grandes familles de Grèce, d'Albanie et de Constantinople, M.-D. Sturdza, Paris, chez l'auteur, 1983 (ASIN B0000EA1ET).
  • Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans, Éditions Christian, Paris, 1992. (ISBN 2-86496-054-0)
  • Joëlle Dalegre Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire Ottoman, L’Harmattan Paris (2002) (ISBN 2747521621).
  • Jean Nouzille La Moldavie, Histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler (2004), (ISBN 2-9520012-1-9).
  • Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin (2008).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le candidat au trône devait ensuite "amortir ses investissements" par sa part sur les taxes et impôts, verser en outre le tribut aux Ottomans, payer ses mercenaires et s'enrichir néanmoins. Pour cela, un règne d'un semestre au moins était nécessaire, mais la "concurrence" était rude, certains princes ne parvenaient pas à se maintenir assez longtemps sur le trône, et devaient ré-essayer. Cela explique le "jeu des chaises musicales" sur les trônes, la brièveté de beaucoup de règnes, les règnes interrompus et repris, et parfois les règnes à plusieurs (co-princes). Quant au gouvernement, il était assuré par les ministres et par le Sfat domnesc (conseil des boyards).
    Concernant le tribut aux Turcs, la vassalité des principautés roumaines envers l'Empire ottoman ne signifie pas, comme le montrent par erreur beaucoup de cartes historiques, qu'elles soient devenues des provinces turques et des pays musulmans. Seuls quelques petits territoires moldaves et valaques sont devenus ottomans : en 1422 la Dobrogée au sud des bouches du Danube, en 1484 la Bessarabie alors dénommée Boudjak, au nord des bouches du Danube (ce nom ne désignait alors que les rives du Danube et de la mer Noire), en 1538 les rayas de Brăila alors dénommée Ibrahil et de Tighina alors dénommée Bender, et en 1713 la raya de Hotin. Le reste des principautés de Valachie et Moldavie (y compris la Moldavie entre Dniestr et Prut qui sera appelée Bessarabie en 1812, lors de l'annexion russe) ont conservé leurs propres lois, leur religion orthodoxe, leurs boyards, princes, ministres, armées et autonomie politique (au point de se dresser plus d'une fois contre le Sultan ottoman). Les erreurs cartographiques et historiques sont dues à l'ignorance ou à des simplifications réductrices. Voir Gilles Veinstein et Mihnea Berindei : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
  2. La guerre russo-turque de 1806-1812 s'achèvera par le traité de Bucarest de 1812 entre l'Empire russe et l'Empire ottoman, qui inaugure une partition durable de la Moldavie, toujours divisée aujourd'hui. Selon les termes de ce traité, le Boudjak ottoman et la moitié orientale de la Moldavie, à l'est du Prut furent cédés à l'Empire Russe qui en fit sa province de Bessarabie (actuellement la République de Moldavie pour sa majeure partie), comprenant 45.630 km², avec 482.630 habitants, 5 citadelles (Hotin, Soroca, Orhei, Tighina et Cetatea-Alba), 4 ports (Reni, Izmaïl, Chilia et Cetatea-Alba), 17 villes și 695 villages, comme précisé dans les articles 4 et 5. L'habileté du négociateur du Tzar, l'émigré français Alexandre de Langeron, face au représentant ottoman, Démètre Mourousi, permit à la Russie de passer outre. Pour n'avoir pas su prévoir l'attaque de Napoléon contre la Russie et retarder les négociations jusque-là pour limiter les pertes ottomanes, Démètre Mourousi, lui aussi phanariote, finit décapité sur ordre du sultan Mahmoud II. Encore aujourd'hui, le 28 mai (date de la signature du traité) est un jour de deuil pour le mouvement unioniste moldo-roumain, à commémorer comme tel : voir [1], [2], [3] et [4].

Liens externes[modifier | modifier le code]