Deniz Naki

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Deniz Naki
Image illustrative de l’article Deniz Naki
Situation actuelle
Équipe SV. Kurdistan
Numéro 21
Biographie
Nationalité Allemand
Naissance (34 ans)
Düren (Allemagne)
Taille 1,76 m (5 9)
Période pro. 2007-
Poste Attaquant
Parcours junior
Années Club
- FC Düren 77
- FC Düren-Niederau
- Bayer Leverkusen
Parcours professionnel1
AnnéesClub 0M.0(B.)
2007-2009 Bayer Leverkusen 00 (0)
2009 Rot-Weiss Ahlen 11 (4)
2009-2012 FC St. Pauli 74 (12)[1]
2012-2013 SC Paderborn 07 23 (2)
2013-2014 Gençlerbirliği 0 (0)
2015-2019 Amed SK 0 (0)
Sélections en équipe nationale2
AnnéesÉquipe 0M.0(B.)
2007-2008 Allemagne -19 14 (9)
2008-2009 Allemagne -20 03 (1)
2009-2010 Allemagne espoirs 02 (1)
1 Compétitions officielles nationales et internationales.
2 Matchs officiels (amicaux validés par la FIFA compris).
Dernière mise à jour : 18 septembre 2023

Deniz Naki est un footballeur allemand d'origine kurde, né le à Düren au Allemagne. Il évolue comme attaquant. Après avoir évolué successivement en Allemagne et en Turquie, il a été suspendu à vie par la Fédération turque de football pour « discrimination et propagande idéologique »[2], à la suite de ses dénonciations répétées des persécutions à l'égard de la population kurde.

Biographie[modifier | modifier le code]

D'origine kurde et de confession alévi, la famille de Deniz vient de Dersim (Tunceli), une province connue comme étant un bastion de gauche[3] où les figures comme Che Guevara ou Ibrahim Kaypakkaya sont mises à l'honneur[4]. Il a d'ailleurs tatoué "Dersim 62" sur l'avant-bras droit, en hommage à ses racines. Le 62 étant le numéro d'immatriculation de la province[réf. nécessaire]. Ce sera aussi son numéro de maillot quand il rejoindra Amedspor en 2015.

Engagements[modifier | modifier le code]

Formé au Bayer Leverkusen, en 2009, il rejoint le FC Sankt Pauli, un club aux valeurs politiques de solidarité et d'antifascisme[5] qui sont plus en adéquation avec sa philosophie. En trois saisons et 71 matchs avec les Braun-Weiß, il marquera 12 buts, essentiellement en 2.Bundesliga. En 2013, Deniz Naki signe à Gençlerbirliği, un club de la capitale Ankara. Alors que la guerre en Syrie fait rage, durant la bataille de Kobanê, il affiche à plusieurs reprises son soutien aux combattants des YPG (les Unités de Protection du Peuple liées au PKK) qui résistent aux troupes de Daesh.

Soutien au Rojava[modifier | modifier le code]

Ces prises de position lui valent une première agression raciste à Ankara. Il décide de quitter la capitale où il ne se sent plus en sécurité[6]. Il se réfugie alors quelque temps en Allemagne et fait part à la presse de ses craintes: « Cette fois-ci, j’ai pu me défendre tout seul – ce n’était que des coups de poing – mais ça finira par être des coups de couteau ». Après avoir reçu des sollicitations de clubs allemands ou néerlandais[7], il revient finalement en Turquie en signant pour le club d'Amedspor, un club faisant l'objet de brimades de la part de la fédération turque[8], et considéré comme un porte-étendard de l'identité kurde[9]. Il rejoint Amedspor en août 2015[10] dans un contexte de regain de tension avec le régime turc, à la suite de l'attentat de Suruç, attribué à Daesh, qui fera 33 morts.

Épopée en Coupe de Turquie[modifier | modifier le code]

Quelques semaines après cet attentat, en représailles à des attaques ciblées du PKK[11], les forces spéciales turques vont lancer une offensive sanglante sur plusieurs villes à majorité kurde[12]. Comme à Cizre où plusieurs dizaines de personnes ont été massacrées par les escadrons de la mort[réf. nécessaire], ou encore dans le district de Sur, coeur historique et populaire de Diyarbakir, qui a subi 91 jours de siège[13].

Dans ce contexte de “sale guerre”[14], le parcours d’Amedspor en Coupe de Turquie est une vraie caisse de résonance de la résistance kurde. Le petit club de 3e division élimine tour à tour Elazigspor, club de 2e division, Başakşehir (vitrine sportive de l’AKP d’Erdoğan)[15], évoluant en Süper Lig, puis Bursaspor en 1/8e. Une victoire 2 à 1, en forme d'exploit, avec un but de Deniz Naki. Une épopée qui prendra fin en 1/4 de finale face à Fenerbahçe, après que la Fédération ait suspendu Amedspor d'un match à huis clos[16].

Face aux sanctions et aux condamnations[modifier | modifier le code]

Après la victoire face à Bursaspor, Deniz Naki soulignera sur les réseaux sociaux le poids politique de cette victoire, la dédiant sur les réseaux sociaux aux blessés et aux morts « qui ont perdu leur vies dans cette persécution qui dure depuis plus de 50 jours sur nos terres.» Ce qui lui vaudra d'être suspendu 12 matchs par la Fédération qui lui inflige en plus une amende de 19.500 Livres Turques[17]. Il est aussi inculpé par le parquet pour « propagande terroriste », avant d'être finalement acquitté[17]. En avril 2017, Deniz Naki est cette fois condamné à 18 mois de prison avec sursis pour « promotion de propagande terroriste » sur les réseaux sociaux[18].

En janvier 2018, quelques jours après s'être fait tiré dessus sur l'autoroute en Allemagne[19],[20], Deniz Naki est accusé d’avoir relayé un appel à manifester à Cologne en soutien aux YPG pour « apologie du terrorisme »[21]. La Fédération suspendu 3 ans 1/2 et le sanctionne en plus d’une amende de 58 000 euros[22],[23]. Sachant que toute suspension supérieure à trois ans équivaut en Turquie à un bannissement à vie. À la suite de cette suspension, il publie une longue déclaration où il annonce qu'il continuera «de réagir contre la persécution, l’injustice où que cela soit au monde. C’est mon droit humain et légitime.»[22]

Quelques semaines plus tard, en grève de la faim, il participait une action devant les Nations unies à Genève pour protester contre la situation dans le Kurdistan syrien[21]. Puis en visite sur le camp de réfugiés de Şehîd Rûstem Judi à Makhmur, qui accueille des Kurdes chassés de leurs terres par l’armée turque dans les années 1990[24].

En sélection[modifier | modifier le code]

Deniz Naki est sélectionné avec l'Allemagne depuis les moins de 19 ans et a été international allemand espoir.

Statistiques[modifier | modifier le code]

Saison Club Pays Championnat Coupes nationales Coupes continentales
2007-2008 TSV Bayer 04 Leverkusen Bundesliga - - -
2008-2009 TSV Bayer 04 Leverkusen Bundesliga - - -
Rot-Weiss Ahlen 2.Bundesliga 11 matchs / 4 buts - -
2009-2010 FC Sankt Pauli 2.Bundesliga 30 matchs / 7 buts 2 matchs / 2 buts -
2010-2011 FC Sankt Pauli Bundesliga 20 matchs / 1 but 1 match -
2011-2012 FC Sankt Pauli 2.Bundesliga 24 matchs / 1 but - -
2012-2013 SC Paderborn 07 2.Bundesliga 23 matchs / 2 buts - -*
2013-2014 Gençlerbirliği Spor Toto Süper Lig 0 matchs / 0 buts - -

Dernière mise à jour le 17 juillet 2013

Palmarès[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fiche de Deniz Naki », sur footballdatabase.eu
  2. « Turquie : le joueur kurde Deniz Naki suspendu à vie », sur La Grinta, (consulté le )
  3. « En Turquie, la région du Dersim résiste au « tout Erdogan » », La-Croix.com,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Erdal Gezik et Ahmet Kerim Gültekin, Kurdish Alevis and the Case of Dersim : Historical and Contemporary Insights, Lexington Books, (ISBN 978-1-4985-7549-2, lire en ligne)
  5. « FC Sankt Pauli, le club de foot antifasciste aux fans uniques en leur genre », sur Les Inrocks (consulté le )
  6. JGB, « Deniz Naki quitte son club après des attaques racistes », sur SoFoot.com,
  7. (en-US) « Deniz Naki: a political footballer whose life is under threat », sur Turkey from the Terraces (consulté le )
  8. (en-GB) Cagil Kasapoglu, « Turkey Kurds: The bitter politics of the football pitch », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Thomas Lecomte, « Le match que vous n'avez pas regardé : Amedspor-Sancaktepte », sur SoFoot.com,
  10. « Fiche de Deniz Naki », sur transfermarkt.fr
  11. « Le PKK revendique l'assassinat de deux policiers turcs », sur rts.ch, (consulté le )
  12. « Vaste offensive de l’armée turque contre les militants du PKK », sur RFI, (consulté le )
  13. Matthieu Gosse, « La vieille ville de Diyarbakir broyée et remodelée par la guerre », sur orientxxi.info, (consulté le )
  14. « Le retour de la « sale guerre » en Turquie », la-croix.com,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  15. Le Point magazine, « Turquie: Basaksehir se rêve en nouveau maître d'Istanbul », sur Le Point, (consulté le )
  16. Quentin Raverdy, « Turquie - Amedspor : le football au cœur de la guerre civile », sur Le Point, (consulté le )
  17. a et b « Après l'acquittement de Deniz Naki, footballeur », sur KEDISTAN, (consulté le )
  18. Un footballeur kurde condamné pour "propagande terroriste", 7sur7.be, 6 avril 2017
  19. « Un footballeur kurde fait l'objet d'une tentative de meurtre en Allemagne », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  20. Ouest-France avec agences, « Allemagne. Un footballeur kurde engagé visé par des coups de feu », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  21. a et b Antoine Harari, « Deniz Naki, du foot à une grève de la faim », letemps.ch,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  22. a et b « Déclaration de Deniz Naki d'Amedspor », sur KEDISTAN, (consulté le )
  23. « Le footballeur kurde Deniz Naki suspendu à vie », sur Le Soir, (consulté le )
  24. Kaf1, « Deniz Naki a visité le camp de réfugiés de Makhmur », sur Kurdistan au féminin, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]