Nephilingis borbonica

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Nephilingis borbonica est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae[1].

Distribution[modifier | modifier le code]

Cette espèce est endémique de La Réunion[1],[2],[3].

Cette espèce a longtemps été confondue avec Nephilingis livida de Madagascar et des Comores et Nephilingis dodo de l'île Maurice[2].

Habitat[modifier | modifier le code]

Nephilengis borbonica est très répandue dans l'île où elle peut être observée depuis la côte, jusqu'aux cirques montagnards de Cilaos et Salazie, élevés et plus froids. Espèce troglophile, elle s'y rencontre dans des habitats relativement sombres et humides (70 à 95 %)[4], aussi bien forestiers qu'agricoles ou faisant partie de constructions humaines, surtout le long de gros rochers en surplomb (espèce saxicole), de troncs ou même dans des édifices.

Description[modifier | modifier le code]

Nephilengis borbonica, femelle adulte,vue dorsale
Nephilengis borbonica, femelle sub-adulte, vue dorsale.
Nephilengis borbonica, femelle adulte, vue dorsale.
Nephilengis borbonica, femelle adulte, vue dorsale.
Nephilengis borbonica, femelle dans sa toile.
Nephilengis borbonica, femelle dans sa toile. Autre vue.

Le mâle décrit par Kuntner et Agnarsson en 2011 mesure 3,8 mm et la femelle 21,8 mm[2].

L'espèce présente un dimorphisme sexuel : la femelle est sensiblement plus grosse que le mâle, elle est bien reconnaissable à son abdomen ovoïde, anguleux chez l'immature, d'une "belle couleur rouge, grenat foncé, carmélite quelquefois, le plus souvent rouge-brun, luisant, plein et vernissé comme une cerise" chez les femelles gravides (coloration ontogénétique et aposématique)[5].

Comportement[modifier | modifier le code]

La femelle édifie une toile composite. Elle associe une retraite et une toile orbiculaire incomplète. La première, constituée de soie ajourée, est un entonnoir ou un cône tronqué à disposition verticale, incluant parfois des débris végétaux, largement ouvert vers le bas sous la traction de fils tenseurs. L'orbe rappelle un éventail allongé et en partie replié, s'étendant presque verticalement, parallèle à la surface du substrat (tronc, rocher, poutre) et légèrement incurvé transversalement. L'orbe est fixée par son sommet sur le pourtour de l'ouverture de le retraite et aux supports ambiants par d'autres fils tenseurs. Les radii (rayons) sont peu nombreux (8 à 10) contrairement aux tours de spire (jusqu'à 90).

La femelle se tient en général dans la retraite, où elle peut cohabiter avec un mâle pygmée et parfois même des Argyrodes kleptoparasites provenant de l'orbe. Plus rarement, elle se tient à l'extérieur sur cette dernière, extrémité céphalique vers le bas et montrant alors sa face ventrale tachetée.

Les mâles de cette espèce sont de petite taille et vivent en commensaux sur les toiles des femelles[4].

Systématique et taxinomie[modifier | modifier le code]

Cette espèce a été décrite sous le protonyme Epeira borbonica par Vinson en 1863. Elle est considérée comme une sous-espèce de Nephilengys cruentata par Dahl en 1912[6]. Elle est élevée au rang d'espèce par Benoit en 1963[7]. Elle est placée dans le genre Nephilingis par Kuntner, Arnedo, Trontelj, Lokovsek et Agnarsson en 2013[8].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Son nom d'espèce lui a été donné en référence au lieu de sa découverte, l'île Bourbon.

Elle est dénommée bibe rouge (bibe est une déformation du malgache biby qui désigne un animal, les bibes à la Réunion faisant référence à toutes les araignées qui tissent une grande toile)[4].

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • Vinson, 1863 : Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar. Paris, p. 1-337.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b World Spider Catalog (WSC). Musée d'histoire naturelle de Berne, en ligne sur http://wsc.nmbe.ch. doi: 10.24436/2, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. a b et c Kuntner & Agnarsson, 2011 : « Biogeography and diversification of hermit spiders on Indian Ocean islands (Nephilidae: Nephilengys). » Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 59, p. 477–488 (texte intégral).
  3. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  4. a b et c Casquet, 2012 : Hasard, déterminisme et édification des communautés écologiques insulaires : le cas des araignées d'Hawaï et des îles de l'Océan Indien. Thèse de doctorat de l'université de Toulouse, p. 1-290 (texte intégral [PDF]).
  5. Vinson, 1863 : Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar. Paris, p. 1-337.
  6. Dahl, 1912 : « Seidenspinne und Spinneseide. » Mitteilungen aus dem Zoologischen Museum in Berlinvol. 6, no 1, p. 1-90.
  7. Benoit, 1963 : « Araneidae-Nephilinae africains du Zoologisches Staatsinstitut und Zoologisches Museum Hamburg (Araneae). » Entomologische Mitteilungen aus dem Zoologischen Staatsinstitut und Zoologischen Museum Hamburg, vol. 2, p. 367-372.
  8. Kuntner, Arnedo, Trontelj, Lokovsek & Agnarsson, 2013 : « A molecular phylogeny of nephilid spiders: evolutionary history of a model lineage. » Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 69, p. 961-979.