Loprazolam

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loprazolam
Image illustrative de l’article Loprazolam
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Identification
No CAS 61197-73-7
No ECHA 100.293.781
Propriétés chimiques
Formule C23H21ClN6O3  [Isomères]
Masse molaire[1] 464,904 ± 0,024 g/mol
C 59,42 %, H 4,55 %, Cl 7,63 %, N 18,08 %, O 10,32 %,
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 80 %
Liaison protéique 80 %
Demi-vie de distrib.

≈ 1,5 heure à 3 heures

Demi-vie d’élim. 8 heures
Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique hypnotiques et sédatifs de la famille des benzodiazépines
Voie d’administration orale, intranasale, intraveineuse
Grossesse Déconseillé
Conduite automobile Formellement déconseillée
Antidote flumazénil
Caractère psychotrope
Catégorie hypno-sédatif • dépresseur du SNC
Autres dénominations

Havlane

Risque de dépendance Élevé

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le loprazolam (nom commerciaux: Havlane en France, Dormonoct en Belgique) est une molécule dérivée de la famille des benzodiazépines, et comme tous les membres de cette famille, possède des propriétés myorelaxantes, anxiolytiques, hypno-sédatives. Elle est utilisée comme traitement à court terme d'insomnie sévère.

Il est proche structurellement du clonazolam, dont ils se différencie par la présence d'une pipérazine rattachée à son imidazole, ce qui le rend beaucoup moins lipophile.

Introduit sur le marché durant les années 1980[2], le loprazolam n'est pas produit aujourd'hui comme médicament générique et est fabriqué par le groupe Sanofi. En 2017, 2 millions de boîtes de Havlane ont été vendues en France, il est le quatrième hypnotique le plus prescrit[3].

Pharmacocinétique[modifier | modifier le code]

Boite de Havlane (Loprazolam)

La puissance du loprazolam est équivalente à celle du lormétazépam. Mais le loprazolam, qui est moins lipophile, a un délai d'action plus long et plus progressif que le lormétazépam : pic d'absorption (Tmax) de 3 heures et demie en moyenne pour le couple loprazolam / métabolite actif pipérazine N-oxyde[4] (autre source https://www.medicines.org.uk/emc/product/4192/smpc), contre moins de 1,5h[5],[6] pour le lormétazépam.

Les deux produits sont utilisés pour garantir la sédation durant une nuit entière, et leur consommation à des doses de 2 mg comporte un risque de sédation résiduelle le lendemain matin[7]. L'élimination plutôt rapide du loprazolam (demi-vie de 8h[8],[9],[10]) et la faible activité de son métabolite actif (une pipérazine ne représentant que 18% de ses métabolites totaux[11]) permettent néanmoins de limiter son accumulation en cas d'usage quotidien, comparé à d'autres produits éliminés plus lentement tels le nitrazépam et l'estazolam.

Le zolpidem et le zopiclone lui sont parfois préférés par les médecins pour leur action plus rapide et plus courte.

Pharmacologie[modifier | modifier le code]

Tout comme les nombreux produits apparentés, le loprazolam influence l'action du GABA en renforçant l'activité des récepteurs GABA-A-alpha[12], activés de manière naturelle par le corps. On parle alors d'un modulateur allostérique positif. Contrairement au barbital, ce produit n'est pas un agoniste de ces récepteurs et ne fait que renforcer leur activité lors de leur activation naturelle[13] (ou bien par le fait d'un autre agoniste, comme l'alcool) ce qui limite quelque peu les risques de surdosage.

Effets secondaires[modifier | modifier le code]

Les effets indésirables à déplorer sont les mêmes que pour les autres produits de sa classe, avec notamment une certaine somnolence, ainsi que des pertes de mémoire (affectant surtout la mémoire épisodique et la mémoire sémantique)[14]. Les risques de rencontrer ces complications varient de façon notoire en fonction des doses. Ce produit étant particulièrement lent à l'absorption[15], l'impact potentiel sur la mémoire est quelque peu réduit, notamment chez l'utilisateur novice.

S'il est utilisé sur le long terme et a fortiori en grandes quantités, il peut mener à une tolérance et une dépendance non négligeable. Au dosage d'1 mg auquel il est prescrit et conditionné, il n'entraîne cependant pas de tolérance significative sur le long terme[8] et il conserve ainsi son potentiel hypnotique durablement.

Une étude récente a mis en exergue le rôle possible de certaines benzodiazépines dans le développement de la maladie d'Alzheimer[16]. Toutefois, leur rôle dans l'apparition de ces symptômes est contredit par des études contradictoires[17]. Davantage de recherche est nécessaire pour s'exprimer avec aplomb sur le rôle de ces médicaments vis-à-vis des cas de démence ou de certains cancers[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. M. R. Salkind et T. Silverstone, « The clinical and psychometric evaluation of a new hypnotic drug, loprazolam, in general practice », Current Medical Research and Opinion, vol. 8, no 5,‎ , p. 368–374 (ISSN 0300-7995, PMID 6340977, DOI 10.1185/03007998309112399, lire en ligne, consulté le )
  3. ANSM, « Etat des lieux 2017 »
  4. (en) Harald Schütz, Benzodiazepines II : A Handbook. Basic Data, Analytical Methods, Pharmacokinetics, and Comprehensive Literature, Springer Science & Business Media, , 623 p. (ISBN 978-3-642-74031-2, lire en ligne)
  5. « LORAMET® 0,5 mg capsule; LORAMET® 1 mg capsule; LORAMET® 2 mg capsule », sur home.intekom.com (consulté le )
  6. « CBIP », sur CBIP (consulté le )
  7. R. Elie, G. Caillé, F. A. Levasseur et J. Gareau, « Comparative hypnotic activity of single doses of loprazolam, flurazepam, and placebo », Journal of Clinical Pharmacology, vol. 23, no 1,‎ , p. 32–36 (ISSN 0091-2700, PMID 6132929, DOI 10.1002/j.1552-4604.1983.tb02701.x, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b B. G. Clark, S. G. Jue, G. W. Dawson et A. Ward, « Loprazolam. A preliminary review of its pharmacodynamic and pharmacokinetic properties and therapeutic efficacy in insomnia », Drugs, vol. 31, no 6,‎ , p. 500–516 (ISSN 0012-6667, PMID 2874007, DOI 10.2165/00003495-198631060-00003, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Comparing benzodiazepines », sur www.mind.org.uk (consulté le )
  10. M. Pallarés, « [Loprazolam: a new imidazobenzodiazepine for the treatment of insomnia] », Actas Luso-Espanolas De Neurologia, Psiquiatria Y Ciencias Afines, vol. 17, no 1,‎ , p. 49–52 (ISSN 0300-5062, PMID 2566256, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Beverly G. Clark, Sandra G. Jue, Gary W. Dawson et Alan Ward, « Loprazolam », Drugs, vol. 31, no 6,‎ , p. 500–516 (ISSN 1179-1950, DOI 10.2165/00003495-198631060-00003, lire en ligne, consulté le )
  12. Tianze Cheng, Dominique Marie Wallace, Benjamin Ponteri et Mahir Tuli, « Valium without dependence? Individual GABAA receptor subtype contribution toward benzodiazepine addiction, tolerance, and therapeutic effects », Neuropsychiatric Disease and Treatment, vol. 14,‎ , p. 1351–1361 (ISSN 1176-6328, PMID 29872302, PMCID 5973310, DOI 10.2147/NDT.S164307, lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Wolfgang Löscher et Michael A. Rogawski, « How theories evolved concerning the mechanism of action of barbiturates », Epilepsia, vol. 53, no s8,‎ , p. 12–25 (ISSN 1528-1167, DOI 10.1111/epi.12025, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) T.ROTH, T.ROEHRS, R.WITTIG & F.ZORICK, « Benzodiazepines and memory »
  15. R. Jochemsen, P. A. van Rijn, T. G. Hazelzet et C. J. van Boxtel, « Comparative pharmacokinetics of midazolam and loprazolam in healthy subjects after oral administration », Biopharmaceutics & Drug Disposition, vol. 7, no 1,‎ , p. 53–61 (ISSN 0142-2782, PMID 2869795, DOI 10.1002/bdd.2510070108, lire en ligne, consulté le )
  16. (en-US) Beverly Merz, « Benzodiazepine use may raise risk of Alzheimer's disease », sur Harvard Health Blog, (consulté le )
  17. Carlota M. Grossi, Kathryn Richardson, Chris Fox et Ian Maidment, « Anticholinergic and benzodiazepine medication use and risk of incident dementia: a UK cohort study », BMC Geriatrics, vol. 19, no 1,‎ , p. 276 (ISSN 1471-2318, PMID 31638906, PMCID PMC6802337, DOI 10.1186/s12877-019-1280-2, lire en ligne, consulté le )
  18. Jaden Brandt et Christine Leong, « Benzodiazepines and Z-Drugs: An Updated Review of Major Adverse Outcomes Reported on in Epidemiologic Research », Drugs in R&D, vol. 17, no 4,‎ , p. 493–507 (ISSN 1174-5886, PMID 28865038, PMCID 5694420, DOI 10.1007/s40268-017-0207-7, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]