Abbaye Notre-Dame du Miroir

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Notre-Dame du Miroir
image de l'abbaye
Vue générale de l'édifice
Diocèse Archidiocèse de Lyon
puis Autun
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) XLVII (47)[1]
Fondation 1131
Dissolution 1612
Abbaye-mère Abbaye de Cîteaux
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
Coordonnées 46° 32′ 28″ N, 5° 18′ 32″ E[2].
Pays Drapeau de la France France
Province Duché de Bourgogne
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Saône-et-Loire
Commune Le Miroir
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Notre-Dame du Miroir
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Notre-Dame du Miroir
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Notre-Dame du Miroir

L’abbaye du Miroir, abbaye cistercienne, fut fondée en 1131 par Humbert seigneur de Coligny et de Chevreaux.

L'édification du Miroir[modifier | modifier le code]

Sur la route de Louhans, à quelque distance de Cuiseaux en Saône-et-Loire, se dressait l'abbaye du Miroir (nommée aussi "le Mirour" ou "le Mireur"[3]), un monastère d'hommes de l'ordre de Citeaux érigé en 1131[4]. Le premier fondateur de ce monastère, Humbert de Coligny, part, avec son fils Guerric en 1146, aux croisades à la suite de l'empereur Conrad III de Hohenstaufen[5]. À son retour Guerric reprend le rôle de son père pour la gardienneté de l'abbaye et est plusieurs fois médiateur dans des litiges entre celle-ci et des seigneurs locaux[6].

À la fin du XIIIe siècle les successeurs d'Humbert de Coligny tiennent en fief l'avouerie de l'abbaye de Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard[7].

Renaud de Cuisel est témoin[5] de la fondation de l'abbaye et des donations de Guillaume III de Bourgogne, comte de Mâcon[6]. Déjà dotée de la forêt de Bilium attenante par son fondateur[3], Ponce sire de Cuisel et d'Onoz lui ajoute un grand domaine situé à Étival[5]. De plus elle possède la terre et la forêt du Miroir ainsi que le vignoble de Montferrand (sur les terres de Gizia) avec le droit d'usage et de pâturage dans ses bois[8], la plus grande partie de Fléria, Villars-lez-Moreysia et quelques biens à Cousance[5], des rentes dans la saline de Salins qui avaient été données par Jean Ier de Chalon en 1243 ainsi que dans celle de Lons-le-Saunier obtenue en 1206 de Guillaume de Vienne et de Guy de Binant[7].

En 1219 meurt Scholastique, fille d'Henri Ier de Champagne et de Marie de France, épouse de Guillaume IV de Mâcon; elle est enterrée dans l'abbaye du Miroir où la rejoint quelques années plus tard son époux[9]. En 1313 décède Étienne Ier de Coligny et il est inhumé dans l'église de l'abbaye, ainsi que son parent Jacques Ier de Coligny, dit Jacquemard, en 1435[5]. Plusieurs membres de la Maison de Coligny sont enterrés dans l'abbaye du Miroir[10].

À Dijon l'abbaye possédait un hôtel nommé "le Miroir" et dans les anciens titres "hôtel du Mireur" ou "du Mireust"; il était situé dans l'ancienne rue saint-Jean à l'angle des rues Guillaume et des Gondrans (c'était plutôt une tour carrée percée au premier étage de grandes baies ogivales, crénelée et entourée de fossés[11],[12]). Le quartier était nommé le "coin du Miroir". Cet hôtel fut démoli en 1767[13],[12].

La querelle des dîmes[modifier | modifier le code]

Dès le début de son existence l'abbaye a des démêlés avec le prieuré de Gigny (situé à Cuiseaux), de l'ordre de Cluny, au sujet des dîmes que les moines de Gigny voulaient percevoir comme de coutume sur les moissons des terres de l'abbaye du Miroir ; celle-ci s'y oppose en vertu du privilège accordé par Innocent II à l'ordre de Citeaux ("Nous ordonnons que personne ne se permette de vous demander ou de recevoir de vous les dîmes des terres cultivées par vos mains ou par celles des pères de votre ordre, non plus que la dîme de vos bestiaux"[14]) et invoque la protection des seigneurs de la région et du pape[8]. Saint Bernard et Pierre le Vénérable (abbé de Cluny) s'occupent de trouver une solution à cette querelle[4], ils proposent que le Miroir reconnaisse que l'exemption de dîmes à Gigny n'est pas un droit mais une concession bénévole et que les religieux de Citeaux renoncent à bâtir d'autres abbayes sur les terres de Cluny[14]. Cette transaction ne satisfait pas les moines de Gigny qui pillent l'abbaye du Miroir et la détruisent en partie[4]. L'affaire prend des proportions importantes si bien que le pape Eugène III promulgue une bulle le pour mettre sous sa protection les biens de l'abbaye[3]. Son successeur, Anastase IV, doit trancher le différend et en 1155 Héraclius de Montboissier (archevêque de Lyon et Henri de Winchester, tous deux retirés depuis quelque temps à l'abbaye de Cluny, décident que l'abbaye du Miroir paierait une rente à celle de Gigny en remplacement des dîmes que cette dernière lui cède[8]. Cette décision est à l'origine d'un canon du concile général de Latran qui dispose que les moines de l'ordre de Citeaux paieraient les dîmes des terres qu'ils acquerraient lorsque ces terres y sont sujettes[8].

L'union avec l'abbaye de Cîteaux[modifier | modifier le code]

Après Jean de Ciry, dernier abbé régulier du Miroir en 1557, il y a encore trois abbés commendataires (Guillaume de Vautravers, Prosper de la Baume et Jean de Saint-Mauris) avant que Nicolas Boucherat, abbé général de Cîteaux, n'obtienne la réunion de l'abbaye du Miroir à la mense de la maison mère en 1610[3].

De l'église abbatiale à l'église paroissiale[modifier | modifier le code]

Les bâtiments claustraux sont rasés durant la Révolution.

Seule subsiste aujourd'hui, de l'abbaye, l'ancienne église abbatiale, devenue église paroissiale du Miroir.

L'une des curiosités de cette église est le siège abbatial qu'elle a conservé, du XVIe siècle, divisé en trois places, ponctué de larges accoudoirs moulurés et surmonté d'un dais chantourné de trois accolades flamboyantes en façade (classé MH le )[15].

Deux peintures murales, dans le chœur, ont été réalisées par Jean Tosi en 1952[16].

Architecture et description[modifier | modifier le code]

L’église prieurale a été amputée : la nef a perdu trois travées (elle n’en compte plus que deux désormais) ainsi que ses collatéraux. Une chapelle greffée sur le bras sud du transept a elle aussi disparu.

L’édifice actuel, dont l’aspect résulte de transformations effectuées aux XVIe et XVIIIe siècles, constitue cependant un témoignage historique.

L’église contient de nombreuses pierres tombales des fondateurs et de leurs descendants, sculptées à effigie gravée, du XIVe siècle :

  • Jacques de Rate, chevalier, 1328 ;
  • Simon de Pasquier, abbé du Miroir, 1348 ;
  • Pierre de Pasquier, chevalier, 1341.

Ont été classées au titre des Monuments historiques en 1910 celles de :

  • Guillaume de La Baume, en cotte d’arme, chevalier bienfaiteur de l’abbaye, 1360 ;
  • Guillaume de l’Aubespin, moine et portier, 1348 ;
  • Hugues Brun, curé de Cuisia et moine, 1347 ;
  • Hugues de Saint-Amour, moine en prière.

A la fenêtre axiale est visible un vitrail historié sorti de l'atelier de Lucien Bégule (1848-1935), maître-verrier lyonnais, daté de 1902, payé par souscription de l’abbé Gatet, avec l’aide de la fabrique. Ce vitrail représente, de bas en haut : 1. l’abbaye du Miroir en 1720 ; 2. l’église du Miroir en 1886 ; 3. l’abbé Robert et ses douze moines cisterciens au Miroir le 5 septembre 1131 ; 4. la Guérison du novice Hugues par saint Bernard au Miroir en 1138. L’ensemble est couronné par l’Immaculée Conception et la Vierge et l’Enfant.

Filiation et dépendances[modifier | modifier le code]

Notre-Dame du Miroir est fille de l'Abbaye de Cîteaux.

Liste des abbés[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Puthod, , 491 p. (lire en ligne), p. 113.
  2. « Miroir, le », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  3. a b c et d réunion des sociétés des beaux-arts
  4. a b et c Annales.
  5. a b c d et e Dictionnaire géographique, historique et statistique.
  6. a et b Histoire de Bresse et du Bugey.
  7. a et b esquisse des relations qui ont existé entre le comté de Bourgogne et l'Helvétie.
  8. a b c et d Histoire de Gigny.
  9. l'art de vérifier les dates
  10. Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France.
  11. Essais historiques et biographiques sur Dijon
  12. a et b journal de Gabriel Breunot
  13. description générale et particulière du duché de Bourgogne
  14. a et b Suger et son temps
  15. Mobilier d'église qui a été restauré en 1999. Source : notice d'André Strasberg et Michaël Vottero consacrée au siège abbatial de l'église Notre-Dame de l'Assomption du Miroir, publiée dans Du calice à la locomotive : objets de Saône-et-Loire, Éditions Lieux Dits, Lyon, 2021 (ISBN 9782362191862).
  16. Agnès Gonnot, « Église Notre-Dame de l'Assomption au Miroir », Saint-Philibert en Tournugeois (magazine de la communauté catholique de Tournus), n° 223, décembre 2021 (page 6).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Annales, p. 166, Académie de Mâcon, Société des arts, sciences, belles-lettres et agriculture de Saône-et-Loire, 1858. books.google.fr
  • Claude Courtépée, Edme Béguillet, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, p. 148, édition L.N. Frantin, 1777. books.google.fr
  • Alphonse Rousset, Moreau, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, p. 60, 110, 170, 312, 332 et 333, Édition Bintot, 1854. books.google.fr
  • Charles Duvernoy, Esquisse des relations qui ont existé entre le comté de Bourgogne et l'Helvétie, dès le XIe au XVIIe siècle, p. 55, 65, 1841. books.google.fr
  • Claude-Xavier Girault, Essais historiques et biographiques sur Dijon, p. 322, Imprimerie V. Lagier, 1814. books.google.fr
  • Pierre-François Gacon, Agricole-Charles-Nestor de Lateyssonnière, Histoire de Bresse et du Bugey, à laquelle on a réuni celle du pays de Gex, du Franc-Lyonnais et de la Dombe, p. 87, Imprimerie de P.F. Bottier, 1825. books.google.fr
  • Bernard Gaspard, Histoire de Gigny…de sa noble et royale abbaye, et de saint Taurin, son patron, p. 41-50, 439, 1843. books.google.fr
  • A. de Sainte-Marie, H.C. du Fourny, A. de Sainte-Rosalie, Simplicien, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, p. 144-151, Compagnie des libraires associés, 1733. books.google.fr
  • Bénigne Pépin, Journal de Gabriel Breunot. Précédé du livre de souvenance de Pépin, p. 261, 1864. books.google.fr
  • L'art de vérifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monuments, depuis la naissance de Notre-Seigneur…, Imprimerie Moreau, 1818, page 10. books.google.fr
  • Roch de Coligny, Pierre tombales et sépultures en l'abbaye du Miroir (même éditeur)
  • Roch de Coligny, Recueil des chartes de l'abbaye du Miroir (1131-1300) (Axor-Danaé éditeur).
  • Jean Martin, Église de l'ancienne abbaye du Miroir, p. 78-81, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction, 1911 (lire en ligne)
  • Alfred Nettement, Suger et son temps, p. 96-101, Édition Lecoffre, 1867. books.google.fr
  • Lucien Taupenot, Moines noirs contre moines blancs au Miroir en 1150, revue « Images de Saône-et-Loire » no 114 de , p. 18-19.
  • Robert Michelin, Une abbaye cistercienne en Bresse bourguignonne : Notre-Dame du Miroir, 11e fille directe de Cîteaux, revue « Images de Saône-et-Loire », no 196, , p. 14-17.