6e régiment de tirailleurs marocains

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6e régiment de tirailleurs marocains
Image illustrative de l’article 6e régiment de tirailleurs marocains
Insigne régimentaire du 6e régiment de tirailleurs marocains.

Création 1920
Dissolution 1963
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type régiment de tirailleurs
Rôle Infanterie
Garnison Montélimar 1928, Casablanca et Port-Lyautey 1946, Villingen 1960 à 1963.
Devise « Sans peur et sans repos »
Inscriptions
sur l’emblème
Maroc 1922–1926
Levant 1926-1927
Garigliano 1944
Haut du Faing 1944
Forêt-Noire 1945
Indochine 1947-1954
Guerres Guerre du Rif
Guerre de Syrie
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Fourragères Aux couleurs du ruban de la croix de guerre des TOE et celle aux couleurs du ruban de la croix de Guerre 1914-1918 avec olive aux couleurs du ruban de la croix de guerre 1939-1945.
Décorations Croix de guerre 1939-1945
2 palmes
Croix de Guerre TOE
3 palmes
Mérite Chérifien

Le 6e régiment de tirailleurs marocains (6e RTM) est un régiment d'infanterie de l'armée de terre française, formé de combattants recrutés au Maroc.

Il combat dans les années 1920 dans le Rif et en Syrie. Stationné en métropole à partir de 1928, il y disparaît en juin 1940 au début de la Seconde Guerre mondiale. Recréé dès la fin 1940, il participe à la reconquête alliée de l'Europe dans l'Armée française de la Libération. Revenu au Maroc en 1945, il envoie des bataillons de marche en Indochine. Dissous en 1956, il est brièvement recréé de 1960 à 1963 en Allemagne.

Création et différentes dénominations[modifier | modifier le code]

  • [1921 : formation du 66e régiment de tirailleurs marocains
  • 1929 : renumérotation en 6e régiment de tirailleurs marocains
  • 1940 : dissolution en juin, re-formation en octobre-novembre
  • 1956 : dissolution
  • 1960 : re-formation
  • 1963 : conversion en 19e groupe de chasseurs portés

Chefs de corps[modifier | modifier le code]

  • -  : colonel Théodore Pellegrin
  • -  : colonel Lucien Callais
  • -  : colonel Joseph Vincent
  • -  : colonel Jean-Louis Vichier-Guerre
  • -  : colonel Henri Bodard
  • -  : colonel Pierre Tarrit
  • -  : colonel Louis Koelz[1]
  • -  : colonel Marcel François
  • -  : lieutenant-colonel Eugène Marioge
  • -  : lieutenant-colonel Henri Joppé[2]
  • -  : lieutenant-colonel Lévêque
  • -  : colonel Charles Louchet
  • -  : lieutenant-colonel Alexandre Le Balle
  • -  : colonel Paul Bondis[3]
  • -  : colonel Paul Cherrière (blessé 14/3/1944)[4]
  • -  : colonel Frédéric Eberlé (par intérim)
  • -  : colonel Raymond Bailiff[5]
  • -  : colonel Edmond Le Parco
  • -  : lieutenant-colonel Paul Guérin
  • -  : colonel Raymond Pedron
  • -  : colonel Pierre Soleilhavoup
  • -  : colonel Lucien Pons
  • -  : colonel René du Plessis de Grenedan
  • -  : colonel Laurent Latourrette[6]
  • -  : colonel Jean-Louis Imbart[7]
  • -  : colonel Maurice Guérin[8]

Historique des garnisons, combats et batailles du 6e RTM[modifier | modifier le code]

Entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Formé à Marrakech et à Casablanca, à partir des 61e et 62e régiment de tirailleurs marocains[réf. souhaitée], le 66e RTM part en Rhénanie dès sa mise sur pied achevée le . Après 21 mois d'occupation, il rentre au Maroc[9] .

Très marqué par son colonel, le 66e RTM d'alors est la colonne Callais. Il est engagé au Maroc (1923-1926) contre les Rifains[10] et en Syrie (août 1926-avril 1927) contre les Druzes. Il stationne au Maroc d'avril à septembre 1927[9].

Muletiers du 6e RTM en manœuvres à Modane le .

Muté en métropole en fin 1927[9], le 66e RTM rejoint en 1928 la 2e brigade de la nouvelle 1re division d'infanterie nord-africaine, placée en réserve derrière les Alpes. L'état-major (EM) et le 1er bataillon (I/6e RTM) sont à Romans-sur-Isère, le 2e bataillon (II/6e RTM) à Valence et le 3e bataillon à Privas. En septembre, l'EM et le I/6e RTM partent en garnison à Montélimar. Le 66e RTM devient 6e RTM en janvier 1929[11].

Le 6e RTM crée une section d'éclaireurs-skieurs par bataillon, stationnées l'hiver dans les Alpes, au Fort l'Écluse, à Lanslebourg, au col de Granon ou à Aiguilles selon les années[11].

En octobre 1933, le régiment rejoint un 4e bataillon, ex-II/1er RTM venu du Maroc. Ce bataillon part en garnison à Embrun. En mai 1934, le II/6e RTM devient le III/5e RTM, tandis que le III/5e RTM devient le II/6e RTM, caserné à Belley. Le régiment perd son 4e bataillon qui rejoint en juin 1935 le 3e RTM à Saint-Dié-des-Vosges[11].

En octobre 1935, le 6e RTM part pour Verdun, où il est rattaché à la 2e division d'infanterie nord-africaine. Il effectue des travaux sur la frontière à Sedan et à Montmédy[11].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Le 6e RTM est un beau régiment bien encadré, bien entraîné, qui prend part aux escarmouches de la Sarre où de nombreux tirailleurs sont estropiés par les mines et pièges.

En , affecté à la 5e division d'infanterie nord-africaine, le 6e RTM est en travers de l'offensive allemande. Les tirailleurs se battent en Belgique et en France. Des seize officiers du 2e bataillon, six sont tués, six sont blessés et les quatre autres faits prisonniers. Le régiment perd douze officiers, quinze sous-officiers et 58 caporaux-chefs, caporaux ou tirailleurs français tués[12].

Le 6e RTM est dissous après l'armistice du 22 juin 1940.

À compter d'octobre-, le 6e RTM est recréé à Marrakech à partir d'éléments rescapés du 6e RTM et d'évadés qui ont rejoint le Maroc. Il participe avec modération au baroud d'honneur contre les Américains (8-).

Le 6e RTM est intégré à la 4e division marocaine de montagne du général Sevez qui part avec le corps expéditionnaire français en Italie.

Monument a Cornimont (88)
Plaque à Cornimont : « Du 16 au 28 octobre 1944 le 6e régiment de tirailleurs marocains combattit héroïquement sur le Haut-du-Faing pour la defense de Cornimont. »

Le 6e RTM participe à la campagne d'Italie (-)[13] : 287 tués dont 15 officiers, 1148 blessés dont 27 officiers, plus 101 disparus.

Dans les rangs de la 1re armée (France 1944-1945), le 6e RTM participe à la campagne de Libération (-). Au seul combat du Haut du Faing (15-), 127 sont tués dont huit officiers, 764 blessés dont treize officiers (et 103 pieds gelés), 24 disparus.

Enfin, le 6e RTM entre en Allemagne, du Rhin au Danube et à l'Arlberg (-).

Du au , onze officiers, 25 sous-officiers, 44 caporaux-chefs, caporaux et tirailleurs français auront été tués.

De 1946 à nos jours[modifier | modifier le code]

Le , le 6e RTM est dissous. Le 3e bataillon passe au 2e RTM. Les deux autres forment corps jusqu'au , le 1er à Port Lyautey (Kénitra), le 2e à Casablanca.

Indochine

Le , le 6e RTM est reformé. De 1947 à 1955, il fournit un bataillon de marche (BM) engagé en Indochine contre le Việt Minh.

  • III/6e RTM ou 1er BM/6e RTM (1947-1949) : cette unité perd 160 tués et 291 blessés[14].
  • 1re relève : 2e BM/6e RTM (-).
  • 2e relève : 2e BM/6e RTM (-).
  • 3e relève : 2e BM/6e RTM (-).

Du au , 2500 hommes passent par le 2e BM qui perd 209 morts dont sept officiers et 29 sous-officiers. 889 blessés dont 26 officiers et 45 sous-officiers. Portés disparus, quatre officiers, quinze sous-officiers et 161 hommes de troupe.

Maroc

Le régiment joue un rôle mineur dans la répression des troubles du Maroc (fin 1952 - ). Sans états d'âme, les chibanis tirent sur les émeutiers, mais ils sont vite relevés.

Le , le 6e RTM est dissous. En , l'indépendance du protectorat est proclamée. Les cadres et appelés français sont envoyés au 1er Régiment de Marche du Maroc qui deviendra 1er Régiment de Zouaves

Forces françaises en Allemagne

Le 6e RTM est reformé le à Villingen (Bade-Wurtemberg), à partir des 2e et 3e bataillons du 4e RTM

En 1963, les tirailleurs et gradés marocains retournent au 4e RTM tandis que le 6e RTM est converti en bataillon de chasseurs[15].

Les traditions du 6e RTM sont aujourd'hui conservées par la 2e section de la 1re compagnie du 1er Régiment de Tirailleurs.

Drapeau du régiment[modifier | modifier le code]

Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes [16]:

Décorations[modifier | modifier le code]

Citations collectives[modifier | modifier le code]

« Magnifique Régiment de Tirailleurs Marocains, toujours égal à soi-même, ardent et manœuvrier, animé du plus bel esprit de sacrifice. A, sous le commandement du colonel CHERRIERE, joué sur le front d'Italie, dans la bataille de rupture engagée le , un rôle prépondérant; attaquant entre l'Ornito et le Feuci, a, en 36 heures, bousculé et rompu les résistances ennemies, malgré de nombreuses contre-attaques de front et de flanc, lui coûtant des pertes sévères, puis a poussé à travers le dispositif adverse une pointe profonde qui, par le développement de la manœuvre a permis les succès ultérieurs de notre Armée. Au cours de ces combats couronnés le 13 par la conquête du col de Crisano, a causé à l'ennemi des pertes très lourdes, lui capturant plus de 300 prisonniers dont 9 officiers et un matériel de guerre important. Intégré du 19 au dans un Groupement opérant a l'aile du Corps de Montagne, a, dans la période d'exploitation et de poursuite, surmonté toutes les résistances rencontrées, participant notamment avec ses éléments le a l'enlèvement du village de Lenola s'emparant ensuite de haute lutte des massifs du Petrella et du Vona, des cimes del Nibbio et del Piglioro, conquérant en une seule journée les 10 kilomètres de crêtes jalonnées par les monts Campo di Lupino et Siserno, puis le col de la Palombara, ajoutant a son tableau initial près de 150 nouveaux prisonniers, un grand nombre d'armes automatiques et de canons. »

— 1re citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 6e régiment de tirailleurs marocains (6e RTM) après la bataille du Garigliano en Italie en mai 1944, Ordre général n° 130, 22 juillet 1944. général Juin

« Magnifique régiment de tirailleurs qui, sous les ordres du colonel BAILLIF, vient de se couvrir d'une gloire nouvelle, au cours de la bataille de la Haute-Alsace. Après avoir mené de durs combats dans les Vosges, au Haut du Faing, le , ou il a enlevé d'un seul élan cette position organisée de longue date et s'y est maintenu en dépit de contre-attaques renouvelées, menées jusqu'au corps à corps et appuyées par des feux très puissants d'artillerie et de mortiers. Le 6e RTM, momentanément rattaché à la 1re division blindée, a participé, du 20 au , a la délivrance de Mulhouse, puis dans le cadre de la 4e division de montagne jusqu'au , assuré la conservation de cette ville malgré les attaques ennemies. Du 20 au , le 1er bataillon (commandé par le capitaine LORENZI), conquiert de haute lutte Uberstrass, Largitzen et Friesen, que l'infanterie allemande défendait en contre-attaquant avec l'appui de 7 chars Tigre Royal dont quatre ont été mis hors de combat. Pendant la même période, le 2e bataillon (commandé par le capitaine COTHIAS) arrive aux portes de Mulhouse, nettoie la ville et pousse la 5e compagnie jusqu'au Rhin à Kembs. Du 20 au , le 3e bataillon (commandé par le commandant DIEBOLD) dégage dans la région de Suarce et de Lepuix Delle la ligne de communication sérieusement menacée de la 1re division blindée et, ramené à Mulhouse, conquiert Heimsbrunn et Pont d'Anspach. Regroupé sous les ordres de son colonel à Mulhouse, maintient à Lutterbach notre unique tête de pont au nord de la Doller, en repoussant les assauts furieux de l'ennemi et en contre-attaquant brillamment les 1er et . A perdu au cours de cette période du au , 22 officiers et 767 de ses tirailleurs. A largement vengé ses morts, en infligeant à l'ennemi des pertes sévères et en lui capturant 510 prisonniers dont 10 officiers. »

— 2e citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 6e régiment de tirailleurs marocains (6e RTM) après la campagne de France en Alsace en novembre 1944, Ordre général n° 704, 22 mai 1945. Charles de Gaulle

Insigne du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains[modifier | modifier le code]

Rondache verte aux inscriptions arabes signifiant « sans peur et sans repos » brochée d’une étoile à six branches, chargée chiffre et des lettres 6 sur T et M au centre[11].

Devise du 6e Régiment de Tirailleurs Marocains[modifier | modifier le code]

« Sans peur et sans repos »[11]

Anciens[modifier | modifier le code]

médecin Capitaine, Officier de la Légion d'honneur.

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Service Historique de la Défense (dossier 6e RTM 34 AN 303)
  • Pierre Carles et Georges Leconte, 6e régiment de tirailleurs marocains. Chronique d'un régiment marocain (1921-1963), Amicale des anciens du 6e RTM, 1999
  • Monique Danjou, Le 6e RTM au Tonkin 1947-1949. Témoignages. Souvenirs du général Vanuxem recueillis par Monique Danjou-Vanuxem, Muller édition, Paris, 2008 (ISBN 978-2-904255-73-1)
  • Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique. 1830-1962, éd. Albin Michel, Paris, 1994
  • Robert Huré, L'Armée d'Afrique : 1830-1962, éd. Charles-Lavauzelle, Paris, 1977
  • Maréchal de Lattre de Tassigny, Histoire de la 1re Armée française, Presse-Pocket, 1964 (pp 255–255)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Colonel Koelz : adjoint de Koenig commandant les forces françaises en Allemagne, il représentera la France au Conseil Interallié de Berlin (1945-6).
  2. Colonel Joppe : futur chef de corps du 5e RTM en Italie (1944).
  3. Colonel Bondis : futur commandant l'infanterie de la 4e division marocaine de montage, général commandant de l'ESM-St Cyr puis commandant les forces françaises au Sud-Vietnam.
  4. Colonel Cherrière : futur général commandant les forces françaises en Algérie (1955).
  5. Colonel Bailiff : futur général de corps d'armée et premier président national de Rhin et Danube.
  6. (1904-1990) Saint-cyrien de la promotion du Rif.
  7. (19011-1970) Saint-cyrien de la promotion Mangin. Nommé général en 1966. Mort pour la France des suites de blessures reçues en Algérie.
  8. La liste des chefs de corps est due à Pierre Carles et Georges Leconte, 6e régiment de tirailleurs marocains. Chronique d'un régiment marocain (1921-1963), Amicale des anciens du 6e RTM.
  9. a b et c « Les tirailleurs marocains 1914 - 1945 », Historama, no HS 10 « Les Africains 1830-1960 »,‎
  10. En 1926 seulement, le régiment perd 26 tués (4 officiers français et 1 marocain, 9 sous-officiers français et 1 marocain, 3 caporaux et tirailleurs français et 41 marocains) et 114 blessés (5 officiers français, 3 sous-officiers français et 15 marocains, 4 caporaux et tirailleurs français et 87 marocains).
  11. a b c d e et f Jacques Sicard, « Les tirailleurs et spahis nord-africains dans les Alpes et leurs insignes », Militaria Magazine, no 119,‎ , p. 46-51
  12. L'historique du régiment ne cite pas le chiffre des pertes de 1939-40 parmi les Marocains. Il ne mentionne pas non plus le nombre des mutilés, des blessés, des disparus et des prisonniers, français ou marocains.
  13. Jean Ciaux et Alphonse Juin, De Naples aux abords de Florence avec le sixième tirailleurs marocains, Paris, J. Ciaux, , 226 photographies (SUDOC 251765296)
  14. Le 1er BM est commandé par Paul Vanuxem
  15. Pierre Carles et Georges Leconte, 6e régiment de tirailleurs marocains. Chronique d'un régiment marocain (1921-1963), Amicale des anciens du 6e RTM
  16. Décision n°12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, n°27, 9 novembre 2007
  17. décision n° 120 du 3 novembre 1944 - décision n° 704 du 14 mai 1945

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]