Euboulos (homme politique)

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Euboulos ou Eubule (en grec ancien Εὔβουλος /Euboulos) est un homme d'État athénien, ayant vécu entre 405 et 330 av. J.-C. ; il est le chef du parti pour la paix avec Philippe II et l'adversaire politique de Démosthène.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est originaire du dème de Probalinthos[1] et fils de Spintharos. Au lendemain de la défaite de la flotte athénienne à Embata en 356, Euboulos assura une politique tout à la fois défensive, visant à garantir le ravitaillement en grains d'Athènes, et pacifiste, en interdisant les expéditions guerrières aventureuses.

Il exerça une grande influence sur la politique de la cité de 355 à 346, avec l'appui des pauvres et des paysans, mais aussi des riches pour qui le coût de la guerre était devenu de plus en plus pesant en raison des triérarchies et des impôts extraordinaires sur le revenu, les eisphorai (εἰσφοραί). Il n'obtint cependant pas les honneurs traditionnels, ni pour sa politique défensive d'Athènes — il avait fait construire des arsenaux, et des trières, fait consolider les remparts, et renforcer la surveillance aux frontières —, ni après avoir soutenu l'effort de guerre par des réformes — entre autres un décret modifiant la distribution des finances publiques. C'est ainsi qu'en 356, au moment où l'empire athénien s'effondrait, Euboulos, président des préposés au théoricon, restaura l'équilibre financier d'Athènes : les revenus annuels, qui étaient tombés à 130 talents, remontèrent à 600 talents[2]. Les excédents furent versés non plus à la caisse des fonds militaires, le stratiôtikon, mais à celle des spectacles, le théôrikon. L'arrivée aux affaires d'hommes comme Euboulos coïncida aussi avec l'essor commercial du Pirée.

Euboulos assure son influence via une véritable caisse de propagande (le théorique), alimentée par les citoyens les plus riches. Il permettra de réaliser de véritables actions psychologiques de l'intérieur pour convaincre le peuple athénien lors des négociations pro-macédoniennes[3].

En 346, Euboulos fait partie, avec Philocrate et Eschine, du groupe envoyé en ambassade en Macédoine afin de négocier la paix avec Philippe II. Il fallut toute son énergie pour persuader ensuite le peuple athénien d'accepter la proposition de paix[4]. On ne sait plus rien d'Euboulos après la défaite des Grecs face aux Macédoniens à Chéronée en août 338.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Démosthène, Contre Nééra, 48 ; Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], Vie des dix orateurs, Vie d'Eschine, 840 c.
  2. Édouard Will, Claude Mossé et Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siècle et l'époque hellénistique, PUF, 1975, p. 49 et 143.
  3. Jacques Ellul, Histoire de la Propagande, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? », , 127 p., V. p. 16
  4. É. Will, C. Mossé, et P. Goukowsky, Le monde grec et l'Orient, Le IVe siècle et la période hellénistique, p. 52.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) G.-L. Cawkwell, « Eubulus », Journal of Hellenic Studies, vol. 83,‎ , p. 47-67 (lire en ligne Accès payant)
  • (de) Nicolai Futás, « Eubulos jenseits von Isokrates und Xenophon. Eine Neubewertung im Kontext fiskal- und gesellschaftspolitischer Umbrüche im spätklassischen Athen », Chiron, vol. 51,‎ , p. 277-323 (lire en ligne)
  • E. Hellinckx, « La fonction d'Eubule de Probalinthos », Fr. De Ruyt, M. Hofinger, M. Michaux (dir.) Recherches de Philologie et de Linguistique, vol. 2, Louvain, Éd. Bibliothèque de l'Université, coll. « Travaux de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université catholique de Louvain », 1968, p. 149 à 166.
  • (de) A. Motzki, Eubulos von Probalinthos und seine Finanzpolitik, Diss. Königsberg, 1903

Liens externes[modifier | modifier le code]